"Corps et âme"



Avertissements, notes :


Attention, cette fiction risque de contenir des scènes explicites. Merci donc de ne pas la lire ou de sauter ces passages si cela peut vous choquer.


Le contenu est mis à disposition pour que vous puissiez le lire, vous distraire. Merci de ne pas le piller ! Respectez l'auteur (à savoir moi...)




Résumé :


Un jeune homme japonais étudiant à l’étranger et issu de famille mafieuse se voit obligé de revenir au domicile famillial après huit ans, suite à un événement inattendu.



Chapitrage :


Aucun. Cinq parties selon toutes probabilités, voilà tout.





Corps et âme



La pluie... l’entendre tomber avec une telle puissance me rappelle ce jour... ce jour maudit... Je peux encore la sentir dégouliner sur mon corps alors transi par le froid, frigorifié. Ce jour là, elle cachait mes larmes, tout en couvrant le son de son murmure, que je compris pourtant sans même l’entendre... Redis le moi encore...


« Corps et âme »




*~*°*~*


Depuis tout petit, j’avait toujour eu une certaine chance. Une famille riche et respectée, bien qu’aux activités douteuses, des serviteurs, et surtout ce que mon frère aîné n’avait pas : la possibilité de choisir ma propre voie, d’être libre de faire ce que je voulais. N’ayant pas à hériter du business famillial, je pouvais ainsi jouer avec les domestiques, prendre du bon temps. Je n’avais pas à faire un rapport sur chacune de mes actions en fin de semaine. Mon père étant mort alors que je n’avais que quelques années, ce fut donc mon grand père qui veilla sur notre éducation, à moi et mes deux autres frères. Celle de Yoru fut ainsi stricte, la mienne et celle de Kira furent bien plus douce. A onze ans, alors que je devais entrer au collège, je fus envoyé à l’étranger pour diverses raisons, mais surtout parce que c’était mon bon vouloir ; je fis mes années de collège en angleterre, et le lycée en France, car je voulais connaître ce pays. La culture européenne était très intéressante, et j’avais la chance d’être dans de très bonnes écoles puisque ma famille en avait les moyens. Ainsi, ma vie étudiante, bien que loin de ceux que je connaissais étant petit, fut un véritable plaisir. Je revoyais néanmoins quelques membres de ma famille qui venaient occasionnellement me donner des nouvelles en personne, ou faisaient le détour pour me voir. Mais tout se bouscula lorsque j’obtins brillamment mon diplôme, alors que j’appelais mon grand père pour lui apprendre la nouvelle. Alors que je comptais discuter avec lui de mes projets d’avenir, la conversation tourna vide : il fallait que je rentre. Maintenant.


Ainsi, j’avais dix neuf ans, et je rentrais dans mon pays natal, en un jour funeste : c’était la veillée pour Yoru. Alors que j’arrivais habillé de noir, les yeux fatigués d’avoir loupé toute une nuit, pendant laquelle je ne pouvais penser à autre chose qu’à ma propre et égoïste vie, je fus accueilli par une demi-douzaine d’hommes de main, des étrangers pour moi. Escorté jusqu’à la demeure familliale, je pus enfin y voir mon grand père en personne. Ses traits n’avaient pas changés, mais ses rides semblaient s’être creusées encore plus profondément. Nous n’étions pas seuls, comme je l’avais pensé : il y avait là Kira et mon oncle Raito, chacun avec leur garde du corps, ainsi que trois autres personnes. Alors que je saluais l’assemblée, on me parla en ces termes :


- Kazuki. Ton frère est mort, tu le sais. Mais ce que tu ignores, c’est qu’il s’est fait tuer par les Okide. Ainsi, pour ta sécurité, tu n’auras plus le droit de rester seul, sans gardes expérimentés à tes côtés.


- Par cette mort, tu deviens officiellement l’héritier de la famille, et tu devras donc t’y consacrer entièrement, comme tes prédécesseurs avant toi.


