Kiss the Moon


Rating : K+
Genre : OS / Originale / Surnaturel
Auteur : Jijisub ©

L'histoire d'un amour obsessionnel... Celui de Maïdje pour Kyohei.




Je m'appelle Kyohei Hayakawa et j'ai vingt-huit ans. Je vis dans une petite ville bien tranquille du Sud du Japon. Ma profession ? Je suis artiste peintre. Pour certain, je me suis implanté dans cette région de campagne reculée parce ce que je suis un artiste et que mon environnement doit être verdoyant pour m'inspirer. Le calme et la sérénité des lieux devant m'aider à trouver l'inspiration...  Ca, c'est la version officielle !

 

En fait, il n'en ai rien... Je suis originaire de la ville de Kyoto et j'ai toujours été un enfant du bitume. Fils d'une actrice présentatrice télé vedette et d'un père pilote, j'ai eu tout ce dont j'avais besoin sauf... d'affection. Une mère absorbée par son travail et rentrant à des horaires impossibles et un père absent la plupart du temps. Je me suis réfugié dans ma chambre, comme s'il s'agissait d'un autre univers, mon antre, ma caverne, mon sérail. Tout ça pour dire que j'ai l'habitude d'être seul, dans un monde qui n'appartient qu'à moi. Donc, l'inutilité de la campagne...

 

Non... ce pourquoi j'ai du fuir mon monde, c'est parce ce que je fus aimé. Cela peut paraître incroyable aux yeux de certains... choquant pour d'autres... Pourquoi fuir ou se cacher alors que l'on se sait aimer ? Pourquoi ?

 

Je me lève lentement et je m'approche de la grande ouverture que le shoji m'offrait pour rejoindre la terrasse en bois. M'asseyant sur le bord de cette dernière, je posais doucement mes jambes sur le sol sans un bruit. Mon odorat capta au loin l'odeur de la forêt. La chaleur du soleil, faisait remonter les odeurs de terre chaude, presque cuite et mon oreille capta les moindre mouvement furtifs des animaux ou des insectes. L'odeur et les bruits sont agréables ici.

 

Je fais glisser le haut de mon kimono pour laisser mon buste se faire caresser par les caresses ardentes de l'astre du jour. Je ferme mes yeux et mes pensées s'enfuient tel un vol d'hirondelles par une fin d'été. Mes mains caressent ma peau et cette dernière par la douceur de ce geste se recroquevilla. Un doux soupir s'échappa de mes lèvres et le visage de celui qui m'aima apparu tel un fantôme derrière mes paupières clauses. Clarence... ou plutôt... Maïdje dans sa meute...

 

Nous nous sommes rencontrés accidentellement dans un métro. Toi, tu essayais de comprendre les kenji pour te rendre à ton rendez-vous et moi perdu pour la première fois de ma vue dans ce boyau sombre et grouillant. J'avais l'impression ce jour-là d'être entré dans une fourmilière qui m'emportait malgré moi vers les entrailles de l'enfer.

 

Avec le recul, je me demande finalement, s'il s'agissait vraiment d'un accident. J'ai été saisi par la beauté de tes yeux. J'ai frissonné sous leurs caresses chaleureuses. L'intensité de ton regard, la profondeur et l'intelligence que je pouvais y lire m'avait laissé suffoqué. Je n'ai vu que tes yeux... Le reste de ta physionomie, je ne l'ai aperçu que bien plus tard, pauvre victime que j'étais sous ton charme.

 

Maïdje... je me permets depuis bien longtemps de t'appeler par ton nom... J'avais réussi à oublier tout de toi jusqu'à aujourd'hui... voir à nier ton existence pour mieux me protéger. Je tremble encore en songeant à ce coup de fil. Tu as réussit à trouver ma trace... et tu utilises des intermédiaires pour m'atteindre. Pourtant, je refuse que nos chemins se croisent à nouveau. J'ai eu très mal... et même à ce jour, je suis bien incapable de te faire face.

