Et c’est ce que nous avons fait, sans plus tarder. Aki, fidèle comme toujours, n’avait rien dit, et s’était contenté d’aquiescer quand je lui avais fait comprendre ce que je souhaitais faire. Je ne sais pas vraiment ce qu’il en pensait, mais je crois qu’il était aussi préoccupé par ma sécurité, et le fait qu’un tel incident pourrait se reproduire.

Accomplissant ma volonté, Aki nous trouva un endroit où travailler et rester, sufisamment éloigné de ma terre natale et où nous pourrions être tranquilles. Ce fut des jours heureux. Tous les deux, nous travaillions le soir comme serveurs dans un restaurant. Le jour, j’étudiais tandis qu’il travaillait encore, et le reste du temps nous nous rejoignions dans notre petit appartement, tout petit mais tellement aimé. Nous étions biens, et profitions sans gêne du temps qui passait doucement.


Cependant, les choses finirent par prendre un nouveau tournant. Aki voulait que nous prenions de nouvelles précautions, et avait décidé de nous faire faire de faux papiers, en utilisant ses économies en liquide. Cela me paraissait être une bonne idée, évidemment. Mais je n’avais pas pensé que cela pourrait les mener encore plus facilement à nous. En effet, le petit groupe qui s’occupait de faire ces papiers vendit la mèche dès qu’ils en eurent l’occasion. Comme quoi, l’argent fait beaucoup de choses....


Ainsi, notre bonheur n’avait duré que quelques mois, que déjà les embrouilles revenaient frapper à la porte, littéralement. Nous fûmes ramenés sous la pluie par des hommes de mains, qui semblaient penser qu’Aki était responsable de ma fuite, voire même qu’il m’avait enlevé. A peine tentais-je de parler et de le défendre, en plein milieu de la rue, qu’une dizaine d’autres personnes arrivaient, avec l’air peu amical. C’est là que je compris que nous avions été vendus deux fois. Et si une partie souhaitait me ramener et punir mon garde, l’autre ne voulait que nous anéantir...


Là, tout s’enchaina, les deux groupes entrèrent immédiatement en conflit, et je n’eu même pas le temps de réfléchir que déjà mon aimé m’entrainait dans une ruelle, me tenant fermement par la main. Fauchant une moto à un homme qui passait juste là, nous roulâmes quelques bornes, jusqu’à ce que finalement, Aki n’arrête la machine.

Je ne compris pas instantanément, mais très vite mes yeux descendirent le long de son torse pour me rendre compte de ce qui n’allait pas. Quand ? Comment ? Je n’avais rien vu. Je m’étais juste soucié de fuir de la scène, sans me préoccuper de savoir si tout allait bien. Et lui, n’allait pas bien. Je m’en voulais. D’autant que je savais qu’il était impossible pour nous de nous présenter dans un hopital pour le faire soigner.

Prenant mon courage à deux mains, je me tournais vers la seule solution qui m’apparaissait clairement : mes contacts. J’appelais mon grand père. C’était ma seule option. La seule qui contenait le fait que mon aimé soit soigné, en vie. Je promis donc de rester et de faire mon devoir d’héritier s’il acceptait de faire soigner Aki par nos médecins privés. Par cet appel, je scellais nos destins. Bien entendu, je ne pourrais plus le revoir, ni même avoir de ses nouvelles... Ce genre de déshonneur était innacceptable.



*~*°*~*



Aujourd’hui, c’est l’enterrement de mon grand père.

Il pleut, et le claquetis de la pluie résonne sur les pavés du cimetière, couvrant la voix de l’homme devant le pupitre. Oui, c’est le jour pour lequel j’ai travaillé si dur pendant ces trois dernières années. Le jour où je prend la tête de la famille. Le jour où je deviens mon propre maître. Et malgré la pluie qui semble funeste aux personnes autour de moi, je ne peux m’empêcher de sourire, quitte à passer pour un monstre. Aujourd’hui... est le jour où je revois mon aimé...





Fin