Un papillon au pays des dragons.



Disclaimer : Tout est n’a moi, on ne touche pas, mais je pense que vous aurez comprit nan. Enfin, à moi et à Mandkora Malebolgia.

Rating : M (enfin, plus avant un moment)

Note : Un chapitre par mois, ça me semble bien nan ? Comment ça trop long ? Désolé, mais bon, c’est long de tout retaper (mais j’ai un nouveau logiciel qui écrit se que je dis, ça va être marrant) mais j’ai le bac etc. donc.. Je ne sais pas trop.

Voici donc le chapitre 8. Ça stagne un peu, je sais, mais ses moments là sont les clés de tout le reste, donc, j’essaie que ce soit le plus digeste possible, et j’espère réussir.

La fic liée est toujours dispo là.

http : // www. fictionpress. com/s/2605833/1/Le_Clan_des_Tigres

Et les dessins là :

http : // .com/ gallery/#Dragons-and-Tigers

Merci : Comme toujours, à Aceituna, ma pauvre petite Béta à qui je fais bien des misères. A Mandkora, ma coécriteuse, avec qui l’histoire est née. Aux gens bien sur, qui suivent la fic (dont les deux nouvelles, Cam1408 et Aijin-chan Puis un gros bisou à mon petit Maki, qui m’aide dans une période pleine de remous.





Chapitre 8





Le temps passa encore. La cohabitation n’était pas simple. Masato boudait une de nouveau dans son coin et ne montrait le bout de son nez que pour manger, et encore… Il n’avait vu Thomas que rarement et lui avait à chaque fois lancé des regards meurtriers. Saku essayait de parler au jeune homme mais il restait hermétique à toutes paroles, ne disant juste que des ‘allez-vous en’ ‘laissez-moi’… Pourtant, tous les soirs encore, il l’attendait pour se blottir dans ses bras. C’était à ne plus savoir ce qu’il pensait…

Aujourd’hui, c’était une journée tranquille, ensoleillée, et pour la première fois depuis longtemps, Sakuya n’était pas dehors mais bel et bien dans la maison. Il n’avait plus de nouvelles de son employeur mais il s’en fichait. Il alla frapper chez Masato et comme d’habitude, il fut reçu par un « Laissez-moi seul !! ». Seulement, cette fois, il ne l’écouta pas et entra dans la pièce.

« C’est ma chambre, je fais ce que je veux. » Déclara l’androgyne pour toute justification de cette intrusion. Il parcourut le lieu du regard et vit Masato contre la fenêtre, regardant dehors.

« Vous n’allez pas avec votre ‘Ami’ » Le dernier mot avait été lancé avec un certain venin.

« Pourquoi est-ce qu’il te dérange autant ? Il n’a rien fait. »

« … » Il n’obtint aucune réponse. Le prostitué soupira doucement.

« Masato-san… Dis-moi ce qui te dérange, sinon, on ne va pas s’en sortir… Ça te dérange tant que ça ? Pourquoi ? »

« Ça ne vous regarde pas. »

« Si, ça me regarde, car l’ambiance est absolument pitoyable et on est chez moi. »

« Cette maison appartient à ma famille. »

« Sauf qu’on me la prête bien gentiment donc… C’est chez moi » Le prostitué alla près de lui et s’assit juste à côté. Il posa sa main sur son épaule mais le métis se dégagea.

« Laissez-moi, je vous dis !! » Il se leva vivement et alla se mettre sur le lit. Sakuya le suivit et se mit en face de lui.

« Je n’aime pas te voir ainsi... Je préfère te voir sourire. Dis-moi, s’il te plaît… »

« Il… il vous a volé à moi… » Finit-il par murmurer.

« Oh... Je vois. »

« Ici, vous étiez toute à moi, vous ne vous occupiez que de moi, et maintenant, il n’y a plus que lui qui compte !! »

« Masato, calme-toi. » Il tenta de le prendre contre lui, mais il se dégagea encore.

« Non ! Je le déteste !! Je le déteste parce qu’il m’a volé votre présence !! » Il avait l’air réellement en colère et désespérément triste. Saku le reprit contre lui, le serrant plus fort cette fois, pour ne pas qu’il s’échappe.

« Chhhut calme toi... Je ne t’abandonne pas. Mais tu t’es éloigné tout seul. Je ne te laisse pas… » Le jeune métis se calma doucement mais s’accrocha à lui en pleurant.

