"L'Art de la Collocation"



Avertissements, notes :


Attention, cette fiction contient des scènes explicites. Merci donc de ne pas la lire ou de sauter ces passages si cela peut vous choquer.

Le contenu est mis à disposition pour que vous puissiez le lire, vous distraire. Merci de ne pas le piller ! Respectez l'auteur (à savoir moi...)



Résumé :


Deux jeunes gens, anciens amis d’enfance, se retrouvent en colocation. Mais leur relation devient, contre toute attente, tendue, et explose à cause d’un incident... révélateur ?



Chapitrage :


1) Introduction dans l'Univers de la Colocation


2) Evolution


3) Incident


4) Conscience et Prise de Conscience


5) Une vieille Amitié


6) Vie de couple


7) Un retour attendu


8) Tranquilité ?


9) Jalousie


10) Bonne nuit




I. Introduction dans l’Univers de la Collocation


Cyril et Raphaël se connaissaient depuis longtemps. A vrai dire, ils ne devaient probablement même plus se souvenir de leur première rencontre, faite en maternelle. Depuis lors, malgré le fait que leurs routes se soient séparées au début collège, ils étaient restés en quelque sorte amis, se voyant de temps en temps, notamment lorsqu’un de leurs amis communs organisait une soirée, ou un petit quelque chose ; bref, il finissait toujours par se revoir, discuter un peu ensemble, même si leur relation était beaucoup moins poussée ou simplement chaleureuse qu’elle l’était autrefois. Quand ils se rencontraient et discutaient un peu, ils s’apercevaient qu’ils avaient tout de même un certains nombre de point communs en plus de certains amis : ils buvaient les mêmes boissons, avaient vu les mêmes films, et surtout, faisaient le même parcours scolaire...



Et c’est ainsi, que ce soir là, à la fête d’anniversaire de Gregory, Raphaël appris que Cyril allait aller à la même école d’ingénieur que lui l’année qui suivrait celle ci (bien qu’en n’étant pas dans la même classe), à savoir deux mois à peine à décompter de ce jour.


- C’est vrai ? C’est formidable ! Quelle coincidence, s’exclama-t-il.


- C’est clair.


Cyril restait comme toujours plus réservé.


- Mais dit, tu as déjà trouvé un logement, toi ? Perso, je galère comme pas possible.


- Non, pas encore. Et pourtant, j’arrête pas de chercher...


Gregory arriva par derrière en les enlaçant, coupant court à la conversation, les invitant à venir manger du gâteau avec lui.



Finalement, environ une semaine plus tard, alors que Raphaël parcourait encore une fois les petites annonces sur internet, à la recherche d’un logement qui soit proche de sa future école, il tomba sur quelque chose auquel il n’avait pas pensé jusque là : une collocation ? Pas trop mal située, les photos montrant quelque chose d’assez lumineux, et de plutot cosi, le tout pour un prix plus que raisonnable une fois la facture divisée en deux : cela semblait parfait. A un détail près : il allait devoir trouver un coloc avec lequel il savait qu’il ne s’étriperait pas. Ou plutôt, il allait devoir le convaincre...



S’empressant de trouver son téléphone pour appeler Grégory, il lui demanda le numéro de Cyril, qu’il appela sur le champ. Mais celui ci ne décrocha pas.


Finalement, il ne réussit à le joindre que le lendemain, lui demandant son mail pour lui envoyer l’adresse internet exacte de l’annonce.


Et ce fut Cyril qui le rappela.


- Allô, Raphaël ?


- Oui, c’est moi. Tu as lu l’annonce ?


L’idée de collocation ne bottait pas franchement Cyril, mais il devait bien avouer que celle ci était intéressante, et puis, vu qu’il n’avait rien trouvé d’autre pour l’instant...


- Ecoute, je te propose une chose : on prend le studio pour l’instant. Mais si je trouve mieux d’ici la rentrée, j’irais là bas.


Raphaël prenait donc le risque de se retrouver avec un inconnu total au final. Mais vu la difficulté qu’il avait eut lui même à trouver quelque chose d’intéressant au niveau financier, emplacement, et confort, il ne se faisait pas trop de soucis. Cyril ne trouverait probablement rien.



Et effectivement, deux mois plus tard, alors que les garçons ne s’étaient revus que pour visiter les lieux ensembles, ils faisaient leur déménagement et emménagement, chacun de leur côté...


Et c’est ainsi qu’un grand blond un peu grognon (à savoir Cyril), et un jeune brun (Raphaël donc) se retrouvèrent embarqués dans l’univers merveilleux (ou pas !) de la Collocation...






II. Evolution. / Des liens qui se ressèrent


Les cours commencèrent, et la vie de colocataire fit de même. Les deux jeunes hommes se voyaient chaques matins, et chaques soirs, et la collocation était plutôt paisible, et se passait sans accroc particulier pour le moment.


Puis, petit à petit, ils commencèrent à passer plus de temps l’un avec l’autre, tout naturellement. Pour commencer, ils firent leurs courses ensemble, car ils ne connaissaient pas bien leurs gouts mutuels, et s’étaient accordés sur le fait qu’ils feraient chacun leur tour à manger pour deux, par souci d’économie. Ainsi donc, il valait mieux qu’ils s’accordent là dessus, pour faire quelque chose qui soit appréciable par les deux partis. Contre toute attente, Cyril était même plutôt doué dans le domaine culinaire, et faisait le régal du brun, même avec les plats les plus simples. Raphaël, lui, était plus habitué à être servi par sa mère, et débutait à peine en cuisine, il se contentait de faire des choses de base, très simples, mais mangeables. Ainsi, Cyril lui apprit quelques trucs pour que ses plats aient meilleur gout, ou meilleur allure, lui donnant quelques recettes simples, ou idées d’assaisonnement.



Les deux garçons savaient déjà qu’ils partageaient souvent le même intérêt pour les films, et donc, inévitablement, ils allèrent au cinéma ensemble quelques fois, pour les sorties qu’ils ne voulaient absolument pas louper. Une fois ou eux, Grégory les avait accompagné, tout sourire, avec sa bonne humeur habituelle, riant et plaisantant avec Raphaël, prolongeant parfois la soirée à leur studio, allant même jusqu’à y dormir, par pure flemme de rentrer chez lui (et oui, on se sent plut^pot bien en fin de compte chez ces deux là !).


La première fois qu’il s’y était rendu, il avait d’ailleurs été étonné de voir l’ordre qui y régnait.


- C’est à cause de Cyril... Je me fais tuer au moindre truc qui traîne... expliqua le brun.


- Si je te laissais faire, ce serait une porcherie, en même temps...


- Ahah ! C’est vrai qu’il vaut mieux le freiner... Tu verrais sa chambre chez ses parents !


- Tais toi !!!


Raphaël en prenait toujours gentiment plein les dents entre ces deux là ! ^___^ Mais ils finissaient toujours par rire ensemble de bon cœur, et le lendemain, le train train reprenait.



Il s’est avéré par la suite que même s’ils suivaient le même cursus, ils n’avaient pas les mêmes points forts, et Cyril se vit obligé d’aider quelques fois Raphaël à comprendre ses maths. Obligé, oui. Car le jeune brun le harcelait littéralement pour ça : connaissant son goût pour le calme, il l’embêtait jusqu’à ce qu’il finisse par craquer, ce qui donnait généralement quelque chose dans ce genre :


- Ok, ok, je vais t’expliquer ! Mais après tu me laisse TRANQUILLE !! Compris ? disait Cyril avec un air quelque peu grognon


- d’accord ! *smile ^____^ *


C’était le seul point qui rendait parfois l’atmosphère un peu moins bon enfant, avec les moments où Raphaël faisait traîner ses affaires et les oubliait.



Bref, rien ne semblait anormal. Mais pourtant, quelque chose d’espiègle et malin s’insinuait sournoisement en eux et entre eux chaque jour... Sans même qu’ils ne semblent s’en rendre compte. Ou bien tentaient ils de l’ignorer ? Seul Gregory avait perçut ce petit quelque chose, doux-amer et électrique ; ce besoin, cette attirance magnétique comme entre deux aimants, ce petit truc dans l’air, inexplicable... inconcevable... indescriptible.