Voilà. C’était dit. Je n’avais plus d’avenir à moi, plus de projets possibles... Plus même la possibilité de rester seul un moment... Devais-je haïr mon frère pour s’être fait abattre, ou le remercier pour m’avoir permis un rêve, une enfance plus clémente ?... Mon cœur était tiraillé entre colère et peine.


Aussitôt après la réunion, grand père avait chargé un homme de main de me conduire dans la petite cour de derrière, où les gardes du corps attendaient de prendre leurrs fonctions. Quand j’arrivais, ils étaient trois, bien rangé en ligne, le dos droit, mains derrière le dos. On me les présenta :


- Voici Dai, Goro, et Aki.


Les deux premiers avaient une trentaine d’année et le dernier semblait plus jeune. Ils avaient tous un air famillier, je les avais probablement déjà vu étant petit alors que je vivais encore ici, mais sans y prêter vraiment attention. Je ne les regardais que vaguement, avec un air probablement peu avenant, mais je ne pouvais rien faire contre cette décision, je devrais faire avec ces trois hommes sans cesse collés à moi. Cependant, je relevais le regard au dernier nom, un doute s’insinuant en mon esprit en l’entendant résonner.


- Ne faites pas attention à eux, ils sont là pour vous protéger uniquement, rien d’autre. Sur ce, je vous laisse à vos affaires.


Oui, bien sûr. Comment avais-je fait pour ne pas le reconnaître du premier coup d’œil ? Mes yeux étaient à présent rivés sur le visage du plus jeune garde. Croisant son regard, je baissais le mien, et tournais le dos aux trois hommes pour rejoindre ma chambre, sachant pertinamment qu’ils resteraient sur mes talons. Cependant, ils n’entrèrent pas dans la pièce, se contentant de se dispatcher autour, deux à l’extérieur et un devant la porte. L’image du Aki mûr repassa devant mes yeux. Grand et sûr de lui, il était devenu si différent du jeune garçon que j’avais connu, alors que sa mère me servait de nourrice... Cependant, moi aussi j’avais bien changé. Je ne pus m’empêcher de me regarder dans le miroir, en songeant au moi qui, gamin, trainait avec les domestiques. Observant mes cheveux, devenus longs et sombres, je me demandais si ce garde m’avait lui aussi reconnu, malgré mon visage affiné et ma stature. Secouant la tête, je me rappelais l’évidence : on n’oublie pas son jeune maître. Même si je savais qu’à présent plus personne ne me considérerais de la même façon que lorsque j’étais plus jeune..


Le lendemain, je me fis réveiller à une heure raisonnable, par une femme qui m’apportait mon petit déjeuner, escortée de celui qui se prénommait Dai. Un peu plus tard, je rencontrais nouveau mon frère, avec qui je discutais un peu, sans oser parler de mes anciens projets d’avenir. J’avais peur qu’il m’en veuille de devenir le nouvel héritier, moi qui était parti à l’étranger, alors que lui était toujours resté avec le reste de la famille. Mais quoi qu’il en soit, nous savions tous deux que nous n’y pouvions rien, car les traditions ancestrales étaient toujours en vigueur ici, et le seraient sûrement encore longtemps. Les journées passèrent, se ressemblant toutes. Toujours escorté, je recevais des cours qui visaient à me remettre dans les affaires de la famille, auxquelles je ne m’étais jamais réellement intéressé. Silencieux, je faisais preuve de patience, et ingurgitais ce qu’on me demandais de retenir.