« Ne…. Me laissez pas… Je vous en supplie… ne m’abandonnez pas...Pitié… pas… vous… »

« Masato, c’est bon… Je ne t’abandonnerai pas, jamais… Calme-toi. » Malgré ça, le jeune homme continua à pleurer doucement.

« Partez pas… Avec lui… Partez pas… » L’androgyne soupira et le berça doucement. « Vous… ne vous occupez... Plus de moi… »

« Mais puisque je te dis que c’est toi qui t’es éloigné… Je suis venu mais tu m’as ignoré. Maintenant, je reste là, on sortira comme avant, ne t’inquiètes pas. »

« Je… veux pas… sortir… Vous… allez... rencontrer encore… des gens… Que vous… allez héberger… et qui vous voleront… encore… et vous m’oublierez… toujours… »

« Mais non. On sortira tous les deux, tranquillement, on ne rencontrera personne susceptible de venir ici et on s’amusera bien, d’accord ? »

« ...Oui... d’accord…» Il avait cessé de pleurer et se redressa, essuyant ses yeux. « J’ai honte d’avoir pleuré ainsi. »

« Honte ? Pourquoi ça ? »

« Un homme ne devrait pas pleurer. Seules les femmes pleurent. Moi, je ne devrais pas. »

« Qui t’a dit ça ? » Demanda le prostitué en fronçant les sourcils.

« Yuki… son père… Mon… entraîneur… »

« Pardon ? Ton entraîneur ? »

« Oui… Mon… enfin… Il veut que je suive un entraînement intensif. »

« Mais quoi ? Comment ? Pourquoi ? »

« Peu importe. » Répliqua-t-il en se redressant, partant se passer de l’eau sur le visage dans la salle de bain.

« Masato… Tu fuis à chaque fois que l’on te parle de ton père ou de ce que tu fais là-bas. Pourquoi ? » Il se mit dans l’encadrement de la porte et regardait le jeune homme penché sur l’évier, s’aspergeant généreusement.

« Ça ne vous regarde pas. Je ne veux pas en parler, point final. » Il tâtonna pour trouver une serviette. Saku s’avança et lui en tendit une. « Merci »

« De rien. Mais, encore une fois, ça ne me regarde peut-être pas, mais tu es chez moi, et je refuse de subir ta mauvaise humeur continuellement. »

« Je suis rarement de mauvaise humeur quand même… » Il se mit face au prostitué, appuyé contre le bord du lavabo.

« Sauf quand on parle de ton père »

« Je vous ai dit que je ne voulais pas en parler, alors laissez-moi ! »

« Très bien, mais à partir de maintenant, j’aimerai que tu arrêtes de t’isoler comme tu le fais. »

« Je ne peux pas » Il jeta la serviette dans la baignoire et alla pour sortir. « Poussez-vous »

« Non, pas t’en que tu n’auras pas promis d’arrêter de vivre en ermite. »

« Je ne veux pas avoir affaire à cet homme. »

« Alors, pars de cette maison. J’ai dit que je resterai avec toi, mais pas non plus vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Si tu n’es pas d’accord, pars. » Il avait dit ça d’un ton sans appel. Masato n’en crut pas ses oreilles.

« Q… Quoi ? »

« Tu m’as très bien entendu. J’ai dit pars. »

« Vous… Vous me mettez à… la porte ? »

« Non, je ne dirais pas ça comme ça. Mais si c’est pour te voir tirer la tête, je ne veux pas te voir. Tant que tu ne l’accepteras pas, je ne te veux pas dans cette maison. »

« Je… » Masato se mordit la lèvre et se détourna de lui. « Très bien… » Et il partit sans dire un mot, bousculant un peu le prostitué, serrant le poing pour ne pas montrer ses émotions.

« Masato-sama ? Vous partez ? » L’interpella Thomas en sortant du salon, mangeant un onigiri.

« Ça ne vous regarde pas » Répliqua-t-il froidement sans même lui adresser un regard.

« C’est vrai… Mais je sais que c’est ma présence qui vous gène. »

« Bravo, vous avez fait de longues études pour savoir ça ? »

« Je ne veux pas que vous vous engueuliez avec Sakuya »

« Ohhh, c’est trooop gentil. » Dit-il avec mièvrerie. « Mais c’est trop tard. » Ajouta-t-il sarcastiquement, avec un sourire mauvais.

