I. Mauvais départ

            Une grande grille en fer forgé, derrière laquelle on devinait un parc bien entretenu, se tenait là, avec à ses côtés une plaque signalant une entrée interdite aux personnes extérieures à l’établissement. Mais alors que quelques personnes entraient grace à leur pass magnétique, un jeune homme à l’intérieur rencontrait quelques difficultés....

- Comment ça ce n’est pas ici ?

- Oui, monsieur. Ici, c’est le pensionnat. Le lycée est situé plus loin, à quelques rues d’ici.

- ...Mais c’est pourtant l’adresse que j’avais notée...

- Car elle est juste. Pour le pensionnat. Tenez, voici un plan du quartier, si ça peut vous aider...

 

* *** *

 

Le jeune homme au cheveux châtains qui se trouvait alors en face du gardien, c’est Lionel. De taille moyenne et ne possédant ni un compte en banque fourni, ni aucune habilité physique spécifique, il avait pourtant été admis de justesse ici, au pensionnat des Dunes. Et donc, par la même occasion, au lycée qui y est rattaché, mais qui, contrairement à ce qu’il pensait, ne se trouve pas dans le même quartier. Tout ceci grace à un parcours scolaire  proche de l’exemplaire, et un concours d’entrée qu’il avait, ma foi, réussi.

Mais concentrons nous plutôt sur la situation, car même s’il ne s’en était pas encore rendu compte, il lui restait moins d’une demi heure pour être présent à l’appel des élèves, à son premier jour de cours.... Il vérifia sa montre d’un coup d’œil avant de s’en rendre compte, et après avoir pris le soin de confier ses bagages au gardien, il s’excusa et  sortit, traversant le parc en vitesse pour se retrouver à nouveau dans la rue. Là, il regarda le plan un moment afin de déterminer où il était et où il devait aller. Heureusement, il s’en sortait bien avec une carte en main, et se mit en route immédiatement, espérant ne pas être en retard. Il traversa plusieurs rues, tourna, demanda son chemin,  et finit la dernière ligne droite en courant. Arrivant enfin devant une autre grille en fer forgé, portant cette fois l’intitulé de « Lycée des Dunes », il la passa, toujours en courant, et traversa un long jardin pour arriver, soulagé et essoufflé. Il demanda encore une fois de l’aide à quelqu’un, un élève qui semblait plus âgé que lui, et qui lui indiqua l’emplacement des panneaux où il apprendrait son numéro de salle pour l’après midi. Les parcourant rapidement du regard, il se trouva : « Valence Lionel   ......   B108 ». Jetant un œil à sa montre, il apprit qu’il ne lui restait que dix minutes. Il chercha des yeux un autre panneau, qui indiquerait les noms des bâtiments, mais n’en trouva pas. Alors il s’engagea à l’intérieur par la première porte qu’il trouva, et tenta de trouver quelqu’un de serviable pour l’aider dans ce moment de crise. Il était déjà entré de justesse à l’exament, il ne voulait en plus de cela être en retard le premier jour et faire mauvaise impression à tout le monde. Il entra dans un vestibule haut de plafond, et prit l’escalier en pensant logiquement être au premier étage, ce qui était le cas. Il se précipitait un peu, et parcourait les couloirs presque en courant, quand il entra dans quelqu’un en tournant à un angle.

Il crut presque rentrer dans un mur, et sous le choc violent qui venait de se produire, il lacha un juron. Il était à présent étalé par terre, au milieu des livres de l’autre personne.

- Désolé....

Il rassembla quelques livres vite faits et les lui tendit. En relevant la tête, il croisa le regard glacial d’un jeune homme plus âgé que lui.

- Tu pourrais faire attention.  Sa voix était hautaine, tranchante.

Ce regard incisif l’intimidait et lui faisait presque peur ; il ramassa les autres livres sous ses yeux, et les lui tendit, mais alors on lui attrapa le poignet avec force.

- Aïe ! Vous me faîtes mal !!

- La prochaine fois tu feras attention et t’excuseras correctement.

- Lachez moi ! Je vais être en retard.. Aïe...

- Fallait venir en avance... Tu sais, ...

L’individu allait dire autre chose quand quelqu’un vint les interrompre.

- Il se passe quoi, ici ?

Lionel remercia le ciel en voyant ce qui semblait être un surveillant, mais pourtant l’étreinte autour de son poignet ne se relacha pas. L’homme qui le tenait répondit :

- Cet idiot m’est rentré dedans... Passons.

Il le lacha seulement à ce moment là, lui jetant un dernier coup d’œil et poursuivit son chemin tranquillement, sans pour autant montrer le moindre signe de fléchissement face au surveillant.

- Ca va ?

- Oui. Je cherche la B108 ?

- Tout au fond, à droite et vers le milieu du couloir. Dépêche-toi, conseilla l’homme en souriant.

L’élève le remercia et repartit en courant dans la direction indiquée, pour finalement passer la porte de justesse alors qu’on s’apprêtait à la refermer. Prenant la dernière place libre aux côtés d’un blondinet, il souffla enfin un peu en se frictionnant le poignet. "Non mais c’est qui ce type ?!" Pensait-il quand l’un des adultes présents se mit à parler. Il reporta son attention sur lui.