Raphaël, lui, avait bien sentit quelque chose. Mais bon, s’il l’avait sentit, il ne l’avait peut être pas interprété de la bonne façon, car un soir où Cyril dormait déjà paisiblement dans sa chambre, lui était revenu aux alentours de trois heures du matin... Avec au bras une brune nommée Amélie. Charmante Amélie, aussi joueuse que l’était Raphaël, qui était venu la draguer sans aucun complexe dans une soirée organisée par un ami. Et cela se termina évidemment dans le studio du brun (il faut dire que son air jovial et insouciant était plutôt séduisant). Et puis, celui ci n’avait pas beaucoup réfléchit, lancé par ses pulsions, qui semblaient le tirailler étrangement depuis quelques temps, sans qu’il ne comprenne pourquoi. Il avait donc tout mis sur le dos du manque, tout simplement. Oui, charmante Amélie, à la voix de miel, mais qui poussait peut être des gémissements un peu trop prononcés... Vu qu’ils réveillèrent le pauvre colocataire de l’autre côté de la cloison, qui ne put s’empêcher de pester pendant la moitié de la nuit... Car il ne parvenait plus à se rendormir après cela ! Il pestait, grognait. Quel besoin avait il eu de venir le faire ici, alors qu’il aurait pu faire ça n’importe où ailleurs sans le déranger ? Etait il obligé de lui rappeler que lui était seul dans son lit froid ?! Le lendemain, il se leva étonnamment tôt et partit courir pour se changer les idées et se remettre en forme après une nuit si pauvre en sommeil ; mais en fait surtout pour ne pas croiser les deux amants...


Pourtant, quand il recroisa Raphaël, il ne put s’empêcher de faire quelques remarques amères, le poussant à s’excuser et à promettre de lui même de ne plus ramener de filles les soirs où il était là. Car si l’un avait un tempérament fort et incisif, l’autre avait un caractère plus doux, et était du genre à se plier en quatre pour éviter les accrochages et faire plaisir (ça, Cyril l’avait bien entendu...). Ce qui, somme toute, était ce qui permettait leur si bonne entente. Et cela aurait pu tourner ainsi et durer une éternité.






III. Un Incident


Aurait pu. Oui, car évidemment, ce ne fut pas le cas, sinon l’histoire s’achèverait, mais lisez plutôt...


Cela faisait bientôt six mois qu’ils avaient emménager ensemble, et ils furent tous deux invités à une fête organisée par quelqu’un de la même promotion qu’eux à l’école. Les invités étaient nombreux, la musique était présente, accompagnée de l’ambiance, et toute deux étaient bonnes. De plus, ils avaient réussi à faire incruster Gregory avec eux. Résultat : une soirée unique et excellente, où rires et bêtises étaient au rendez vous. Et alcool, aussi... soit dit en passant.


Quand ils quittèrent la fête, il était approximativement quatre heures du matin, et tous avez plus ou moins trop bu. Gregory les laissa dans le métro pour rentrer seul chez lui, car son appart était beaucoup plus près, et qu’il ne pouvait les accueillir chez lui pour la nuit en retour des fois où il l’avait fait lui-même. Le trajet de retour se fit sans encombre, et ils arrivèrent finalement, bien qu’avec un peu de mal parfois, dans leur petit nid, en se retenant de rire comme des idiots dans le couloir, pour ne pas déranger les voisins.



- Ca va être dur demaiiiiin.... J’espère qu’on a de l’aspirine...


Cyril alla se chercher un verre d’eau pour tenter de se remettre les idées au clair avant de défaire le sac qu’il avait emporté avec lui à la soirée, tandis que Raphaël se rendait immédiatement dans sa chambre pour se laisser tomber sur son lit comme une masse. Tendant le bras, il saisit son baladeur pour se le mettre sur les oreilles et se passer des chansons douces, dans le but de s’endormir paisiblement. Mais Cyril entra alors dans sa chambre ; précisons qu’il ne marchait pas droit.


- T’as oublié de reprendre ton...


Il ne termina pas sa phrase. Il avait l’œil hagard, l’esprit chamboulé par l’alcool, et sous yeux, il y avait un jeune homme qui se masturbait sur son lit, ne l’ayant même pas entendu entrer. C’était la première fois qu’il voyait un autre homme se masturber, et... ça le troublait. Mais contre toute attente, au lieu de repartir, ce qu’un Cyril sobre aurait fait, celui là préféra se rapprocher pour mieux voir, et tomber presque sur lui, qui rouvrit les yeux en poussant un petit cri de surprise. Croyant qu’il s’était juste effondrer là à cause de l’alcool, il ne bougea pas, mais ce n’était pas de ça qu’il s’agissait, plus maintenant. Une main chaude vint s’emparer de sa virilité pour poursuivre le travail qu’il avait commencé seul, ne lui laissant aucune alternative, au vu du corps puissant qui était à demi couché sur lui ; il pouvait sentir son membre dressé contre lui aussi, à travers le pantalon, et un souffle dans son cou. Fermant les yeux, il sentit l’extase arriver.... et se laissa aller dans la main de son colocataire avant de s’endormir profondément sous tant d’émotions, de sommeil et d’alcool.



Ce fut Cyril qui se réveilla le premier. Et qui fuit donc le premier, aussi. Se dépêchant de partir de là, il rejoint sa chambre, la tête à l’envers, d’une part à cause de la migraine, et d’autre part à cause de ce dont il se souvenait. Priant pour que ce ne soit qu’un rêve, il fut obligé d’admettre que non en voyant les traces séchées sur son pantalon. A l’extérieur et à l’intérieur. Il se rendit dans la salle de bain immédiatement pour se laver par deux fois et se débarrasser de ses vêtements. Comment avait-il pu masturber un autre homme ? Pire, comment avait-il pu jouir en le faisant ? Comment... ?... Il préféra carrèment partir se réfugier à la bibliothèque que de rester, laissant ainsi à Raphaël le champ libre pour avoir les mêmes gestes, et se questionner lui aussi, se sentit tout bonnement dégoutant.



Les deux jeunes gens refusaient d’en parler. Non, c’était même pire que ça : ils s’évitaient au possible, passaient le plus de temps possible dehors ; et quand ils étaient à l’appartement, ils s’enfermaient chacun dans leur chambre et en sortaient tout juste pour aller aux toilettes et chiper quelque chose à manger dans le frigo. Cela dura trois jours. Trois interminables journées. Chacun tendant l’oreille malgré lui au moindre son, afin d’entendre et de savoir ce que faisait l’autre. Cyril était partagé entre inquiétude, colère et sentiment de mal-être. Jusqu’au moment où, trois jours plus tard donc, alors qu’il était en train de lire un livre, allongé sur son lit, il entendit soudain un grand vacarme. Bref mais violent, cliquant, mêlant bruits métalliques et bruit sourd, et par dessus lequel on pouvait deviner un petit cri. C’était la voix de Raphaël. Son sang ne fit qu’un tour, et sans penser davantage à autre chose qu’à la situation présente, il se précipita dans la cuisine pour vérifier si tout allait bien, y trouvant alors son colocataire empêtré sous l’étagère qui venait de lui tomber dessus. Inquiet, il la balaya d’un geste pour le libérer, et le prit par les bras, afin de le relever, lui demandant si il allait bien. Mais quelle ne fut pas sa stupeur quand pour toute réponse, il ne reçut que les mots ci dessous prononcés avec une violence non négligeable, tandis que Raphaël dégageait son bras pour faire cesser tout contact entre leurs deux êtres.


- T’es peut-être gay mais moi non ! laisse moi tranquille !


Pris au dépourvu, interdit, ayant pris de plein fouet ces mots dans un instant où seule la santé de son compagnon sentait, il ne trouva rien d’autre à faire que de sortir sans demander son reste. Les mots tambourinaient dans sa tête. Et la seule chose qu’il trouvait en réponse, et pensait encore et encore resta tout simplement "Je ne suis pas gay...".