« J’en suis profondément désolé, sincèrement. »

« Je m’en fiche »

« Je pourrais faire quelque chose ? »

« Partez d’ici ! » ordonna-t-il avec une lueur d’espoir dans les yeux.

« … D’accord » Le tatoueur alla prendre son sac, fourrant ses affaires dedans. Seulement, au moment de sortir, il se heurta au maître de la demeure.

« Où vas-tu Thomas ? »

« Je par pour vous laisser tranquille tous les deux. »

« C’est lui qui est gêné, pas toi. Tu restes. »

« Mais… Saku… »

« Pas de mais ! Tu restes, il part, point. » Masato, qui jubilait une seconde plus tôt, avait largement déchanté. Il avait presque réussi à le mettre dehors mais non, il avait fallu qu’Elle s’en mêle, encore… Il lui jeta un regard noir et finit par partir. Saku soupira alors que Thomas se glissait derrière lui, passant ses bras autour de sa taille, lui permettant de s’appuyer. Ce qu’il fit d’ailleurs volontiers.

« Pourquoi tu as fait ça ? Je croyais que tu l’aimais bien ce petit. » Demanda l’européen.

« Oui… Mais ce n’est pas une vie d’être ici. Il a des parents. »

« Tu as vu qui ils étaient. »

« Oui… Mais il en a au moins… Qui s’inquiète... Il faut qu’il le réalise. »

« Tu es trop jeune pour penser ce genre de chose. Tu devrais plutôt penser à des soirées entre amis, ou n’importe quoi de… futile… pas au bien-être d’un gamin qui a à peine un an de moins que toi. » Saku leva les yeux vers lui.

« Oh, mais je pense à des choses totalement futiles. La mode, je couche un peu partout, etc… »

« Sakuya… » Il resserra sa prise de façon protectrice. « Se prostituer à quinze ans est loin d’être futile… » Il posa un baiser sur la joue de l’androgyne, mais celui-ci s’en détacha.

« Thomas, je t’ai dit de ne pas t’attacher à moi ainsi. » Il s’éloigna doucement. « Tu vas souffrir si tu t’accroches comme ça. » Il ouvrit la porte du salon, se retournant. « Et puis, il va revenir ce soir de toute façon. »

« Pourquoi ? Comment peux-tu le savoir ? »

« Parce qu’il n’est pas encore prêt à retourner chez lui. Je voulais qu’il réalise que ce n’est pas un petit roi auquel on obéit au doigt et à l’œil. »

« Tu es vraiment… spécial… » L’androgyne sourit à cette remarque.

« Merci » puis il disparut dans le salon en refermant la porte. Thomas se permit un petit sourire également, prit son sac et sortit.

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Masato arriva devant chez lui. Il regarda le portail longuement. Il n’avait nulle part où aller… Et il avait toujours quelques-unes de ses blessures. Il s’avança jusqu’à la grille.

« Vous pouvez m’ouvrir s’il vous plaît ? »

« Non. » Répondit le garde, impassible, sans même avoir jeté un coup d’œil sur lui. Masato sentit comme un vide dans son estomac.

« Pardon ? »

« Kawasaki-sama a interdit à tout le monde de vous ouvrir. »

« Quoi ? Mon père ne veut pas que je rentre chez moi ? »

« Non. Son propre père. »

« Comment ?! Il n’a pas le droit !!! »

« Il a tous les droits. » Le garde claqua la petite porte de la loge.

« A… Attendez ! Vous ne pouvez pas !! » Il frappa la porte du poing. « Tu me le paieras ! » Il continua à taper un long moment avant de s’arrêter, dépité. « Très bien… C’est ce que je cherchais de toute façon. Je m’en vais !!! Bon débarras !! » Il fit demi-tour avec dans l’idée de quitter le pays. Mais pour ça, il lui fallait de l’argent. Il alla donc à la banque dans l’idée de vider le compte que son père lui avait ouvert, mais on ne lui permit pas. Ils lui servirent comme excuse le fait qu’il n’était pas majeur, et que donc, il n’avait aucun droit. C’était stupide, il avait toujours pu. Normalement, rien que l’énonciation de son nom de famille lui ouvrait tout. Mais pas grave. Il se débrouillerait. Il était, à la base, un enfant de la campagne. Il pouvait trouver une solution, c’était dans ses gènes ! Il fit du stop pour se rendre jusqu’à l’aéroport. Il se mit donc au bord de la route et leva le pouce, marchant. Il eut de la chance en tombant rapidement sur un jeune cadre, qui l’emmena à destination sans problème. Après l’avoir remercié longuement, il alla directement vers le bureau de contrôle.

