Chapitre 2



Sylvius tritura nerveusement les clous de son collier. Une vive secousse sur la laisse attachée à celui-ci le ramena à la réalité et l’incita à suivre son maître qui s’était remis en route.

"Eh bien, petit, tu as l’air nerveux." Dit Kraven avec un ton doux qui contrastait nettement avec son attitude, toute de domination. Sylvius rougit et hocha la tête à l’adresse de son maître, sans lever le regard.

Les deux vampires marchaient dans la nuit glaciale, le vent leur fouettait le visage, faisait voler le manteau et les cheveux d’un noir de jais de Kraven. Sylvius, ses cheveux blond coiffés en pics, avait les joues rougies par le vent autant que par la remarque impromptue de Kraven. En effet il était nerveux, il avait peur même, depuis deux semaines qu’il était devenu vampire, c’était la première fois que son maître l’emmenait au « manoir », l’endroit où tous les enfants de la nuit de la ville vivaient ensemble. Depuis ces deux semaines, ils avaient vécu tous les deux dans son petit studio et Sylvius ne s’en portait pas plus mal. La veille au soir, son maître l’avait âpreté, lui avait maquillé les yeux d’un trait noir, lui avait mis un nouveau piercing à l’arcade sourcilière, son plus beau collier, celui en cuir avec les clous, et une laisse toute neuve, en cuir elle aussi.

"Tu es vraiment apetissant comme ça." Dit Kraven en observant son œuvre

"Merci, maître". Répondit l’intéressé avec un petit sourire en coin, devinant la suite des évènements. Kraven l’attrapa par la nuque et l’embrassa fougueusement, léchant amoureusement les dents aiguës de son esclave.

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Le cœur de Sylvius battait de plus en plus vite à mesure qu’ils s’approchaient de la haute bâtisse à l’écart de la ville. Arrivés devant la haute porte de bois à double battant, Kraven l’ouvrit sans effort apparent et les deux compagnons entrèrent. Ils suivirent une enfilade de couloirs décorés à l’ancienne, avec de moelleux tapis, et arrivèrent dans une salle très haute de plafond avec de grandes fenêtres masquées de lourds rideaux de velours noir. La lumière venait de lustres qui pendaient à plusieurs mètres au-dessus de la tête de Sylvius. La salle était parsemée de fauteuils de cuirs, réunis en cercles plus ou moins parfaits éparpillés dans la pièce. Et, assises dans ces fauteuils, discutant ou somnolant, se trouvaient des dizaines de femmes, toutes plus belles les une que les autres. A l’arrivé des deux hommes, la plupart levèrent la tête et plusieurs vinrent accueillir Kraven.

"Bonsoir, les sirènes."

Les vampires s’étaient approchées de Sylvius et l’observaient à présent comme une bête curieuse. L’une d’elles caressa le visage juvénile de ses doigts fins, ce qui provoqua un frisson d’effrois chez le garçon.

"Il est mignon ton nouveau chien, Kraven, tu me le prêteras ?"

"Pas touche Filycia, il est à moi et je me le garde, va t’en trouver un toi-même."

La dénommée Filycia fit une moue boudeuse et s’en fut vers le fauteuil le plus éloigné de Kraven qui ne s’en formalisa pas. Sylvius éprouva une gratitude sans limite pour son maître qui ne l’avait pas laissé dans les griffes de cette banshee. Il le remercierait plus tard, quand ils seraient seuls. Kraven, après avoir salué les vampires qui venaient le voir, s’avança vers le fond de la salle, et plus précisément vers l’escalier qui montait dans les étages.

"Tu ne restes pas jouer avec nous, Kraven ?" Demanda une jeune fille, apparemment déçue.

"Et non, tu le sais bien pourtant, que je n’aime pas ce genre de jeux."

"Oui mais on peut bien espérer. Tu me préviendras dès que tu te mettras à aimer les femmes."