IV. Conscience et Prise de Conscience



C’est ainsi que Cyril passa de longues minutes assis dans la cage d’escalier. Puis, il se décida à sortit un peu, aller faire les courses. Il n’avait pas beaucoup mangé depuis cet incident, évitant au posssible les pièces communes pour ne pas avoir à affronter son colocataire. Et c’était pire à présent qu’il lui avait jeté à la figure ce rejet violent. Il prit quelques bricoles, des choses qui pouvaient se manger froides et sans préparation de préférence. Mais au moment de passer à la caisse, la caissière leva la tête vers lui en lui disant bonjour avant de demander pourquoi ils faisaient leurs courses séparément ces derniers jours. C’est vrai que ce n’était pas dans leurs habitudes. Mais comme Cyril répondait en payant qu’ils s’étaient disputés en restant très évasif, il se vit répondre ceci :


- Ah... faites en sorte de vous rabibocher alors. C’est dommage de se disputer quand on forme un si joli couple...


Il put sentir la chaleur lui monter au visage. Prenant son sachet de course, il bredouilla Bonne journée avant de s’enfuir, ne sachant s’il était plus en colère ou mal à l’aise. Un joli couple ?? Non, ils n’étaient pas en couple !. Encore une fois on lui jetait au visage quelque chose comme ça. Qu’il n’avait jamais soupçonné : toute la ville pensait elle de lui qu’il était homosexuel alors que cela ne lui avait jamais effleuré l’esprit lui même ?? En rentrant, il lui semblait que les regards se tournaient vers lui. Etait il le gay du quartier ? Il devenait paranoïaque, mais heureusement il arriva vite au studio.


Comme un enfant de quatre ans, il vérifia en entrebaillant la porte que Raphaël n’était pas dans le salon avant de rentrer pour filer dans sa chambre. Il avait trop peur de le recroiser, d’affronter à nouveau son regard ; ce regard là, celui avec lequel il lui avait dit ces mots qui le malmenaient à présent. Mais le pire, c’était qu’il pensait que s’il avait été autant blessé par ces paroles, ce devait être parce qu’il y avait un fond de vérité à l’intérieur. Peut être. Et c’était ça qui le torturait. Non, il n’avait rien contre la communauté homosexuelle, mais il ne voulait pas en faire parti pour autant ! Comment imaginer, arrivé à son âge, que toutes ses convictions étaient fausses, qu’il y avait une infime possibilité pour qu’il ne se connaisse pas lui même dans un tel domaine ? Son petit monde était chamboulé, et il fallait qu’il le remette d’aplomb, en mettant tout au clair correctement.


Il lui fallut longtemps avant de se décider à faire quelque chose - d’absurde certes, mais il ne voyait que cela sur le moment - après avoir débattu de longues heures avec lui même, s’être pris la tête entre les mains des milliers de fois, et n’avoir quasiment rien mangé depuis plusieurs jours, depuis ce jour là : Il alluma son pc et tappa des mots clefs qu’il n’aurait jamais cru tapper un jour. Retenant son souffle, il se retrouva sur un site gay, présentant des photos déshabillées mais toujours soft. Il n’avait de toute façon pas le courage de chercher à voir plus poussé. Et tandis qu’il faisait défiler la page d’un certain Marc, regardant un corps qui selon tout critère était certainement parfait, il se rendait compte que cela ne semblait strictement rien lui faire. Enfin ceci jusqu’au moment où ses pensées dérivèrent vers ce fameux vendredi soir, ou plutôt samedi matin, où tout avait commencé. Le souvenir de la sensation du corps de Raphaël contre le sien (même s’il était certainement moins bien fait que celui de ce Marc), et ces pulsions qui lui étaient venues alors... Cyril releva la tête et referma nerveusement la fenêtre windows en se rendant compte de ce qu’il se tramait dans son pantalon en cet instant. Certes, les plus beaux corps masculins dénudés ne lui faisaient rien, mais une simple pensée pour Raphaël semblait le réveiller doucement. Peut être fallait il admettre l’évidence : il avait une attirance sexuelle réelle pour son colocataire. Il s’allongea alors sur son lit en fixant le plafond pour la énième fois, avant de finalement se mumurer pour lui même :


- ...Et si nous avions trop d’amour à dispenser pour n’aimer qu’une partie de la population ?...


C’était sa façon de se rassurer et de se dire qu’il restait tout de même quelque chose de e qu’il avait été, ou de ce qu’il avait cru être. Ce qu’il avait vécu jusque là n’était pas un mensonge, c’est ce qui s’ouvrait à lui à présent qui s’était simplement tu jusque là.


Mais alors qu’il venait de finir de prononcer sa phrase, il ru voir une ombre et se redressa d’un seulcoup. Sa porte était mal fermée. « Raphaël ? ». Sa tension était remontée d’un coup et il se précipita comme par réflexe vers la porte, puis dans le alon pour l’y retrouver. Il n’avait pas rêvé. Mais une fois face à face, il ne savait plus pourquoi il lui avait couru après. Il restait interdit à le regarder en réalisant qu’il l’avait suivit, quand ce fut Raphaël qui prit la parole, avec néanmoins quelques difficultés :


- Pardon, je ne voulais pas te faire peur, je...


Il semblait évieter son regard. Mais que voulait il dire en fait ?... Finalement, il changea de mode de penser pour tenter de mieux s’exprimer :


- J’ai entendu... Ce que tu as dit.


Cyril restait sans rien dire, mais n’en pensait pas moins. L’observait il ? Pourquoi ? Ne voulait-il pas ne plus le revoir ? Il comprenait tout à fait le fgout qu’il pouvait avoir pour lui. Le brun continuait :


- C’est... une bonne approche des choses.


Car ce que Cyril ne savait pas, c’est que lui aussi avait réfléchi et targiversé pendant des jours. Et même s’il n’avait réussi qu’à le repousser violement et avec des mots blessants lorsqu’il avait voulu l’aider, il avait tout de même ressentit le besoin de le revoir pour mettre au clait tout ce flot de pensées. D’où le fait qu’il l’observait quelques minutes plus tôt. Les mots ne lui venaient plus et il ne savait comment s’exprimer, mais Cyril avait bien compris, et il fut coupé par cete phrase mémorable :


- Laisse moi t’embrasser.


- Hein ?? Non !


Il n’en était pas question ! Etait ce encore là une de ses perversions ! Etre si franc comme ça, alors que c’était si dur pour lui ??! C’était tout de même lui qui avait été à demi violé ! Et maintenant, demander ça, comme ça ?... Curil se fit plus clair :


- Laisse moi t’embrasser, et on verra bien après ça.


Mais il avait déjà attrappé son bras, puis ses lèvres pour voir. Il voulait savoir. En être sûr. Cela faisait trop longtemps qu’ils se torturaient, l’un comme l’autre. Raphaël se débattit sous la surprise avant de comprendre où il voulait en venir et de finir par se laisser faire. Et finalement, même si la seule pensée d’être embrassé par lui lui semblait immonde au départ... Les deux jeunes gens furent surtout choqué du résultat. Ce n’était pas un baisr non anodin car atroce, au contraire. Et ce fut Cyril qui conclut avant de se laisser tomber dans le canapé, choqué :


- Ils avaient raison...


Tandis que le second garçon retournait dans sa chambre silencieusement, n’en pensant pas moins la même chose.






V. Une vieille amitié



Finalement, après cette prise de conscience nécessaire et douloureuse, is ne se parlèrent pas plus pour autant. En effet, s’ils se croisaient à nouveau dans l’appart, ils ne pouvaient s’empêcher d’être mal à l’aise et de ne pas agir normalement, écourtant ainsi au possible la situation pour retourner dans leurs chambres. Ce fut Gregory qui les réunit à nouveau, à l’occasion d’une fête organisée par un autre de leurs amis, Charles ; il avait tellement insisté qu’ils avaient dit oui. Après tout ils n’étaient pas obligés de se cotoyer toute la soirée, et pouvaient rester chacun de leur côté ; dans ce cas, c’était bon. Mais au bout d’une heure environ, Gregory, qui avait bien réalisé que ses deux amis étaient en froid (ce qui était plutôt évident), alla finalement voir Cyril pour mettre les pieds dans le plat directement, et peu subtilement :


- Alors les Amours ? Demanda-t-il avec un sourire presque inocent.