« Je veux qu’un des jets Kawasaki parte immédiatement. » Dit-il sans même frapper, déboulant dans la pièce. L’homme derrière le bureau marqua une minute de silence, considérant l’importun.

« Je vous demande pardon ? »

« Le jet de mon père, je veux qu’il décolle. »

« Heu... Et... vous êtes qui ? » Demanda-t-il doucement, ne voulant pas énerver le jeune homme qui avait l’air déjà... Dérangé...

« Si je vous dis que je veux les jets Kawasaki et particulièrement celui de mon père, c’est que je suis le fils Kawasaki !! »

« Ma... Masato Kawasaki... » Dit-il en palissant légèrement.

« Oui, Bravo... » Il était soudain très las.

« Oui je... Excusez-moi, je vous cherche ça. » Tout en parlant, il tapait sur son ordinateur en tremblant légèrement. Seulement, tel un virus, un panneau rouge apparut avec l’interdiction de laisser partir le jeune homme. L’employé pâlit de plus belle et leva les yeux vers le jeune homme qui attendait, remettant sa cravate pour essayer de se donner une contenance. « Et bien... J’ai le regret de vous dire que... ce n’est pas possible. »

« Comment ?!!!! » Il se pencha sur le bureau, plaquant ses mains sur le bois. L’homme se fit tout petit.

« Oui... Les... Tous les appareils sont... Utilisez ou en révision. »

« Quoi ? Mais nous avons des dizaines d'engins ! »

« Eh bien... Kawasaki-sama en a pris un et... Les autres sont... partis... »

« Trouvez en moi un ! ! »

« Non monsieur, je suis désolé, je ne peux pas »

« Montrez-moi votre écran ! »

« Pardon ? » Il tourna un peu plus l'écran vers lui et se figea.

« Je vois... » Il lâcha l'objet et tourna les talons, hors de lui mais terriblement calme. Il ne pouvait pas fuir. Il n'avait nulle part où aller... L'homme, qu'il aurait dû considérer comme son grand-père, ou même celui qui devait être son père l'avait rejeté... Tout en marchant, sa colère se dissipa et fit place à... de la tristesse. S'il avait été complètement conscient, il se serait étonné mais là, il était dans un autre monde. Il se sentait terriblement mal... Seul... Complètement seul... Même Sakuya l'avait abandonnée... Sans s'en rendre compte, il rentra en stop et s'arrêta dans un parc à Nagoya, se mettant sous un arbre, regardant le soleil se coucher. Il était perdu dans ses pensées... Il réfléchissait à où aller. Son seul refuge était la maison de la prostitué... Mais comment revenir après la crise qu'il avait fait... Et il ne pouvait pas vivre avec cet homme, ce Thomas... Exécrable, qui ne voulait que lui prendre la jeune femme. Il voyait parfaitement dans son jeu... Mais que pouvait-il faire ? Il allait devoir jouer les hypocrites... Il n'avait pas le choix. Il se redressa et s'étira. La nuit était tombée. Il ne s'était pas rendu compte du temps qu'il avait passé à penser. Il se mit donc en marche, les mains dans les poches. Sur sa route, comme par le plus grand des hasards, sachant qu'il était passé par le quartier, il croisa Sakuya, sortant d'un hôtel. Il s'approcha doucement et glissa sa main sur ses fesses.

« Mmh oui ? » L’androgyne avait légèrement gémi, plutôt sensible après ce qu'il avait fait avec son dernier client. Il se tourna et sourit. « Oh, bonsoir Masato ». L'interpellé n'avait pas bougé sa main de là où elle était. « Que fais-tu là ? Je suis désolé, mais je ne prends pas les petits jeunes moi. » C'était pas forcément vrai, mais pas forcément faux. Il acceptait selon la personne. Mais pour Masato c'était surtout pour cacher sa "masculinité".

