Titre : Yochimu


Auteur : Myushi et Val-Rafale


Série : Originale


Genre : Yaoï. Fantastique / Intrigue / Action.

Résumé : Cinq anciens amis se retrouvent après avoir reçu une invitation. La joie est de mise et les souvenirs avec. Mais tout se complique quand leur réalité se change en étrangeté et que leur monde change pour devenir fantastique. Que se passe t’il ? Quelle est cette légende qui les a entraîné dans cet univers ? Que de question, et la réponse se trouve au fond de chacun d’eux… Et dans le monde de Yochimu !


~ Pensée ~



Yochimu


Chapitre 04 - Les pièces se révèlent





Mugen n’avait que faire de l’agitation qui régnait dans le château à l’annonce de l’arrivée des étrangers dans leur monde. Il n’attendait que ça, l’arrivée de ces cinq personnes pour commencer à mettre en route un plan qu’il avait imaginé il y a fort longtemps déjà. Les moindres détails, les moindres faits avaient déjà été programmés. Il n’était pas question d’échouer. D’ailleurs cela n’avait même pas effleuré l’esprit du sorcier qui ne connaissait pas ce mot au final. Pour lui tout était parfait. L’annonce de cet écuyer avait embellie sa journée à un point que personne ne pouvait se douter. Dans sa pièce réservée, loin de tous, où nul n’avait accès, le démon des lieux commençait à s’activer avec une certaine énergie, presque impatiente, afin de découvrir le visage des visiteurs. Le roi, lui même, ignorait ce qui se tramait dans cette pièce. Ayant déjà essayé une seule fois d’y pénétrer, c’était la peur qu’il avait rencontré lors de cette tentative. Ce qu’il y connut, le dissuada de recommencer pour plusieurs vies à venir. Ce qui arrangeait pas mal les choses pour notre homme, qui n’aimait guère que le roi s’interpose dans ses affaires. Retournant à sa recherche, Mugen voulait les voir avant tout le monde, que ce soit le visage du futur roi élu ou des piliers. Car il savait parfaitement que si un piliers devenait sien, le roi désigné par la légende serait perverti et donc, un peu sien. Son but premier restait donc de trouver les piliers, les mener à lui, pour enfin avoir le pouvoir par l’intermédiaire de l’élu. Il avait tout prévu, tout calculé. Rien n’était laissé au hasard, pas même le minuscule insecte qui pourrait tout faire échouer.



Alors qu’il préparait les ingrédients qui lui permettraient de voir en direct les inconnus, il révisait son scénario, afin de ne rien oublier. Il y avait bien une chose que Mugen détestait plus que tout, c’était bien l’erreur. Qu’elle soit de lui ou d’un subornée, il avait du mal à l’accepter. D’ailleurs, malheur à celui qui venait lui annoncer un échec, la mort étant le châtiment favori du mage sombre. Terminant sans mal le sort qui lui permettrait de jouer les voyeurs, l’homme se mit en place afin d’observer à loisir les petites brebis qu’il comptait bien mener à l’abattoir. Il prit place dans un siège de bois, renforcé avec du tissu de velours noir, gravé de ruines anciennes, langage perdu depuis la nuit des temps, mais pourtant connu du sorcier. Une fois bien installé, sa voix s’éleva, assez rauque, froide, mais en même temps hypnotique, et une incantation fut prononcée, offrande à l’obscurité.



- Oronar telemmaitë elrohir anwamanë. Lamalas cúthalion aerandir narmolanya lenwë súrion rúmil linwëlin ! » [1]



Les mots furent à peine formulés que, devant le mage sombre, un miroir sans consistance apparu. En son sein, on pouvait voir apparaître des silhouettes qui au premier abord étaient floues, mais qui se consolidèrent et devinrent net assez rapidement. Satisfait de ce qu’il voyait, Mugen, d’un geste de la main, se focalisa sur une scène, un couple, deux jeunes accompagnés d’une chimère. Ces derniers avançaient avec rapidité, bien que l’un semblait supplier l’autre de ralentir un peu, ses pieds le faisant souffrir plus que de raison. Satisfait le sorcier laissa un sourire se figer sur son visage pourtant glacial. Ses prunelles noires s’illuminèrent d’un rouge peu engageant alors qu’un autre zoom provoqué par un geste de la main s’effectuait.