"Ca, ça m’étonnerait, ça fait des siècles que je préfère jouer avec les garçons…"

Avec un signe de main pour la jeune fille dépitée, les deux compagnons se mirent à gravir les marches. Il pénétrèrent ensuite dans une bibliothèque, elle aussi parsemée de fauteuils de cuir, mais dans ceux ci se trouvaient exclusivement des hommes, qui accueillirent Kraven avec des sourires étincelants. Certains se levèrent et vinrent embrasser Kraven sur les lèvres pour lui souhaiter la bienvenue. Comme les femmes à l’étage au-dessous, ils se mirent bien vite à observer Sylvius et à le caresser gentiment, comme un petit animal bien sage. Contrairement aux doigts de Filycia qui l’avaient effrayé, ceux-ci étaient doux, et procuraient à Sylvius un intense bien-être. Une fois les retrouvailles terminées, tous les vampires retournèrent à leurs fauteuils, sauf un qui resta en tête-à-tête avec Kraven et son esclave. Ses cheveux bruns tombaient en cascades sur ses épaules et de petites lunettes rectangulaires rehaussaient l’éclat de ses yeux verts. La vue de cet homme si beau avait provoqué un vif émoi chez Sylvius et il ne rêvait que du moment ou son maître lui ôterait sa laisse, car il savait que ce geste signifiait qu’il était autorisé à faire n’importe quoi, et à flirter avec n’importe qui. Mais apparemment ce serait inutile vu que la main de l’inconnu s’était déjà glissée dans le cou du garçon et lui grattait nonchalamment la nuque, pendant qu’il discutait avec Kraven. Sylvius avait fermé les yeux et savourait cette douce caresse, prenant son rôle de petit chien docile on ne peut plus au sérieux. Il resta un moment là à apprécier les grattouillis de l’inconnu et ne se rendit pas tout de suite compte que les deux vampires s’étaient tus et le regardaient.

"Alors Blake, comment trouves-tu mon nouveau chien ?"

"Très mignon, je vois que tu as toujours aussi bon goût, tu me laisserais jouer un peu avec lui ?"

"Bien sûr, tu veux Sylvius ?"

L’intéressé hocha vivement la tête et vit avec bonheur la main son maître s’approcher du mousqueton de sa laisse. Quand celui-ci se décrocha, Sylvius passa en un éclair du statut de petit chien docile à celui de bête féroce. Il émanait de lui une aura de lubricité bestiale et son regard de totale soumission envers son maître était maintenant animé d’un désir sauvage de sauter sur le dénommé Blake. Une flamme bleue semblait brûler dans ses yeux quand il s’approcha de sa victime d’un pas lent, félin. Sa main se glissa sous la chemise du vampire tandis qu’il l’embrassait tendrement. Il le poussa sur un fauteuil proche et s’assit sur ses genoux, face à lui. Il déboutonna fébrilement sa chemise, tandis que sa bouche se glissait dans son cou, sur son oreille, inconscient des autres vampires qui s’étaient tus pour observer leurs ébats. La chemise de Blake tomba au sol dans un bruit soyeux et Sylvius descendit le long de son torse, laissant une traînée humide et brûlante sur la peau glacée. Il s’arrêta sur un téton durci par le désir et l’embrassa, le lécha, le fit rouler entre ses dents, arrachant des gémissements de plus en plus forts au vampire. Il descendit du fauteuil et s’agenouilla entre les jambes de son nouvel amant. Sa langue glissa sur la peau blanche, de plus en plus bas. Il arracha d’un coup de dents le bouton du pantalon et le fit glisser aux genoux de Blake. Il observa l’objet de toutes ses convoitises au travers du dernier rempart de tissu, tendu à l’extrême, qu’il envoya bientôt rejoindre le pantalon. Il se lécha ostensiblement les lèvres, savourant par avance la friandise qu’il s’apprêtait à goûter. Sa langue se glissa dans l’entrecuisse du vampire puis remonta lentement le long de son nouveau jouet. Blake, dont la main s’était remise à gratter la nuque de Sylvius, savourait les coups de langue experts sur sa virilité et ne mit pas longtemps à atteindre le point de non-retour dans un râle. Sylvius but jusqu’à la dernière goutte du précieux nectar, sans en perdre une seule sur le fauteuil.

"Sylvius !"

L’intéressé se retourna vivement, la bouche encore pleine, en entendant la voix de son maître.