« Oh, mais je ne veux pas de ça. » Dit-il en souriant, bien qu'il soit toujours en train de caresser ses fesses. « Je veux juste m'excuser »

« Ah oui ? Est-ce sincère ? »

« Bien sûr ! » Fit il semblant de s’offusquer. « Pourquoi ça ne le serait pas ? »

« Qui sait » murmura le prostitué en se mettant à marcher, suivi de près par Masato.

« Vous ne me pardonnez pas ? »

« Si tu savais au moins pourquoi tu t'excuses... »

« Mais je le sais ! ! » Il joua une nouvelle fois la comédie.

« Alors, dis-moi. »

« Et bien... Euh... » Il baissait les yeux. Sa stratégie tomba à l'eau. « Bon. Vous avez gagné. Je ne sais pas... Mais... »

« Mais ? Tu ne veux pas être seul ? »

« Non ! Je m'en fiche de ça, totalement » il mentait, mais c'était son orgueil qui parlait.

« Très bien... Comme tu veux. Tu peux retourner à la maison et je ne veux pas te voir tant que tu ne te seras pas excusé et que tu m'en aura dit les raisons»

« Mais... Je ne suis pas un gamin ! On dirait une punition d'enfants. »

« Réfléchis pourquoi. » Dit-il avec un léger sourire, se dirigeant vers un homme qui lui faisait signe.

« Sakuya ! Les clés ! Ne me laissez pas ! ! »

« Keiko est réveillée. » Il partit au bras de l'homme.

« Saku... » Il soupira. C'était déjà ça, il ne dormirait pas dehors. Il repartit en soupirant, se dirigeant d'un pas lent vers la maison.

Une fois arrivé, il sonna et ce fut bien évidemment la servante qui ouvrit.

« Oh, Masato-sama, je vous attendais plus tôt. » Elle s'effaça en souriant.

« A.. Attendiez ? » Demanda-t-il, étonné.

« Oui, la maîtresse avait prévenu de votre retour dans la soirée. »

« Ah... » Il était sur les fesses... Alors comme ça, elle avait anticipé son retour. Rien que pour ça, il voulut repartir, mais... Il voulait un endroit où dormir. « Bon je vais me reposer. » Ajouta-t-il un peu perdu dans ses pensées, se dirigeant vers la chambre du prostitué, là où il dormait normalement. Mais la voix de la jeune femme le stoppa. Elle semblait hésitante.

« Masato-sama... La maîtresse vous a donné une... Autre chambre... »

« Quoi ? Mais non ! Où ? » Plus qu'étonné, il avait espéré dormir avec Sakuya.

« Une des chambres d'amis plus... Plus loin... » Dit-elle un peu timidement en le conduisant à l'autre bout de la maison. « Voi... Voilà »

« Quoi ? Mais c'est totalement... Perdu ! ! Je suis loin de tout ! »

« Je... Je suis désolée... » Elle s'inclina et partit en reculant. Masato, énervé, entra dans la pièce. Elle était triste. Dépourvu de décoration. Il soupira. Il l'avait mérité non ? Il essaya de s’en persuader lorsqu'il alla se coucher, en silence, s'endormant seul...

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Encore une journée seul... Une journée de plus où il n'allait pas avoir le courage d'aller voir Sakuya, lui demander pardon, et surtout, comme l'androgyne l'avait dit, de savoir pourquoi. Mais... Il ne le savait pas du tout... C'était légitime ce qu'il demandait... Il voulait Sakuya pour lui, il était là le premier, et c'était le prostitué qui était venu le voir. Mais son hôte ne le comprenait apparemment pas... Il était désespéré. Il errait une nouvelle fois dans la maison, cherchant après une âme vivante, n'importe qui... Mais malheureusement pour lui, il tomba sur Thomas dans le sens littéral du terme. Il s'était pris le tatoueur de plein fouet, celui-ci courant en face de lui. Il se retrouva projeté au sol et grimaça de douleur, sentant la plaie sur son torse se rouvrir légèrement.

« Abruti ! Tu ne pouvais pas regarder où tu vas ? » Il mit sa main sur la blessure, se redressant. « Quel con... » Il regarda sa main légèrement rougie par son sang. « Merde ... » Il allait faire demi-tour quand on le retint. « Lâchez-moi, je vous interdis de me toucher ! » Thomas retira vivement sa main.