- Voici donc le pilier de la protection et de la force. Intéressant. Amusant… Il a déjà trouvé son symbole. »



Souriant toujours de façon étrange l’homme passa à une autre scène, s’intéressant à une paire d’oreille, une queue, mais également à un bébé dragon qui ne quittait pas un jeune homme…



*****



L’agitation dans le nord se faisait de plus en plus en plus pesante. L’ordre avait été donné : Trouver les étrangers et les emmener au Roi. Mort ou vif. Plus mort que Vif d’ailleurs. Ce qui n’arrangeait pas les Iden, le groupe de rebelles en place, destiné depuis plusieurs générations à guider les élus. Mais cela inquiétait aussi Stephen qui guettait avec le regard d’un père l’entrée du petit village où il était. Aerandir n’était pourtant pas un lieu vraiment agité. Cependant, depuis cet ordre royal, tout devenait extrêmement compliqué. Et Davis qui n’arrivait toujours pas. Ce qui inquiétait de plus en plus l’homme. Qu’était-il arrivé à son ami ? Où était-il ? Etait-il devenu prisonnier des ennemis ? Toutes ces questions tournaient dans la tête du brun, sans pour autant obtenir de réponses. N’aimant pas cette sensation, le chef des rebelles faisaient des allers retours entre la sortie du village et un banc non loin, hésitant entre partir à la recherche de son bras droit, ou attendre patiemment que ce dernier arrive. Qui sait, Davis pouvait simplement être retardé. Stephen ne savait vraiment pas.



La scène dura ainsi presque deux heures. L’homme faisait des allers venus entre les deux points. Il fixait l’horizon avec angoisse. Cela aurait pu perdurer de longs moments encore, si le regard de Stephen n’avait pas été attiré par un groupe armé qui arrivait dans sa direction. N’aimant guère cela, ce qui se comprenait dans sa situation, le chef des Iden décida que le moment de quitter le village, était venu. Erreur ou pas, il n’avait pas vraiment le choix. Les évènements bougeaient trop vite comme l’agitation, dans le coin, devenait trop risquée. Il devait à tout prix trouver Davis avant que ce dernier ne tombe dans le piège qui était entrain de se tisser. En espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard. Le brun était dans cet optique quand un cri derrière lui se fit entendre. Surpris, sur le point de quitter les lieux, il se tourna sur lui-même afin de voir ce qu’il se passait. Bien mal lui en avait pris. Car en l’espace de quelques secondes tout bascula…



- Laissez-moi ! Je ne sais rien… Laissez-moi ! » Hurlait une voix féminine, tout en tentant de repousser les mains qui tentaient de la saisir.


- Viens ici ma belle. Je suis certain que tu sais un tas de choses. Et que tu vas te faire un plaisir de nous apprendre ! Pas vrai les gars ? » Demanda le militaire à ses collègues, avec un sourire repli de sous-entendus.


- Ouais, ouais… un tas de choses ! » Fut leur réponse, tous avec un sourire béat…


- Je ne sais… » Commença à rétorquer la jeune femme avant d’être subitement coupée.



Elle vit le soldat qui la tenait, voler pour s’écraser un peu plus loin sur le sol. Les autres soldats réagirent et foncèrent droit vers leur agresseur. Agresseur qui se débarrassa de ses assaillants en moins de temps qu’il en fallait pour dire « ouf ». Epée au poing, il semblait être un autre homme. Son sourire qui restait figé en temps normal sur son visage, avait disparu pour laisser place à une froideur qui glaçait le sang. Loin d’être découragé par la mimique de Stephen, le premier soldat qui avait été mis à terre, le plus gradé semble-t-il, se redressa et fixa le chef rebelle avec un sourire acidulé.