- Néant total.


Cyril gardait l’air blasé. Ca faisait plus d’un an qu’il n’avait pas eu de copine, pourquoi venait-il lui demander ça maintenant ? Il savait bien que ce n’était pas son fort. Et puis, avec les dernières nouvelles... Mais ça, il aurait du mal à lui dire.... Et ce ne serait certainement pas pour tout de suite.


- Je voudrais pas faire une gaffe, mais tu rends compte, au moins, que la personne faite pour toi est juste à portée ?


- Hein ?


- Non, laisse tomber.


Il avait répondu du tac au tac. Ces deux là étaient vraiment irrécupérables. Il ne savait pas pourquoi ils s’étaient disputés exactement, mais avait une petite idée sur la question. Il se demandait juste qui avait osé faire le premier pas. Il s’éloigna immédiatement et le laissa réfléchir tranquille en retournant voir d’autres amis. Ce qui marcha plutôt bien, en vérité, laissant Cyril carrément sur le cul pendant un instant. Qu’avait il voulu dire par là ? Tout de même pas ce qu’il croyait ? Impossible. Enfin, ce qui fut impossible, c’était de l’approcher à nouveau seul à seul pour lui demander plus amples explications. Et finalement, quand il le chercha en fin de soirée, dans les moindres recoins de la maison où était organisée la fête, il finit par entendre sa voix. Mais il s’arrêta net en comprenant ce qui était prononcé. Il parlait avec Raphaël.


- Vous êtes vraiment de beaux idiots tous les deux ! Vous êtes probablement les seuls au monde à ne s’être rendu compte de rien....


- Quoi ? Non, quand même pas... C’était...


- C’était carrément évident. Je vous connais bien, et quiconque vous connaissant voit bien que vous n’êtes pas pareils quand vous êtes ensembles. Même quand ce n’était qu’une fois tous les trimestres pour le temps d’une soirée.


Cyril retenait son souffle à l’angle du mur. Il n’en revenait pas que Raphaël le lui avait dit. Il remarqua que sa voix n’était pas la même que d’habitude et sentit son cœur se serrer en l’entendant. Qu’avait il donc ?


- Mais qu’est-ce que je dois faire ?


- Va lui parler. C’est à toi de le faire. Tu es celui des deux qui n’a rien admis après tout. Et si en plus tu...


Mais il n’eut pas le temps de prodiguer ses sages conseils plus longtemps. Cyril était apparu à l’angle du mur. Il ne savait pas depuis quand il écoutait, mais lui fit un signe de tête avant de s’éclipser, les laissant seuls tous les deux.


Nul ne saurait ce qui s’était dit et fait à ce moment là, nul d’autres que nos deux jeunes hommes. En fait, après une bonne dose de regards fuyants et phrases plus ou moins stupides, ils avaient fini par s’avouer mutuellement et clairement leurs ressentis. Ce qui nous donnait dans les deux versions, respectivement :


- Je n’aime pas les hommes, j’aime un homme, Raphaël. Et tu ne peux pas m’en vouloir pour ça.


- Moi je ne sais pas ce que j’aime... Mais je n’aime pas être en froid avec toi... c’est...


Contre toute attente, au même titre que ce fut Raph qui ne sut trouver les mots, ce fut aussi lui qui (peut être pour palier à cela) s’approcha pour retrouver les lèvres de son colocataire. Il avait beau dire ne pas connaître ses propres gouts, il semblait pourtant que cela ne lui déplaisait pas.... Et puis, c’était inévitable que ça se termine par un baiser, non ?.


Une fois réconciliés (mais toujours autant mal à l’aise), il eurent beau chercher Gregory, il semblait avoir disparu de la circulation. Celui-ci reçu bientôt un texto : « A croire qu’un vieil ami vaut mieux que toutes les introspections du monde... » suite à quoi il put refermer son portable, content de la tournure des évènements...






VI. Vie de couple



Après cette soirée, la tension sembla retomber un peu dans l’appartement, même si chacun des deux protagonistes avait toujours du mal à ne pas se sentir idiot en croisant l’autre. Cyril tentait de se montrer impassible, d’agir naturellement, et Raphaël de son côté avait un peu trop tendance à baisser les yeux quand il était en présence son compagnon. Ils ne s’étaient plus embrassés depuis la dernière fois, lors de la soirée, et tentaient de reprendre une vie de colocataires à peu près normale. Mais quand ils faisaient leurs courses, Cyril sentait le regard de la caissière sur eux, et ne pouvait s’empêcher de devenir quelque peu grognon, alors qu’elle se contentait de leur sourire gentiment ; il laissait ainsi son cher coloc perplexe, ne comprenant pourquoi il changeait ainsi d’humeur. Supposant qu’il ne s’agissait que d’une antipathie naissante envers la pauvre vendeuse qui n’avait pourtant rien fait de mal, il n’y prêta pas plus garde que cela, même s’il ne put s’empêcher de lui demander de se montrer plus aimable envers cette jeune fille...


Les relations se détendirent ainsi peu à peu, alors que la vie reprenait son cours naturel. Comme aucuns des deux jeunes hommes ne parlait de ses ressentis à l’autre, ils s’en tinrent là, et n’essayèrent pas de changer quoi que ce soit à leur façon de vivre, à leurs relations, revenant ainsi presque à l’avant-incident. Presque, puisque tout compte fait, ni Cyril ni Raphaël ne parvenait à se sortir de la tête le fait qu’au final, rien n’était plus pareil si on y regardait avec un tant soit peu d’attention. Ils ne disaient rien, mais n’en pensaient pas moins, ne pouvaient s’empêcher de faire attention à la présence, au regard de l’autre, ni de se poser des questions. Qu’est-ce qu’il voulait dire derrière ces mots ? Pourquoi m’a-t-il regardé ainsi ? Que pense-t-il ? Où en est-il ? Parfois le moindre acte, la plus petite parole étaient sujets à questions, bien qu’elles ne furent jamais posées. Mais en apparence, rien n’avait tellemnt changé. Ils se remirent à voir Gregory ensemble ; une seule fois à vrai dire car ils ne pouvaient nier ce qu’il se tramait quand il éait avec eux. Il avait tout vu, tout su, avant eux. Les questions se soulevaient d’autant plus en sa présence, mais ils ne voulaient pas briser la règle du silence, pensant être revenu à un équilibre convenable, confortable en surface.


Puis, les vacances arrivèrent. Ce n’était certes pas les premières, mais c’était par contre la première fois que Raphaël quittait son nouveau nid : il revenait chez ses parents pour la quasi totalité des deux semaines qui leur étaient accordées, notemment pour assister au mariage de sa sœur. Le soir du départ, il avait rassemblé quelques affaires et fait son sac, tranquillement, le sourire aux lèvres : il était content de revoir un peu sa famille après tout ce temps. Cyril, lui, était devant la télé, installé dans leur canapé rouge Ikéa dont les plumes partaient à travers le tissu. Il ne disait rien, regardait sa série en silence, jusqu’à ce que son colocataire traîne son sac jusque dans la pièce principale, celle-là même où il était. Il releva la tête, ses cheveux se repoussant naturellement en arrière, doucement, et lui proposa son aide. Comme il était déjà en retard, le jeune homme lui offra un large sourire en repoussant son offre, puis lui souhaita de bonnes vacances avant de se diriger vers la porte, et de la refermer derrière lui. Il n’aura pas même remarqué que Cyril était quelque peu replié sur lui même. Mais en même temps, ce n’était pas la première fois que celui-ci se montrait renfermé ou grognon... Le bruit de la porte qui se refermait lui laissait déjà présager des vacances amères. Il le sentait.