 

Qui pourrait m'en vouloir ? Après tout, nous n'étions que des amis... mais toi... tu me considérais plus que cela. A cause de toi, je ne peux plus avoir une existence normale. Il m'est impossible d'ignorer les nouveaux instincts qui petit à petit grignotent ma raison. J'ai du me réfugier, me cacher dans les fins-fonds d'une forêt pour pouvoir me libérer et éviter tout drame inutile.

 

Je te déteste Maïdje. Mon corps se transforme et personne ne peut calmer ce feu intérieur qui me consume. Pourquoi a t'il fallu que tu m'aimes... au-delà de ta propre raison. Tu as fait de moi un loup, un monstre, une horreur faisant partit d'un folklore improbable. Lorsque j'ai compris ce que tu m'avais fait, il était trop tard. J'étais devenu un loup-garou, un parmi tant d'autres, je l'ai su dernièrement... Comme j'ai appris qu'il y avait trois façons d'être ce que nous sommes. Soit parce ce que l'un des parents en est un, soit par une morsure un soir de pleine lune ou bien... par un amour absolu par un chef de meute.

 

Je pensais que tu m'avais mordu. Je me souviens de cette horrible cicatrice que j'avais sur le bras. Sur le coup, je n'avais plus souvenance de la provenance de cette dernière. Mon amnésie envolée, je me rappelais avoir eu un étourdissement sur un chantier de construction. Mon bras avait été saisi par une machine outil et avait laissé son empreinte au passage. J'ai toujours cette vilaine cicatrice...

 

Non toi... en fait, tu n'as fait que m'aimer silencieusement, intensément durant ces quelques semaines où nous nous sommes côtoyés. Mais voilà, les odeurs, les bruits, les sentiments des gens qui m'entourent familiers ou étrangers m'étourdissent au point de ne plus supporter la moindre compagnie. Maidje... Comment fais-tu pour vivre entouré comme tu le fais ? Pourquoi je dois vivre comme un exilé ? Maidje... je te déteste de ne pas m'avoir laissé le choix.

 

Un rire silencieux parcouru mon être. Je replace l'étoffe sur moi et je finis par m'allonger sur la surface plane parfaitement ciré, les yeux perdus sur le terrain caillouteux qui mène vers la forêt.

 

Ainsi, après dix ans... tu as retrouvé ma trace ? Où tu n'en ai pas loin... Que dois-je faire ? Te fuir ? Rester ? Je n'ai pas envie de fuir, mais pas envie de rester non plus. Rester serait te rencontrer et comment veux-tu que je te confronte sans avoir mon propre libre arbitre ? Car être aimé de toi, c'est perdre toute raison, être l'esclave de ses sentiments. J'ai réussi à te fuir une fois pourrais-je t'échapper une seconde ?

 

Je retourne à mon atelier. J'ai une commande à respecter et lorsque je rentre dans la pénombre de la pièce faiblement éclairée, se sont tes yeux jaunes que j'ai peins. Pas la couleur qu'ils ont quand tu es Clarence Blackberries... non, ceux de Maïdje hypnotique, chaud, sensuel et prédateur.

 

Je n'y faisais plus attention depuis le temps mais ce coup de fil me fait prendre conscience que tu es là à l'affût dans ma tête, prêt à recouvrir ton territoire. Je ferme la porte de mon esprit et je prends mes pinceaux. Je les trempe dans la terébantine, l'odeur à le même effet sur moi que celui de l'alcool fort. Puis, j'éclabousse mes peignes de peintures chatoyantes et, ma raison me quitte pour laisser libre court à mes instincts. Oubliant ta voix grave, ton odeur animale et sublime, tes yeux qui me font perdre la tête et ta beauté sulfureuse. Je sais au fond de mon cœur, que si nous nous rencontrions à nouveau un jour... je resterai à tes côtés pour l'éternité.