- Alors comme ça on veut jouer les chevaliers servants ? Tu sais ce qu’on fait aux chevaliers ? »


- Rien de bien effrayant si je me fis à ce que je vois. » Informa toujours aussi froidement le brun.


- Vas-y, moques-toi pendant que tu peux encore. Après tu supplieras qu’on te laisse la vie sauve. » Fit avec sarcasme le supérieur des soldats.


- Hm… Et bien montrez-moi ça ! »



L’Iden eut à peine fini sa phrase qu’il se retrouva attaqué, en traître, par un homme derrière lui. Loin d’être idiot, l’ayant vu venir, cela était tellement digne de l’armée royale, Stephen esquiva le coup en faisant un pas sur le côté, causant – malencontreusement ? – un carambolage entre deux ennemis. Un blessé et l’autre sonné, il ne restait plus que deux adversaires à notre rebelle. Bien décidé à en terminer au plus vite avec ces derniers, ne tenant pas à ce que les renforts qu’il avait vu à l’entrée du village, n’arrivent, il se mit en position. Au bout de quelques mouvements épéistes, la victoire était faite.



- Rentrez donc au palais, et laissez les habitants de Aerandir en paix. » Avertit Stephen, tout en rangeant son épée d’un geste simple.



Soupirant, l’homme se tourna vers la jeune femme qui n’avait pas bougée. S’approchant de cette dernière, il la vit reculer d’un pas, assez farouchement. Ce qu’il comprenait parfaitement. D’ailleurs, à ce moment précis, le sourire revint sur le visage du brun, en même temps qu’il s’adressait à cette dernière.



- Ne vous inquiétez pas, je ne vous ferais pas de mal. » La rassura-t-il en souriant.


- Qui… Qui êtes-vous ? » Demanda la jeune femme qui se demandait si elle n’était pas dans un rêve éveillé.


- Personne ! Disons un ami ! Allez partez ! »



Il accompagna le geste à la parole avant de la fixer. Il la vit enfin bouger et courir en direction de la sortie Nord du village. Stephen songea que l’idée était bonne. Enfin elle l’aurait été si un groupe de soldat n’arrivait pas par ce côté. Ce qui aurait pu être une simple sortie discrète de Aerandir se révéla être un vrai casse pipe, où bien malgré lui, Stephen était entraîné. Ne tenant pas plus que cela à jouer encore une fois de l’épée. Profitant que certains hommes soient dans l’inconscience, le brun opta pour faire un petit détour. Sortir par le sud pour rejoindre le Nord. A ce rythme, il n’avait qu’à envoyer l’armée Royale au point de rendez-vous avec Davis et livrer ce dernier. Motiver par cette pensée, et ne tenant pas à perdre son ami et bras droit, le chef des Iden se mit rapidement en mouvement, quittant enfin le village, pour se diriger vers le Sud, loin de se douter de se qui se préparait dans l’ombre…



*****



Le voyage semblait s’éterniser. Ce qui n’aurait pas été un drame, si le silence avait été présent. Hélas, c’était loin d’être le cas. Au lieu d’avoir droit au calme tant mérité, Davis avait droit aux commentaires sans fin d’une pile électrique qui avait été humaine avant de franchir le pas de la porte des mondes. Dépité, le nomade laissait son compagnon continuer son long monologue. D’autres soucis le perturbaient, bien plus important que le bruit de son protégé. En premier lieu, il n’y avait plus d’eau… Ce détail dans un désert avait une certaine importance. Cependant, cela pouvait aussi se régler en tombant sur une oasis. Ce qui était plus inquiétant, était le temps qui ne semblait pas opportun… Le châtain voyait au loin le sable virevolter et s’agiter. Pas de doutes à avoir, une tempête de sables allait se produire. Tout cela accumulé amenait Davis à une seule question : Allait-il survivre à cette journée ? Pour le moment, la seule réponse qui s’imposait à lui était un non un peu hésitant. Il n’arrivait pas à savoir comment ils allaient survivre à une tempête de sable sans abri et sans eau. Soupirant devant ce fait, il arrêta sa monture pour en descendre, loin d’être suffisamment fou ou suicidaire pour entrer dans la tempête ainsi. Il fixa alors le pilier fatiguant et lui tendit la main, avec un air plus que sérieux. La situation était grave et le temps compté.