« Pardon... Mais vous avez l'air blessé... Je peux... Vous soigner, c'est ma faute si ça s’est rouvert... »

« Je ne veux pas que vous me touchiez ! ! »

« Ah bon... si vous arrivez à vous soigner seul... » Assez triste, il fit demi-tour. Rageur, Masato, lui, alla se réfugier dans la salle de bains la plus proche et la fouilla mettant tout par terre. Seulement, il ne trouve pas du tout son bonheur. À croire que le prostitué planquait le matériel médical. Et manque de chance, lui-même n’en avait pas. Il pesta sur l'absence de serviteurs. Où étaient-ils tous ? Il allait finalement devoir demander au Français, ce qui ne l’enchantait guère. Il se remit donc en quête de la seule âme qu'il y avait dans la maison, priant pour la trouver rapidement, sa blessure saignant et lui faisant affreusement mal. Il mit tout de même trente minutes à trouver son " bonheur" qui était en train de dessiner dans une pièce quelconque ressemblant à un petit salon de thé.

« Ils sont où les serviteurs ? » Pour les excuses, c'était loupé... Thomas sursauta.

« Euh ... Bah... Sakuya les a renvoyés pour la journée, pour qu'ils aient un peu de bon temps... »

«Elle est stupide » maugréa-t-il en cherchant comment parler plus gentiment. Il ramena ses mains sur lui, mal à l'aise. « Que... Pardon... Tout à l'heure... Mais... Je... » Il chercha une justification mais ne trouva rien. Le Français vint à son secours.

« La douleur vous a rendu nerveux c'est ça ? » Ce fut autour de Masato de lever la tête, surpris.

« Euh... Oui... Oui c'est ça... » Bégaya-t-il un peu étonné.

« Alors, vous êtes pardonné. » Ajouta le tatoueur en souriant.

« Euh... Merci. »

« Alors, que puis-je faire pour vous ? »

« Eh Bien... Vous ne sauriez pas où se trouve le matériel de soins par hasard ? »

« Non, désolé. Mais j'ai une bande, du désinfectant si vous voulez. »

« Oui... S'il vous plaît... »

« Vous me suivez ? »

« Euh... Oui... » Il se mordit une nouvelle fois la lèvre. Il mentait, honteusement, mais n'en avait même pas honte... Pourtant, l'homme aux dessins lui posaient de questions, et sans se soucier de ce qu'il avait pu lui dire. C'était assez déconcertant, il fallait l'avouer. Thomas entra dans sa chambre et lui montra un coussin pour s'asseoir.

« Je reviens. » Il partit dans la salle de bains et chercha ce dont il avait besoin. Pendant ce temps, Masato alla s'asseoir non sans mal, regardant la bande qu'il avait sur le torse. Elle continuait à rougir.

« Mais qu'est-ce... » Il allait crier qu'il se dépêche, mais sa voix se fana. Ne pas crier... S'il le faisait, il allait encore se faire engueuler et allait devoir encore rester seul pendant trop longtemps.

« Vous m'avez appelé ? » Demanda Tom en revenant avec une petite trousse.

« Euh... Non. Non je criais... Parce que j'ai mal... P.... P ... Pardon. »

« Ah... Très bien. Déshabillez-vous s'il vous plaît. » Masato rougit légèrement.

« D'accord. » Il avait honte de se déshabiller devant plus âgé. Il enleva sa chemise totalement, laissant apparaître son corps halé mais surtout, ses cicatrices... Hormis celles récentes, il y avait toutes celles qu'il avait eues durant sa jeunesse, après son adoption... Il baissa les yeux, réellement gêné. Thomas ne dit rien, se contentant d'observer en silence, se disant qu'il était bien malheureux pour un enfant de 15 ans d'avoir déjà tant de marques... C'était anormal. Thomas commença à enlever la large bande qui barrait tout son torse et se mit à genoux devant lui, prenant un coton imbibé de désinfectant et commença à le nettoyer convenablement. Masato serra les dents, ne disant rien, même pas lorsqu'il recousu les deux petits points qui avaient sauté. Il mit ensuite une bande propre, pansant la plaie doucement.

« Je vais nettoyer les autres coupures aussi d’accord ? »

« Au point où j'en suis... »

« Bien. » Il commença donc à enlever les quelques petits pansements qui parsemaient son corps. Il refit les mêmes mouvements que pour son torse, puis nettoya les quelques blessures qui n'avaient pas besoin de protections. Au bout d'un petit quart d'heure, il commença à tout ranger.