Et en effet, il sentit s’écouler péniblement chaque jour. Chaque jour passé ainsi seul. S’il passait sa vie à réclamer de la solitude, il la trouvait à présent incroyablement dure à supporter. Il s’était habitué à la présence constante de Raphaël. A l’entendre briser un verre depuis sa chambre et à venir l’engueuler, à supporter ses suppliques quand il lui demandait de lui faire comprendre un cours, à entendre des bribes de sa musique de temps en temps, à le croiser dans la cuisine, à manger et faire les courses avec lui, à trouver la salle de bain occupée, à devoir passer derrière lui quand il laissait trainer des affaires, à lui dire où étaient rangé certains choses, à lui faire de la place sur le canapé pour regarder les séries télé... B ref, à la vie de colocataire. Il en prit conscience dès les premiers jours, ce manque, ce quelque chose de pesant à se retrouver seul. Mais dès la fin de la première semaine, il comprit que ce n’était pas tout : il aimait tout ça, partager ces choses avec lui, aller au cinéma ensemble, s’engueuler et lui grogner après pour un rien. Sentir l’odeur de son gel douche en passant après lui dans la salle de bain, croiser son regard et discuter pendant les repas, le voir sourire, le regarder sans qu’il ne s’en apperçoive. Et surtout... avoir l’espoir que, dans la journée, après manger, après le film, pendant la vaiselle, n’importe quand, quelque chose se produise.... Voilà où il en était juste avant que Raphaël ne reparaisse. Maintenant il savait. Il savait qu’il aimait cette vie, qu’il avait du mal à s’en passer ; de cette vie et de lui, de chaque instant précieux passé à ses côtés, de chaque moment qui pourrait tourner en leur faveur. Oui, il savait, il savait qu’il ne pourrait se contenter plus longtemps de jouer au colocataire avec lui. Ce n’était pas sa vie de colocataire qui lui manquait, c’était sa vie de couple....





VII. Un retour attendu



Le second vendredi des vacances, en tout début de soirée, Cyril était dans sa chambre quand il entendit le bruit de la porte qui s’ouvre, suivi du son familier des pas de Raphaël. Il se rendit immédiatement dans la pièce principale, puis, après s’être rendu compte qu’il s’était précipité vers lui, il feint de ne pas l’avoir reconnu :


- Oh, c’est toi. Tu rentres déjà ?


- Oui, j’ai encore du travail à faire. Et en plus j’ai oublié d’emporter certains cours, alors... Hmm, d’ailleurs, faudra qe tu m’explique un truc en maths ! ^__^


Un petit sourire creusa des fossettes sur le visage de Cyril en entendant cela.


- Ok... ...Ca va toi ? T’as l’air fatigué.


- Je suis crevé. Mais ça va.


- Repose-toi, je vais faire à manger.


Raphaël était déjà surpris de le retrouver ainsi disposé à lui expliquer ses maths, alors sa gentilesse ne passa pas franchement inaperçue. Mais tant mieux, non ? Il le laissa cuisiner pendant qu’il déballait ses affaires, et se reposait un peu sur son lit. Quand ce fut prêt, on l’appela, et ils s’installèrent à table pour manger.


- C’était super bon, merci.


Cyril sourit. Ce n’était pas grand chose, il le savait, mais ça faisait toujours plaisir. Et puis, il était de bonne humeur. Ils avaient parlé comme avant, tranquillement, pendant tout le temps du repas ; Raphaël lui avait raconté des anecdotes, et ils avaient plaisanté un peu ensemble. Cyril venait de finir son yaourt et il choisit de s’absenter un instant afin d’aller aux toilettes ; quand il revint, il le trouva en train de faire la vaiselle, les mains déjà dans l’eau.


- Fallait pas, j’allais le faire.


- Mais non. T‘as fait à manger, alors c’est normal.


Après tout, il ne pouvait pas dire qu’il appréciait de faire la vaisselle, alors ça l’arrangeait, tant que Raphaël ne cassait rien. Il était sur le point de partir, en soupirant, quand il le regarda de dos quelques fragments de seconde. Peu sûr de ce qu’il était en train de faire, il se rapprocha en silence pour se coller derrière lui, ses bras se croisant sur son ventre. Il le sentit se figer, mais il était trop tard pour reculer, alors autant aller jusqu’au bout ; il murmura :


- Tu m’as manqué....


Ainsi collé contre son dos, il pouvait se souvenir de son odeur, sentir sa chaleur contre lui. C’était ennivrant, mais il se recula bien vite pour s’isoler dans sa chambre, sans rien dire de plus. Ceci dit, il ne pensait pas avoir mal fait. Il l’aimait, et ne voulait pas le heurter, mais il était grand temps de lui faire comprendre que ça n’avait que trop duré. Il voulait arrêter de jouer aux simples amis. Il ressortit de sa chambre un peu plus tard, pour prendre une douche, légèrement déçu que Raphaël ne soit pas passé avant lui, puis alla le rejoindre sur le canapé, devant la télé. Il ne dit rien de spécial, ne fit aucune allusion, se contentant d’agir naturellement, comme s’il n’avait rien à se reprocher, ce qui était le cas.


Ainsi, la vie reprit son cours, presque normalement. Presque, puisque la mentalité d’un des deux coloc’ avait été changée. Le lendemain, Raphaël vint lui demander de l’aide pour son devoir de mathématiques, ils s’installèrent donc tous les deux à la table à manger, l’un à côté de l’autre, et le cours commença. Heureusement, il avait tout de même progressé en la matière depuis le début de l’année, grâce aux nombreuses fois où Cyril l’avait aidé ; et puis, il faut avouer que c’était un bon professeur. Il fallut donc moins de temps qu’à l’accoutumée pour que l’élève comprenne. Ce qui ne l’empêcha pas de papilloner comme à son habitude, et de parler de sujets qui n’avaient rien à voir avec les matrices.


- J’ai vu que tu avais réparé le placard de la cuisine, c’est beaucoup mieux.


- J’ai aussi ajouté des étagère dans le débarras, tu verras.


- Ah, ah. Tu t’es éclaté, ma parole.


"J’étais tellement désespéré de ton absence que je me suis réfugié dans la télé et le bricolage" Cela, il ne pouvais pas l’avouer. Alors il reprit son air mi-bougon, mi-blasé.


- Concentre-toi....


Quand ce fut fini, et que Raphaël le remercia en souriant, celui-ci remarqua son regard posé sur lui, presque pesant. Il demanda en toute innocence :


- ...Quoi ?.


- J’ai envie de t’embrasser.


- ?!!


Il n’eut pas tellement le temps de répondre, croyant d’abord qu’il plaisantait, mais son regard ne semblait pas trahir une quelconque blague. Et les évenements de la veille ajoutés à cela lui firent très vite comprendre qu’il était sérieux. D’autant plus qu’il s’approchait déjà de lui pour saisir ses lèvres. La main de Cyril passa derrière sa nuque, caressant ses cheveux du bout des doigts, tandis que ses lèvres finissaient par lui faire ouvrir les siennes, l’embrassant d’un vrai baiser, emplit d’amour. Il se recula doucement en le regardant encore un instant, avant de se lever de sa chaise, se dirigeant vers la porte.


- Je vais au bureau de tabac, tu veux quelque chose ? Un magasine ?


Il le savait amateur entre autre de magasines ciné. Mais il n’eut pas la réponse à laquelle il s’attendait ; en effet, Raphaël avait bien compris qu’il ne descendait pas pour aller acheter des magasines.


- Interdiction de fumer ici. Pourquoi t’as repris, d’abord ?...


Cyril lui avait déjà dit qu’il avait arrêté de fumer péniblement deux ans auparavent. Il était arrivé à la porte, et l’avait ouverte, quand il se retourna pour lui répondre :


- Je te l’ai dit. Tu me manquais trop.