- Descends ! Nous devons nous mettre à l’abri ! » Informa le rebelle un poils agacé.


- Hein ? Mais pourquoi ? Je suis bien là. En plus c’est marrant de voyager sur un chameau. Et puis tu ne m’as pas écouté. Tu sais ce que je t’ai demandé ? Alors ?? Tu… » S’agita Shawn, le visage toujours aussi souriant.


- Silence à présent ! » Coupa le châtain en se massant les tempes. « Et obéis ! »



La voix, dure et autoritaire, rappela certainement, à Shawn, un certain brun glaçon car il se tut immédiatement et descendit du chameau sans la moindre protestation. Perplexe, Davis fixa le roux en se demandant bien par quel miracle il était arrivé à cette réaction. Cependant, il ne préféra rien dire et se mit en marche, guidant l’animal vers un lieu qu’il espérait être un abri. Il savait qu’il devait faire vite. Tout seul, cette tempête de sable n’aurait pas été un problème, mais avec un compagnon de voyage tel que Shawn, elle se révélait très vite être une épreuve de force. Et dire qu’il était avec le pilier de la nature. La situation avait quelque chose d’étrange…



- Dis ? Pourquoi tu es si inquiet ? C’est parce qu’il y a le sable qui vole ? Il ne faut pas se faire de soucis tu sais. Tu as dit que j’étais le pilier de la nature alors la nature ne devrait pas me faire mal. Non ? »


- Hm… J’ai dit silence. Et tant que tu n’as pas ton symbole, pilier de la nature ou pas, tu n’es pas protégé. Alors suis-moi et surtout ne t’éloignes pas !! »


- Mais… »



Shawn cessa ses protestations quand son regard vert croisa celui de son guide. Il savait que lorsqu’il avait à faire à ce genre de regard, tout était plus que sérieux. Soupirant, boudant presque, il suivit donc son compagnon, se demandant bien où il les amenait comme ça. En plus, il marchait en direction de la tempête de sables. Le roux manqua de le signaler avant de se souvenir du regard, il se contenta donc d’observer le paysage désertique droit devant lui, pour enfin voir la raison de cette destination. Il y avait une sorte d’amas de pierres, comme une grotte jaillit de nulle part, mais sans être une grotte. C’était vraiment intriguant vu de là… Mais ayant compris que pour le moment, il devait la garder la langue dans sa poche, il décida de garder ses questions pour lui et donc être silencieux. Silence qu’apprécia à son juste mérite Davis qui de son côté se demandait bien ce qui avait pu avoir un tel effet sur son compagnon non voulu. Enfin, il n’allait pas se plaindre non plus. Il profitait de cette accalmie pour atteindre au plus vite ce vestige du passé. Pour une fois que cette chose pouvait se rendre utile…



Silencieux, alors que la tempête se dirigeait vers eux, les deux hommes et le chameau bravaient le vent avec la volonté d’arriver très vite à ces ruines et ce, sans penser à la soif qui commençait à se faire sentir. Shaw restant étrangement calme et silencieux, malgré ce fait important, Davis se tourna sur lui-même, afin de voir si le pilier le suivait toujours pour soudain se retrouver face à l’évidence…



*****



Alexandre suivait toujours son frère qui s’entêtait à rester muet devant ses questions. Choses qui agaçaient quelque peu le cadet. Pourquoi agissait-il ainsi ? Après une courte réflexion, le brun se souvint que Vincent s’était toujours comporté de la sorte. C’était sa nature. Ce qu’elle pouvait être agaçante parfois… Alex avait besoin de ses réponses, c’était un besoin presque vitale pour lui de comprendre. Après tout, il était un scientifique, il en avait l’esprit et les réflexes. Mais ça, Vincent ne le voyait pas. Il continuait d’avancer avec cette étrange bestiole sur l’épaule qui semblait être aux anges. Franchement, un animal heureux d’être avec lui, c’était irréel. Dans quel monde étaient-ils tombés ? C’était une question qui pour le moment n’obtenait que des réponses aussi farfelues les unes que les autres. Et la présence de la chimère n’aidait vraiment pas à avoir des idées logiques.