"Viens me faire goûter."

Sylvius laissa là son amant terrassé par le plaisir et vint embrasser Kraven, comme il le lui avait demandé.

"Mmmh…tu as toujours aussi bon goût, Blake."

Blake, les lunettes de travers, esquissa un faible sourire de remerciements à Kraven, sous les regards amusés des autres vampires qui avaient repris leurs discussions à la fin du spectacle. Quand il eut fini de se rhabiller, Blake se rapprocha de Kraven qui s’était assis et se plaça à coté de lui.

"Toutes ces émotions m’ont donné soif, si on sortait ? La nuit est encore jeune…"

Les trois vampires sortirent alors du manoir et se dirigèrent vers la boite préférée de Sylvius, là ou sa vie avait changé, deux semaines plus tôt, ou plutôt, là ou elle s’était terminée. Kraven et Blake s’assirent au bar et suivirent des yeux Sylvius, parti se trémousser sur la piste

"Vraiment apetissant ce petit…"

"Tu as encore envie de lui ? Calmes toi Blakounet, il est à moi tout de même."

Blake, déçu, fit la moue.

"T’inquiètes pas, je te laisserais encore jouer avec lui, mais la prochaine fois, ne m’évincez pas."

Blake sourit et embrassa tendrement son ami, avec un clin d’œil.

"Regardes, mon petit chien de chasse a déjà trouvé du gibier."

En effet, Sylvius dansait désormais avec deux jeunes hommes, glissant nonchalamment ses doigts sur leurs visages, dans leurs cheveux. Les deux garçons avaient l’air hypnotisé par Sylvius et s’approchaient de plus en plus de lui, jusqu’à ce qu’il puisse leur murmurer quelque chose, tout en leur léchant et mordillant les oreilles. Sylvius ramena ses deux proies à son maître, un grand sourire aux lèvres. Les deux vampires se présentèrent aux garçons qui les suivirent sans rechigner quand ils leur proposèrent de sortir vers un endroit plus calme. Kraven et Blake attrapèrent chacun la main d’un garçon et les entraînèrent dans la ruelle sombre derrière la boite, là ou, deux semaines plus tôt, Kraven avait changé la vie de Sylvius. Ils arrachèrent les vêtements des garçons et les embrassèrent, faisant bouillir les sangs des jeunes hommes. Au bout d’un moment de ce traitement, les vampires, d’un commun accord, enfoncèrent de concert leurs canines aiguës dans les cous des garçons. Leur soif apaisée, ils égorgèrent les garçons avant qu’ils ne se transforment, pour ne pas avoir deux nouveaux vampires sur les bras avant de s’être amusé avec le premier. Ils retournèrent dans le studio de Sylvius, afin d’être un peu seuls tous les trois. Arrivés dans le petit appartement, ils se firent couler un bain et se glissèrent voluptueusement dans l’eau brûlante. Sylvius se lova entre les bras de Blake, face à Kraven, et se laissa bercer par les conversations de ses deux amants, appréciant les caresses de Blake sur ses cuisses. Il sortit de cet état de demi-sommeil quand la voix de son maître l’appela au travers des brumes de la somnolence.

"Sylvius, vient me laver."

Il sortit à regret des bras de Blake et s’approcha de Kraven, un sourire d’envie posé sur ses lèvres. Il prit le gant et se mit à frotter sensuellement le torse de son maître puis se serra contre lui pour lui frotter le dos, tout en savourant les baisers et les petites morsures qui se posaient sur son cou. Puis, tout en l’embrassant sur le torse, il descendit et se mit à frotter les jambes de son maître. Quand il eut terminé, Blake était totalement jaloux et demanda à Sylvius de le laver aussi, ce qu’il s’empressa de faire. Sa besogne terminée, Sylvius se blottit à nouveau dans les bras de Blake, savourant la sensation de l’eau chaude et du contact de la peau nue de son amant contre lui. Les mains de Blake couraient toujours sur le corps du garçon, sous l’eau fumante. Les caresses se firent de plus en plus précises et Sylvius se mit bientôt à pousser de petits gémissements.