Il referma la porte immédiatement, se sentant misérable de s’exposer ainsi. Ce n’était pas son genre, ce n’était pas lui. Raphaël, toujours assis, poussa un soupir et enfouit sa tête dans ses mains. Ce changement de comportement le perturbait un peu. Est-ce que son absence l’avait affecté à ce point ? Lui qui était si friand de sa tranquilité ? Il pensait lui rendre service en le laissant seul pour les vacances, et que chacun aurait ce qu’il voulait : la solitude pour l’un, l’agitation familliale pour l’autre, sans personne pour venir lui grogner dessus. Mais ça ne s’était manifestement pas passé comme il l’aurait souhaité. En effet, maintenant qu’il était revenu et avait revu Cyril, et compris à quel point il lui avait manqué, il pouvait s’avouer que, malgré le fait que sa famille ne lui avait pas laissé un seul moment de repos, il avait tout de même trouvé le moyen de s’ennuyer de lui. Quelques fois. Toutes petites fois. Il se leva, rassembla sees affaires et alla les ranger dans sa chambre, entendant au même moment Cyril qui rentrait. Quand il revint dans la cuisine, ce fut pour se servir à boire. Mais alors qu’il sirotait son ice tea, il remarqua que Cyril était sur le balcon, accoudé à la balustrade, une cigarette à la main et les yeux dans le vague. Cette image lui rappela sa mère, et le fait qu’elle s’était elle-même remise à fumer suite à un accident de voiture traumatisant, où elle avait faillit perdre la vie. Il posa son verre, doucement, puis le regarda encore un instant, avant que celui-ci ne tourne la tête et que leurs regards ne se croisent. Sauf qu’au lieu de détourner les yeux, comme il l’aurait fait habituellement, cette fois, Raphaël s’avança vers lui d’un pas décidé, ouvrit la porte fenêtre, et sans même lui adresser un mot, lui retira sa cigarette de la bouche et l’envoya valser quelques étages plus bas. Cyril lui dit, de sa voix la plus calme :


- Tu sais combien ça coûte ?


- La peau des fesses. Alors tu ferais bien d’arrêter.


Il ressortit le paquet de sa poche, ainsi que son briquet. Mais l’autre continuait sur un ton qui se voulait détaché :


- Surtout que tu risques pas de m’embrasser à nouveau si tu pues la clope.


Ah, touché. Cyril releva la tête, et le regarda un instant, avant de répondre, un demi-sourire aux lèvres :


- ...Si j’ai le droit à un baiser pour chaque jour passé sans cigarette, j’arrête sur le champ.


Joignant le geste à la parole, il lança par dessus bord son dernier paquet et rangea son briquet, ce qui fit apparaître un grand sourire sur le visage de Raphaël, qui vérifia que personne ne se l’était pris sur le coin du crâne, avant de répondre :


- Oui, bon, pour ça, on verra, hein.....





VIII. Tranquilité ?



Se sevrer de sa dépendance à la cigarette, en l’échange de baisers, cela lui semblait plus qu’équitable, quitte à ce que cela ne devienne aussi une forme de drogue. Mais Raphaël ne semblait pas prêt à remplir sa part du marché. Il fut pourtant contraint de la remplir malgré tout. Mais ce qui était drôle à voir, c’était qu’en la matière, les rôles semblaient inversés : c’était lui qui jouait au grognon, refusant au premier abord d’embrasser son compagnon qui pourtant faisait de son mieux pour ne pas céder à la tentation de refumer, alors que c’était Cyril qui le pressait. Mais au fond cela amusait Raphaël qu’il vienne lui réclamer son dû chaque jour, et il finissait par se laisser faire. Et après quelques temps, cela ne semblait plus être une grosse contrainte...


Ainsi, même s’ils étaient probablement loin d’être prêts à annoncer à quiconque qu’ils étaient en fait un couple, leur vie à l’intérieur de leur petit nid se faisait finalement (et enfin) de plus en plus douce. Ils n’avaient plus le sentiment d’être idiots ou fautifs en quoi que ce soit quand ils étaient ensemble, ils se sentaient juste bien. Et petit à petit, ils se laissèrent aller à de petits gestes, des petits riens, qui pourtant faisaient toute la différence ; outre les baisers réclamés en échange du sevrage de Cyril, ils parvenaient à se sourire d’un air complice, à regarder la télé ensemble sans être chacun reclu à un bout du canapé, etc. Et ils allaient à nouveau au cinéma ensemble, où, par ailleurs, Cyril s’était même endormi sur l’épaule de son compagnon pendant un film. Raphaël avait été surpris mais l’avait laissé dormir pendant l’heure restante, jusqu’au retour des lumières dans la salle, moment auquel il avait été obligé de le réveiller.


Cela dura un mois et demi ; un mois et demi de bonheur partagé, jusqu’à ce que Cyril sorte de la salle de bain, marchant droit vers Raphaël avec un air étrange, portant pour seul vêtement une serviette nouée autour de sa taille. Arrivant devant le canapé, il se fixa devant son colocataire qui le regardait en se demandant ce qu’il voulait bien lui annoncer, d’un air si déterminé.


- Tu restes là pour les vacances, hein ?


Raphaël explosa de rire face à un tel sérieux, qui ne collait aucunement avec la situation dans laquelle ils se trouvaient. En fait, Cyril venait juste de réaliser qu’il restait moins d’une semaine et demi avant les prochaines vacances.


- T’étais obligé de me demander ça maintenant, et dans cette tenue ?


En effet, outre le fait qu’il ne portait qu’une serviette, l’eau dégoulinait encore de ses cheveux blonds sur son torse, certes appétissant. Il sourit et lui demanda ironiquement :


- Ou alors tu pensais que ça ferait pencher la balance pour un oui ?


- Ca me fait penser que j’ai pas eu mon baiser du soir, moi... dit-il en répondant à son sourire.


- Va t’habiller, et on verra après si t’es sage.


Quand il revint, il avait passé un peignoir, et réclamait une réponse à ses deux problèmes. Raphaël le prit par la main et l’attira contre lui sur le canapé, pour l’embrasser doucement.


- Mais oui, je reste.


Il sourit après avoir répondu, tout en se retenant de lui demander pourquoi lui ne retournait jamais chez ses parents, ne voulant pas risquer de briser l’instant de tendresse qui se nouait entre eux. Cyril était heureux de se sentir enfin accepté dans le cadre d’une relation amoureuse, qu’il avait pourtant lui-même eut tant de mal à laisser naître ; même les vacances ne viendraient pas troubler leur relation, cette fois-ci. Il était plus ou moins plongé dans ses pensées quand il se rendit compte que son aimé avec un air étrange.


- Qu’est-ce qu’il y a ?


-... mm-rien...


Raphaël baissa la tête en détournant le regard, comme s’il eut été gêné, et c’est en suivant le trajet qu’avaient parcouru ses yeux qu’il se rendit compte que sa main était tout naturellement venue se poser sur le haut de sa cuisse, et la caressait doucement à travers son pantalon. Son premier réflexe fut de l’enlever de là, se demandant ce qui avait bien pu le prendre.


- Désolé ! Je ne pensais pas...


- ...Non... C’est pas grave...


Cyril fut assez surpris de la réaction du jeune homme, mais... Pas grave ? Cela voulait-il dire qu’il pouvait continuer alors ? Se penchant à nouveau sur lui, il vint cueillir ses lèvres avec une infinie tendresse, le serrant subtilement contre lui, sentant son corps se réveiller à ce simple contact... Il en souhaitait plus, mais n’osa pas continuer. Pourtant, ce fut la main de Raphaël qui vint se perdre doucement dans son dos, remontant un instant dans ses cheveux avant de redescendre. Lachant ses lèvres, Cyril croisa son regard, comme pour sonder ses désirs, et le vit rougir légèrement. Le rouge était-il un feu vert ? Déjà, sa respiration s’accelérait légèrement, comme sa main revenait se poser au même endroit que précédement, caressant doucement sa cuisse à travers le tissu de son jean, qui devenait indésirable. Raphaël semblait un peu tendu, mais ne disait rien. Venant embrasser son cou fin avec délicatesse, Cyril lui demanda :


- Je peux... te toucher ?...


Le brun devint automatiquement tout rouge à cette question, mais acquiesça d’un léger signe de tête, une moue gênée visible sur son joli visage. Avalant discrètement sa salive, l’homme n’attendit pas beaucoup plus longtemps avant de venir déboutonner son pantalon, et le laisser glisser le long de ses jambes. C’était... très étrange comme étape dans leur relation, mais il avait envie de le toucher, comme il l’vait fait la toute première fois. Non, il voulait le toucher mieux que ça, il voulait être parfaitement sobre et en retenir chaque détail. Baissant les yeux, il s’apperçut qu’il n’était pas le seul à avoir un début d’érection dans la pièce...Rattrappant les lèvres du jeune homme pour ne pas montrer les expressions que son visage avait à offrir, tant la gêne que le plaisir, honteux pour ainsi dire, Cyril laissa sa main vagabonder sur son corps avant de descendre droit au but, et de se saisir doucement de sa verge, écartant le boxer. Commençant doucement son travail, il osa demander :


- Tu peux.... aussi...