Cependant, ce n’était pas l’animal qui inquiétait plus Vincent mais plutôt la situation des autres. Etaient-ils eux aussi tombés, aspirés dans un autre monde ? Cela ne faisait aucun doute. Vincent se souvenait parfaitement d’avoir vu d’abord Shawn se faire absorber, suivit de Gabriel et Andrew, ensuite lui et Alexandre puisqu’ils le suivaient. Donc tout le monde avait passé cette étrange porte. Mais avaient-ils rejoint ce monde ? Où étaient-ils tombés ailleurs ? Vincent espérait que ce ne soit pas le cas. Ne serait-ce que pour Gabriel qui ne pourrait pas gérer Andrew et Shawn, si tant est qu’il soit avec les deux. Là encore, Vincent se faisait du soucis. Il ne savait pas comment avaient évolué ses amis. Ils avaient sûrement mûris depuis toutes ces années, tout comme lui. Mais en voyant l’attitude de Shawn, il avait quelques doutes. Même si Andrew s’était montré plus posé, il n’avait pas hésité à entrer dans le jeu de Shawn, comme avant. A cette pensée, Vincent augmenta la cadence de ses pas. Il devait vite les trouver avant qu’un nouveau drame ne se produise. Et son instinct lui disait qu’au nord, il arriverait à ses fins. Il ne savait pas pourquoi, c’était ainsi, son instinct.



Alexandre suivait tant bien que mal, grognant en voyant que son frère l’ignorait complètement. Il avait cessé de poser ses questions. Cela ne servait à rien, si ce n’était lui donner encore plus soif. Il se contentait donc de suivre, en bougonnant, mais aussi en observant l’animal qui semblait vraiment s’être attaché à son frère. C’était comme s’il le connaissait depuis toujours… Comme si Vincent l’avait toujours eu. Ce qui était techniquement impossible. Les chimères n’existent tout simplement pas. Soupirant, il nota qu’il voudrait bien l’étudier. Voir comment il pouvait devenir une arme. Mais voilà, la griffure sur son visage lui rappelait qu’il ne valait mieux pas s’approcher trop près de la créature.


Alexandre était entrain de vérifier sa blessure quand il se cogna au dos de son frère. Se massant le nez douloureusement, il fixa son aîné qui s’était figé sans prévenir, fixant le ciel avec insistance…



- Eh… Vince ! Tu pourrais prévenir quand tu t’arrêtes ! » Soupira le cadet avant de remarquer son expression mi sérieuse, mi inquiète. « Vince ? Qu’est-ce qu’il y a ? »


- Hm… Rien… Une impression d’être observé ! Continuons ! Nous devons retrouver les autres avant qu’il ne soit trop tard ! »


- Observé ? Comment ça ? Vince ! Réponds-moi ! Observé par qui ? Moi je ne sens rien ! »


- Sans importance ! En route ! »


- Mais… Vince ! Franchement, tu pourrais un peu me répondre… »



Se contentant de le fixer un instant, Vincent ne répliqua pas à la dernière remarque de son frère. Il savait que ce dernier avait pas mal de questions qui tournaient dans sa tête. Mais ce n’était pas le moment de les poser et encore moins d’y répondre. Une interrogation en entrainant une autre, ils risquaient de passer la nuit dans ce lieu à discuter plutôt que de chercher leurs compagnons. Bien entendu, il le comprenait. Cependant s’il commençait à céder à ses caprices, jamais ils n’atteindraient la destination qu’ils étaient censés atteindre. Et cela n’était pas possible. Il devait retrouver les trois autres. Seuls, ils étaient condamnés… C’était l’idée première de Vincent. Une idée tenace qui ne voulait pas le lâcher. Son pas le démontrait, alors qu’il accélérait, semant peu à peu le cadet qui à bout de force, commençait à fatiguer.



