- Corps et âme ?

- Corps et âme...

Comme il répétait après moi ces mots qui avaient enfin pris tout le sens que je voulais qu’ils possédent, la joie sembla envelopper mon cœur, malgré la peine qui y régnait encore. Je demandais d’une voix décidée :

- Montre-moi...

D’une main ferme, je défis la ceinture de mon yakuta, et le laissais glisser doucement le long de mon corps, essayant de paraître sûr de moi...

 

 

*~*°*~*

 

Pendant une longue période, nous avons continué à nous cacher du regard des autres, continuant à nous jeter des regards amoureux en secret, à nous voir la nuit, sous prétexte qu’Aki garde ma chambre, etc. Et nous nous en satisfaisions.

Un jour, pris d’une envie subite alors que je me lavais, je me souviens avoir appelé Aki, qui s’était empressé de venir voir ce qui n’allait pas. Il comprit d’ailleurs quelle était l’urgence en question, sans que je n’ai réellement besoin de lui expliquer ; et quelques minutes plus tard, il était nu dans mon bain, avec moi. C’était la première fois que je me retrouvais nu avec un homme dans une baignoire. C’était fantastique, à vrai dire. Mais cela ne dura pas longtemps. On frappa à la porte, demandant où était passé mon garde, qui était censé rester devant la porte. Aki avait alors répondu qu’il était juste derrière la porte. C’était tout ce quon pouvait bien dire, de toute façon. Mais cela ne sembla pas plaire à l’homme, qui lui demanda de sortir, car il voulait lui parler. Cependant, nous étions tous les deux trempés, et nus comme des vers. Impossible de passer inaperçus.  Mais comme l’homme insistait, trouvant probablement ça louche, et voulant vérifier si j’étais bien sauf, Aki fut obligé de passer un peignoir pour aller lui ouvrir, et lui prouver que tout allait bien. Ce fut une grossière erreur. Au regard qu’il nous porta, nous avons tout de suite vu qu’il avait compris. C’était facile à deviner. Il sembla dérouté, puis manifestement dégouté, mais il nous laissa seuls, sortant vite de cette pièce qu’il trouvait probablement insupportable à la vue.

Comme un bon garde, Aki s’est inquiété très vite que cet homme de main n’aille parler, raconter ce qu’il avait vu. Heureusement, d’après lui, il n’était pas de ce genre là. Mais je voyais tout de même qu’il n’était pas tranquille, comme s’il sentait que quelque chose planait. En effet, le dénommé Keiro ne parla pas. Non, mais il fit pire. Gardant cela au fond de lui, il tenta de sauver tout seul l’honneur de la famille qu’il servait depuis tout petit : un soir où nous prenions l’air tranquillement ensembles, il nous agressa. Enfin, il agressa mon bien aimé, clamant qu’une fois qu’il aurait disparu, tout rentrerait dans l’ordre.

- Mais je serais toujours gay, même après sa mort ! clamais-je.

Il rétorqua que dans ce cas, je devrais mourir aussi. Armé dun katana (puisque les armes à feu circulaient difficilement, et n’étaient pas accessibles à tout le monde), il s’attaqua à Aki. Et bien sûr, cela se termina mal. Enfin... mon garde fut seulement blessé, mais en revanche Keiro fut tué. Et cela souleva une vague de questions. Personne n’aurait cru qu’il se retournerait ainsi contre nous. Et c’était normal, puisqu’il ne l’aurait en effet probablement jamais fait, sans ça, sans mon homosexualité.

J’avais une mort sur la conscience. Ce n’était pas la première fois que je voyais un cadavre baigner ainsi dans son propre sang, mais je restais choqué du fait que ma préférence sexuelle en était la cause. Bien entendu, nous fûmes interrogés sur les circonstances de cette mort, qui paraissait suspecte aux yeux de plusieurs. Ce qui n’en fut que plus difficile pour moi, je dois le dire. Ces soupçons qui pesaient sur nous, et que je savais fondés, ainsi que le fait de voir mon jeune frère si impliqué dans notre communauté, eurent raison de ma volonté. En effet, Kira m’apparut dès lors sous un nouveau jour. Je passais un peu plus de temps avec lui, par volonté de notre grand père, afin qu’il me fasse rattraper un peu le temps perdu, et comble certaines de mes lacunes. J’étais parti à l’étranger, en pensant que tout cela n’avait rien à voir avec moi, tandis que lui était resté et s’était impliqué en tout, ce qui le mettait au dessus de moi dans la quasi totalité de ce qu’on me demandait à présent. Bien vite, j’arrivais à une seule conclusion possible : ce devait être lui, le prochain chef de famille, pas moi.

 

Déprimé, plus que jamais, hanté par la vision de cet homme supposé ami qui nous attaquait, je finis par prendre la décision qui me semblait la plus sage sur le moment... Même si tout cela n’était probablement que folie. Nous allions déserter, tous les deux, pour notre bien et celui de la famille.

 

 

*~*°*~*

A suivre...