C’était extrêmement embarrassant, mais il en avait envie... Sur sa demande, Raphaël passa timidement sa main par dessous le peignoir, découvrant le territoire pour la première fois, le touchant du bout des doigts. Mais alors que celui-ci se sentait prêt à jouir, sous les attentions qui lui étaient données, une sonnerie retentit. S’écartant d’un bond, rouge comme jamais et dépaysé, Raphaël se souvint que Gregory devait dîner avec eux ce soir là... Je vous laisse imaginer le blanc et la tension palpable quand celui-ci arriva quelques minutes après dans l’appartement, sans bien comprendre pourquoi ces deux-là se comportaient étrangement !...




IX. Jalousie



Autant dire que la vie de couple de ces deux là commençait à prendre un nouveau tournant. Le désir les rattrapait malgré eux. Mais après tout, c’était bien lui qui avait mis leurs sentiments à l’épreuve pour finalement les mettre à jour... Il n’allait pas s’arrêter de sitôt ! Subtiles caresses, regards plus ou moins cachés, baisers plus ou moins passionnés... leur vie sexuelle se mettait en marche doucement, à leur rythme. Cependant, deux semaines plus tard, soit au début de leurs vacances, un certain événement aller les dérouter...


- Aaaaaaaaaaaaaah !!!


Cyril leva la tête de son livre en entendant un cri d’effroi parvenir à ses oreilles, suivit d’un claquement de porte. Mais il n’eut pas le temps de se lever que déjà son colocataire déboulait en furie dans sa chambre.... tenant tout juste dans sa main une serviette humide. Il s’empressa néanmoins de faire écran avec elle pour ne pas paraître indécent.


- Qu’est-ce qu’il y a ??


- C’est horrible, y’a ce... truuuc !!! Dans la salle de bain ! >___<


Raphaël en perdait les mots. Essayant de garder son sérieux pour ne pas rire, son compagnon le rassura en disant qu’il allait s’en charger. Prenant sa corbeille à papier dans une main, il pénétra sur le lieu du crime, entrebaillant légèrement la porte pour surprendre... une petite souris. Se mettant à rire malgré lui, il utilisa sa serviette pour la piéger avec habilité dans la poubelle, et alla la libérer dans la cage d’escalier. Il n’avait pas le cœur à la tuer, la pauvre ! Revenant dans sa chambre, il trouva Raphaël toujours à l’affut, debout sur le lit. Se retenant pour ne pas sourire à cette vue, il retira ses chaussures et le rejoint sur son lit, le prenant dans ses bras.


- C’est bon, elle est partie...


Ne le laissant pas parler, il l’embrassa doucement. Sous ses doigts, il pouvait sentir la peau douce mais froide de son compagnon. Sans même qu’il ne s’en rende compte, il commençait déjà à le caresser subtilement, comme pour le rassurer tout en le réchauffant. S’accrouppissant, il entraîna Raphaël avec lui, et ils se trouvèrent bientôt à genoux sur le lit, à s’embrasser, se toucher doucement. Mais ce fut à peu près à ce moment là que la main de Cyril passa sur les fesses du jeune homme, tandis qu’il murmurait à voix basse, les yeux embués de désir :


- J’ai envie de toi...


Il put sentir le corps tout entier de son compagnon se rétracter d’un coup.


- Quoi ?


- Pourquoi moi ? Raphaël répondit, les joues rouges. Devant l’air ahuri de Cyril, il s’explicita :


- Pourquoi ce serait moi qui serait pris ??


Abassourdi par une question qu’il n’avait pas vue venir, il ne trouva rien d’autre à répondre que :


- Quoi ? Tu es gay, non ?


- Et alors ?? Toi aussi tu es gay non ? C’est toi qui veux me la mettre !


... Tu me prendra le jour où tu seras prêt à en faire de même pour moi....


Raphaël rattrappa sa serviette et sortit de la chambre sans un mot de plus.



Inutile de préciser que les jours qui suivirent furent à nouveau assez... tendus. Même s’ils faisaient de leur mieux pour ne rien laisser paraître aux yeux des autres et notamment de Gregory, et tentaient de manger ensembles, quelque chose avait été tourné irrémédiablement, et ils n’arrivaient plus à se regarder franchement en face, ni à avoir de vrai discussion. Et oui, ces deux idiots ne s’étaient pas encore véritablement posé la question de « qui ferait quoi » une seule fois... Deux semaines de vacances tranquilles à être heureux ensembles ? Et bien... pas vraiment ! Mais le summum fut atteind quelques jours plus tard...


Cyril venait de rentrer de chez un camarade de classe, avec lequel il avait un projet scolaire à faire. Alors qu’il venait juste de passer la porte, quelque chose le choqua tout de suite. Il ne savait pas vraiment quoi, mais il y avait quelque chose d’anormal. Ce ne fut qu’une fois rentré que des rires et des voix provenant de la chambre de Raphaël parvinrent à ses oreilles. Haussant les épaules, il se dirigea vers sa propre chambre pour finir le travail qu’il avait en cours. Cependant, après plusieurs minutes passées sans parvenir à se concentrer, il jeta l’éponge, et retourna dans la salon pour allumer la télé, fortement enervé d'être ainsi dérangé. En passant devant la porte de son colocataire, il vit que celle-ci n’était pas fermée, d’où le bruit inhabituellement fort qui en sortait, mais surtout que Raph était avec un jeune homme blond aux cheveux court, d’après ce qu’il avait pu apercevoir. Mais encore une fois, les voix, les éclats de rire, semblait couvrir le son du film qu’il tentait de suivre. Il dû augmenter le son de plusieurs barres pour réussir à entendre à peu près. Mais ce n’était pas franchement agréable à regarder, pour être franc. Et puis surtout... Entendre les deux autres se marrer comme ça, c’était... insupportable. Ca lui tappait sur le système à un point immpossible.


Alors il finit par laisser tomber, et éteignit tout pour aller chercher sa veste dans sa chambre, bien décidé à aller prendre l’air. Mais en repassant devant la porte entrouverte, il cru voir quelque chose qui le frigorifia sur place. Les rires s’étaient calmés, et... C’était un corps nu qu’il appercevait ?? non... Décontenancé, il poursuivit sa route jusqu’à sa chambre... Mais, non. Il ne pouvait pas laisser passer ça. Il revoyait cette image dans sa tête. Les mains de son aimé sur le corps nu d’un autre, allongé lascivement sur le lit. Alors, c’était ça ? Il se faisait tout bonnement remplacer pour un petit différent sexuel ?... C’était si important que ça ? Jaloux à en crever de se voir ainsi remplacer par un blondinet au rire insupportable, Cyril déboula chez son colocataire, pour y vider son sac :


- Je suis prêt à tout pour toi, mais je te jure si tu fais quoi que ce soit avec ce type... je... je pourrais jamais te pardonner !


Attendant déjà une réaction, il s’arrêta là. Mais... Emporté par ses passions, il s’apperçut seulement à ce moment précis que...


- T’es gay ??!


Ceci replaça le contexte dans une toute autre situation... Cyril et Raphaël eurent droit à une petite conversation en tête à tête juste après avoir laissé le petit blond perplexe de côté.


- Espèce d’abruti ! C’est mon frère !! J’étais en train de lui faire un massage !


- Mais... Je l’ai vu nu et toi en train de le toucher et...


- Torse nu ! Torse nu ! nuance !! Je suis fiché pour toute ma famille maintenant... disait-il en prenant sa tête entre ses mains.


- Mais j’ai cru... Et tu m’en voulais tellement... J’ai eu tellement peur... Et... et tu m’as jamais dit que tu m’aimais...


Sa voix se cassa sur cette dernière phrase... Et Raphaël n’eut d’autre choix que de venir consoler le grognon au grand cœur, le prenant dans ses bras sans rien dire, juste pour le rassurer...