Une nuit, alors que je n’arrivais pas à dormir, je me souviens que j’avais rallumé la lumière, et sortit les dépliants des écoles auxquelles je comptais postuler. Rêveur, je les avais relu en soupirant, sortant soudainement de mes pensées en entendant la porte coulisser. Aki se tenait là, arme au point, allerté par la lumière. Ainsi, les gardes du corps faisaient même des rondes de nuit... Je l’avais alors invité à rester dans ma chambre plutôt que dans le couloir jusqu’à ce que sa relève soit prise. Nous n’avions pas échangé beaucoup de mots, mais alors que je rangeais ma paperasse, je savais qu’à présent nous partagions quelque chose de plus qu’un lointain passé. Mes yeux croisèrent son regard sombre, et je su qu’il avait compris que ce n’était pas la vie que je souhaitais avoir. Je ne sais pourquoi à cet instant j’avais relevé fièrement la tête, alors que je me sentais en réalité honteux et seul. Lui avait baissé légèrement les yeux, me faisant comprendre qu’il ne dirait rien. Je réalisais une bonne fois pour toute que j’étais son maître à présent, au même titre que celui de tous les hommes présents en cette demeure.


Le lendemain, tout a changé. Levé avant même que l’on m’apporte mon petit déjeuner, je suis allé voir mon grand père. Dans mes yeux devait briller une nouvelle flamme, car ce fut la première fois qu’il écouta ce que j’avais à dire, sans seulement faire semblant. C’était aussi la première fois que j’avais quelque chose à dire.


- Par la mort de mon frère, je suis devenu le nouvel héritier de la famille, et je compte m’y consacrer, comme je n’ai pas le choix. Cependant, cela signifie également qu’à compter d’aujourd’hui, je ne prendrais plus d’ordres de personne. Après tout, je dois apprendre à diriger seul, vous l’avez dit vous-même...


Il restait silencieux, mais je savais qu’il comprenait ce que je disais. Ma première décision fut de renvoyer deux de mes gardes du corps. Cependant, pour veiller à garder une sécurité sufisante, je me décidais à apprendre à me défendre par moi-même. C’est là que j’appris que Aki était celui qui apprenais aux enfants à se battre, dans le dojo famillial. Sur une impulsion étrange, je renvoyais Dai et Goro à leurs tâches habituelles, choisissant de ne garder que lui comme protecteur. Je n’avais plus à me justifier de mes actes, et personne ne me reprocha ce choix. Cependant, je doutais de moi-même. Je savais déjà que si je me sentais plus proche de lui à présent qu’il savait que je ne voulais pas de cet héritage, ce n’était pas tout. Je m’en rendais compte peu à peu, mais il était le seul dont j’étais presque heureux de la présence à mes côtés...



*~*°*~*



Mon destin aurait-il été si différent s’il n’avait pas été là ? Et bien oui, probablement...


Plusieurs fois par semaine, nous rejoignions le dojo, à l’intérieur même du domaine familial, et Aki s’occuppait de palier à mes lacunes en matière de combat.


Je dois bien avouer que je n’étais pas spécialement doué pour le combat rapproché. D’ailleurs, j’avais très souvent séché mes entraînements étant gamin, avant de partir en Angleterre. Cependant, cette fois-ci je n’aurais loupé ces moments pour rien au monde. En effet, mes entraînements me permettaient de me retrouver seul, avec lui. Je pouvais le sentir contre moi alors qu’il m’apprenait de nouvelles prises, entendre son cœur qui bat tout près de moi dans un moment de silence. Je pouvais l’attraper par le col ou le bras sans que cela ne paraisse déplacé, sentir son corps, sans que mes sentiments pour lui ne transparaissent. Depuis qu’il était seul à mes côtés, j’avais l’impression qu’il s’était un peu plus ouvert à moi. Ces séances l’obligeaient à me parler, à me regarder en face, à me toucher. Quelquefois, il se faisait même du souci, se penchant sur moi pour vérifier que tout allait bien, alors qu’il venait de m’envoyer valser un peu rudement en me montrant une prise. J’en étais heureux, et je sentais mon propre cœur battre dans ma poitrine, alors que je lui disais que tout allait bien, faisant croire que ma rougeur venait du fait que j’avais chaud. Ce n’était pas entièrement faux, comme je me sentais devenir brûlant à chaque fois qu’il se rapprochait de moi, qu’il venait me toucher...


Une autre fois, il m’avait mis une arme entre les mains, et, collé dans mon dos, me montrait comment viser et tirer. Son corps contre moi, sa voix, me faisaient chavirer, me grisaient, mais je ne devais rien montrer. Si je n’aimais pas les armes à feu, je ne pouvais nier aimer ce contact avec lui, qui rendait le cours agréable.