- Vince… Je n’en peux plus. Faisons une pause… »



L’aîné n’entendit pas son petit frère, trop absorbé par ses pensées et son désir de retrouver les autres. Seul l’agitation et un petit cri de la chimère pour le faire s’arrêter. Et là encore, il ne vit pas tout de suite que son frère n’était plus derrière lui. Ce fut encore son étrange compagnon et son comportement qui le lui firent remarquer. D’abord surpris, il regarda autour de lui, constatant qu’Alex n’était plus là. Où était-il encore passé ? S’était-il encore arrêté pour observer une étrangeté de ce monde ? Cela ne serait guère une surprise… Cependant, vu l’état actuel des choses, se séparer n’était pas la meilleur des solutions. Bien au contraire…



- Alexandre ? Montres-toi ! Alexandre ! »



Il n’eut aucunes réponses. Juste un long silence coupé par un étrange miaulement qui cessa rapidement alors que l’animal était occupé à tirer son maître, l’obligeant ainsi à retourner sur ses pas. Si Vincent au début lutta contre cela, cherchant son frère, vraiment inquiet, il dut se résigner devant l’insistance de la chimère. Grognant, songeant que ce n’était vraiment pas le moment de suivre les caprices de cette chose, il marcha en regardant autour de lui, dans l’espoir de voir Alex. Ce qui fut le cas au bout d’un long moment. Celui-ci, était assis à terre, jetant des morceaux d’herbe, visiblement fort mécontent. Soulagé, le brun se dirigea vers ce dernier. Arborant toujours son attitude froide, il se mit à son niveau.



- Eh ! Préviens la prochaine fois que tu t’arrêtes ! » Grogna l’aîné en lui appuyant sur le front. « Je me suis fait un sang d’encre pour toi ! »


- Je l’ai fait ! » Grommela Alexandre en retirant sèchement le doigt de son front. « Mais monsieur ne m’écoutait pas ! Monsieur avançait sans faire attention ! »


- Hm… » Fut la réponse du brun qui se redressa en même temps. « Excuses-moi ! Mais je m’inquiète pour les autres ! Nous devons vite les retrouver ! »


- Je le sais très bien ça ! » Répliqua le scientifique en croisant les bras, tournant le dos à son frère. « Mais je ne suis pas une machine sans sentiments moi ! J’ai besoin aussi de repos ! »


- Alex… Cesse tes caprices ! Je comprends ce que tu ressens. Mais crois-tu que si tu avais été seul tu pourrais te permettre ce genre d’attitude ? Nous ne sommes pas en simple ballade ! »


- Mais… Je… Désolé… »


- Hm… Pas grave ! » Le rassura à sa façon Vincent, glissant sa main dans ses cheveux. « Allons-y ! Je marcherai plus lentement… »



Alexandre fixa son frère, et souriant à nouveau, il se remit en marche. Pas besoin de mots, ou de réponses, c’était comme cela entre eux. Il le connaissait à force. Et surtout il réalisait son égoïsme. Il était vrai que si Vince n’avait pas été là, il se serait fait massacrer par ce groupe. Alors, il ne devait plus penser à sa fatigue. Même si c’était dur, il devait avancer. Il savait qu’une fois tout le monde retrouvé il pourrait enfin se reposer. Il ne savait juste pas quand, ni si cela arriverait un jour. Mais avec son frère à ses côtés, il se sentait capable d’y arriver. Après tout, Vincent devait être aussi épuisé. Il s’était quand même battu, et il avait rebroussé chemin pour lui… Alexandre réalisait à quel point son frère était courageux…



- Merci… » Fut la seule réponse de Alex absorbée par le vent, tellement ce mot fut murmure.