- C’est pas que, mais en fait mon train va pas tarder... Deux têtes se tournèrent.


- Thomas !! Je t’ai dit de rester là-bas !


- Désolé, c’était trop tentant, vous êtes trooop mignon, ahaha !!


- Dehors !!



Au final, Cyril garda la maison tandis que son compagnon accompagnait son frère à la gare. En rentrant dans le train, celui-ci lui glissa avec un clin d’oeil :


- Au fait. Ca à l’air d’un type bien... Alors bonne chance !


Laissant un Raphaël tout gêné sur le quai. En rentrant, il se blottit silencieusement dans les bras de celui qui l’attendait toujours sur le canapé. Ce qu’il n’avait pas osé dire, c’était tout simplement qu’il ne se sentait pas encore prêt pour passer à l’étape suivante....




X. Bonne nuit...



Cyril ouvrit les yeux car il avait sentit qu’une masse était penchée sur lui.


- Hmmm ?


Se rendant compte qu’il s’agissait de Raphaël, il fronça les sourcils.


- Quoi ?


Le jeune homme se colla à lui par dessus sa couverture, l’écrasant presque au niveau du ventre. Avec un sourire enfantin mais quelque peu gêné, il demanda :


- Si on faisait l’amour ?....


- Non.


La réponse était catégorique. Avec une moue boudeuse, l’autre s’enquit :


- Pourquoiiii ?


- Parce que t’es complètement saoûl...


- Même pas vrai !


Cyril soupira et lui demanda :


- Tu te souviens comment tu as attérit dans ton lit avant de te réveiller ?


- ... Tu m’as ramené et tu m’as abandonné pour aller déposer Gregory


- ...... ... Et tu te souviens que tu m’as embrassé devant tout le monde en plein milieu de la soirée ?


- Hein ?


- ... Raph... va te coucher...


- Je croyais que t’avais envie de moi...


- C’est pas la question. Je vais pas profiter de toi tant que tu seras bourré. Ni toi ni moi aurons à me reprocher ça, au moins.


Raphaël sembla réfléchir une seconde puis sortit de la chambre. Cyril poussa un soupir et se tourna sur le côté pour poursuivre sa nuit. Mais entendant un bruit étrange venant de la salle de bain, il se leva pour aller vérifier ce qu’il s’y passait. Ouvrant la porte, il trouva Raphaël en caleçon sous la douche.


- Mais qu’est-ce que tu fais ?


- Je désaoûle !


Cyril ne put retenir un petit rire face à l’air sérieux de son colocataire, qui pourtant semblait déjà plus frais.


- Sors de là, tu vas attraper froid.


Et c’est avec un contentement non dissimulé que celui-ci se jeta sur la serviette qui lui était tendue. C’est qu’il l’avait prise glaciale, en plus, cette douche ! Il se laissa frictionner le corps avec plaisir, se réchauffant peu à peu. Puis, relevant la tête légèrement, il attrappa les lèvres de son vis-à-vis.


- Raph...


- S’il te plait... J’ai envie que ce soit ce soir...


Aïe aïe aïe... Quand il faisait cette mine là, impossible de lui résister. Et puis, c’était vrai que ce soir, c’était son anniversaire. Raphaël avait même refusé de faire la fête avec sa famille pour pouvoir rester avec lui. Poussant un soupir, Cyril déposa alors un smack sur les lèvres de son vis-à vis, avant que celui-ci ne l’entraine dans sa chambre avec la serviette toujours dans la main.


C’est avec une main légèrement tremblante qu’il lui enlèvera son caleçon tandis que l’autre garçon lui retirait son pyjama. Il marqua une pause, ne sachant comment procéder, que faire. Bref, il n’en menait pas large, les paroles de son amant avait proféré lors de sa dernière tentative lui revenant en tête... Mais il n’eut pas à rester indécis bien longtemps, son colocataire l’embrassant doucement tout en l’entrainant sur le lit. Laissant son instinct prendre le dessus – d’autant que lui-même avait ingéré un petit peu d’alcool – Cyril laissa ses mains vagabonder sur la taille fine de son amant, qui avait cessé le baiser pour venir mordiller son cou. Les caresses se firent de plus en plus chaudes, brûlantes, puis intimes, les rythmes cardiaques s’accélérant, les respirations devenant plus nettes, jusqu’à ce que Raphaël laisse son partenaire en plan pour se pencher vers sa table de nuit, en sortant des préservatifs et du lubrifiant. Celui-ci ne put s’empêcher de penser aux anciennes amantes qui avaient dû le voir faire la même chose en voyant que le tube étaient déjà ouvert. Mais il oublia vite cette pensée à la vue des joues rouge et de l’air honteux de Raph, qui lui demanda alors :


- Utilise le sur moi...


Légèrement surpris, mais non moins soulagé, le jeune homme lui répondit :


- Tu... tu veux ?


Que cela se passe si facilement après tout le foin qu’il avait la dernière fois était un mystère pour lui, qui pensait devoir se donner en premier à cause de cela. Rassuré, il comprit seulement à ce moment là que la fois précédente n’avait été qu’une défense, car son amant n’était alors pas encore prêt à passer ce cap. Laissant un sourire s’emparer de son visage, il l’embrassa pour le remercier et le rassurer à la fois, se collant contre lui pour le coucher en arrière. Ses mains parcouraient son torse et il sentait celle de Raphaël dans son dos ; il lacha ses lèvres pour faire descendre ses baisers dans son cou, sur son torse, déviant sur un têton mais n’osant aller plus bas. Ses doigts caressaient sa peau et parvinrent à sa verge, déjà bien dressée à cause des caresses précédentes. Ne s’arrêtant pas là, ils passèrent entre ses cuisses pour atteindre l’orifice qui s’y trouvait, Raphaël soulevant le bassin pour en faciliter l’accès. Cyril passa plusieurs longues minutes à le préparer, le lubrifier avec le produit, de peur de devoir l’entendre gémir de douleur par la suite. Mais en attendant, les bruits qu’il entendait n’étaient pas déplaisants, au contraire, et il prenait plaisir à regarder le visage de celui qu’il aimait changé par le désir. Tout du long, les deux jeunes gens se masturbèrent mutuellement comme il l’avaient déjà fait auparavent, ce qui eut pour effet de faire jouir le petit brun avant toute pénétration. Rouge jusqu’aux oreilles, celui-ci s’excysa, et Cyril le rassura d’un tendre baiser, avant d’essuyer le sperme avec la serviette qui trainait à portée de sa main. L’expression qu’il avait captée en une demi fraction de seconde l’avait boosté plus que jamais, et il l’attrappa par les cuisses pour le tirer à lui. Déchirant l’emballage de la capote d’une main fébrile, il l’enfila sur son membre plus que jamais tendu avant de le présenter à l’entrée des fesses de Raphaël. Voyant qu’il n’était pas rassuré, il se colla à lui pour l’embrasser doucement, murmurant ensuite à son oreille des mots tendres. Finalement, il entra en lui, lentement, le sentant se crisper dans ses bras en lachant un gémissement dont il ne savait si c’était de la douleur ou du plaisir. A dire vrai, son colocataire ne le savait pas non plus. Mais quand les vas et viens commencèrent alors qu’il mordillait son épaule, il tacha de se détendre, et très vite le plaisir l’emporta pour son plus grand bonheur, comme en témoignèrent les gémissements qui s’échappaient malgré lui de sa gorge...


Quelques minutes et un orgasme chacun plus tard, les deux hommes épuisés se nichèrent l’un contre l’autre pour s’endormir paisiblement, laissant leurs corps se remettre de cette nouvelle expérience.


Pourtant après une demi heure, Raphaël, collé au corps brûlant de son partenaire, n’arrivait toujours pas dormir à cause de la sensation encore trop vive au creux de ses reins. Il poussa un soupir puis embrassa l’épaule à sa portée, chuchotant doucement avant de se caller encore plus contre Cyril:


- Je t’aime...


Fermant les yeux, il n’apperçut pas le sourire s’agrandir sur le visage de son colocataire, qui ne dormait en réalité pas encore non plus....



Ze end.