Un soir, alors que nous étions seuls, et qu’il s’apprêtait à sortir de ma chambre pour me laisser dormir, j’avais appelé son nom pour le retenir. Nos regards s’étaient croisés, et, alors que je ne me sentais plus capable de lui mentir plus longtemps, j’avais demandé :


- ... Tu m’es dévoué corps et âme ?...


- Corps et âme...


Je l’entends encore, sa voix répétant mes propres mots... Il avait fermé derrière lui, et moi, tout excité, je n’avais pu m’empêcher de me caresser en pensant à lui, jusqu’à atteindre l’orgasme et m’endormir. Le lendemain, je me ravisais. Aki avait dû se contenter de donner la réponse que j’attendais, sans même comprendre le sous-texte de ma question. Je ne changeais donc rien à mes agissements, d’autant qu’il n’y avait pas lieu, et ma vie continua ainsi quelques temps...


Cependant, à peine une semaine peut-être après cette tentative stupide de me faire aimer par quelqu’un qui m’était pourtant innaccessible, compte tenu de nos rangs respectifs, quelque chose se produisit, qui changea encore une fois mon point de vu sur mon séjour ici. Sur un coup de tête, un caprice, j’avais voulu aller au cinéma. Ce n’était même pas un film que je voulais absolument voir, non, je voulais juste me prouver que je pouvais encore sortir comme bon me semblait. Ainsi, je m’étais retrouvé dans la salle sombre, avec trois hommes de main à mes côtés. Tout s’était bien apssé jusqu’à ce que je me rende aux toilettes accompagné de Dai. En sortant de ma cabine, je le retrouvais à terre, visiblement assomé. Je n’eu pas le temps de comprendre ce qu’il se passait que déjà, j’étais dehors, trainé par la fenêtre. J’étais terrifié, et les perspectives d’avenir semblaient peu sympathiques. Mais alors qu’on m’emmenait dans une ruelles sombre en direction d’un vehicule noir, un bruit sourd derrière moi attira mon attention, alors qu’un des hommes me tirait à lui, pointant son arme contre ma tête. Je me retrouvais face à mon garde du corps, arme à la main, et à deux cadavres. Cependant, ce qui me donna envie de vomir n’était pas la vue du sang. L’odeur de ce type, son contact, était dégoutant. Alors qu’il menaçait Aki en me serrant contre lui de la manière la plus désagréable qu’il soit, je n’avais qu’une envie : m’échapper de là. Je croisais le regard de celui que j’aimais, et décidais de cesser de trembler pour prendre l’initiative. Je mordais aussi fort que je pouvais dans le bra à portée de dent, avant de courir le plus vite possible loin de là. J’entendais des coups de feu, et, arrivé par malheur dans une impasse, décidais de me cacher dans des cartons qui trainaient près des poubelles, ramassant au passage ce qui semblait être le pied d’une table, afin de me défendre. Le cœur battant, j’entendais des pas se rapprocher doucement de moi à peine quelques secondes plus tard. Rassemblant tout mon courage, je sortais de ma cachette en frappant l’individu qui s’approchait, qui s’écroula à terre.


- Oh, pardon ! Pardon ! Aki, je...


Les larmes me montaient aux yeux alors que je découvrais que je venais de frapper mon bien aimé, qui était venu à mon secours. Sans y penser, je me laissais aller dans ses bras, voulant sentir son corps chaud contre le mien contraster avec la fraicheur de la nuit tombante, voulant sentir ses lèvres... Cependant, Aki se dégagea vite de mon étreinte.


- On ne peut pas faire ça. Si on nous voit....


Heureux d’entendre qu’il me repoussait seulement par peur que l’on découvre notre relation, je le serrais contre moi, me justifiant avant de l’embrasser enfin...


- Alors, on ne nous verra pas...



*~*°*~*


A suivre...