« Voilà, c'est fini. » Il alla tout jeter.

« Merci. » Murmura le jeune en mettant en boule sa chemise sale. Il se baladerait torse nu. Il resta cependant assis longtemps alors que Thomas n'était pas là. Il avait apprécié les mains sur lui. C'était de la chaleur. La chaleur humaine, celle qui lui manquait cruellement, celle dont Sakuya le privait délibérément... Mais jamais il n'avouerait qu'il avait besoin de la présence de quelqu’un. Il devait partir, pourtant, il ne voulait pas. Il était partagé entre le désir et le devoir. Il devait haïr cet homme, il devait le haïr pour ce qu'il était, ce qui l'avait fait. Alors qu'il était perdu dans ses pensées, il n'entendit pas Thomas revenir. Celui-ci se mit devant lui, le regardant de sa hauteur.

« Hum, hum. » Il toussa légèrement pour le sortir de sa torpeur. Masato sursauta et leva les yeux vers lui.

« Quoi ? ! » Il le fusilla du regard.

« Eh bien ... c'est ma chambre... Je vais en sortir... » Il avait dans les mains du matériel de dessins, quelques pinceaux, des feuilles, des crayons, etc...

« Et alors ? ! »

« Vous vous ... devez sortir... » Il parlait doucement, gentiment.

« Pourquoi ! Je fais ce que je veux ! N’avez pas d'ordres à me donner chez moi ! » Il était sur la défensive, prêt à mordre.

« Vous êtes... chez Sakuya. » Murmura-t-il de peur de se faire agresser.

« Ah... » Le jeune homme détourna les yeux. « Oui... » Il se leva en silence et sortit, récupérant sa chemise au passage. Thomas soupira, se disant que ce pauvre garçon allait rester seul encore un long moment avec cette attitude. Il alla se mettre dans le salon, se posant sur la table pour travailler ses dessins et son art. Seulement, il ne se rendait pas compte que Masato l'observait discrètement jusqu'à ce qu'il ait fini.

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Cela dura plusieurs jours. Il le regardait en cachette... Ce ne fut qu'au bout d'une semaine qu'il décida d'entrer dans la pièce. Il alla simplement s'asseoir en face de lui, ne le regardant pas, seulement ses mains et ses dessins. Le temps passa. Saku n'avait toujours pas montré le bout de son nez. Les deux hommes étaient entrés dans une sorte d'entente. Thomas dessinait, Masato regardait. Peu de mots étaient échangés. Parfois, le plus jeune posait des questions sur un dessin et Thomas y répondait volontiers. Mais ce temps passé ensemble avait permis au métis de réfléchir. Il fallait avouer, il avait beaucoup fait. Il avait fini par comprendre ce que Saku avait voulu dire. Seulement, il fallait qu'il la trouve. Après plusieurs recherches infructueuses en ville, dans les bars, etc... Il la repéra dans un parc, assis sur un banc, à fumer tranquillement. Masato s'approcha d’elle et lui enlevant son joint, l’écrasant.

« Tiens tiens, Masato, ça faisait longtemps. Aurais-tu oublié ce que j'ai dit ? » Le fils Kawasaki s’assit à côté de lui et comprit pourquoi il s'était mis ici. Il y avait une magnifique vue sur le coucher de soleil.

« Non, je n'ai pas oublié... »

« Donc, tu peux repartir, à moins que tu aies quelque chose à me dire. »

« Oui ... pardon... »

« Je t'ai déjà dit que ça ne suffisait pas. »

« Laissez-moi finir. Pardon... D'avoir été si égoïste... D'avoir joué les enfants gâtés... D'avoir donné des ordres... Je n'en avais pas le droit... Il a tout aussi le droit, voire plus que moi d'être chez vous mais... Je ne supporte pas... D'être seul... » Il murmura cette dernière phrase, comme s'il ne voulait pas que ça se sache. Saku avait écouté attentivement, un sourire éclairant son visage au fur et à mesure qu'il parlait. Il se leva finalement, allant récupérer son joint par terre et le ralluma.

« Bien... Tu as enfin compris... » Il souffla doucement. « Allez, on rentre. » Et il partit. Masato leva les yeux, étonné.

« Ça veut dire que je peux dormir avec vous ? »

« Bien sûr. » Le jeune homme en sauta presque de joie et suivit le prostitué, tout content.

À suivre.