Titre : Yochimu

Auteur : Myushi et Val-Rafale

Originale

Genre : Yaoï. Fantastique / Intrigue / Action.
Résumé : Cinq anciens amis se retrouvent après avoir reçu une invitation. La joie est de mise et les souvenirs avec. Mais tout se complique quand leur réalité se change en étrangeté et que leur monde change pour devenir fantastique. Que se passe t’il ? Quelle est cette légende qui les a entraîné dans cet univers ? Que de question, et la réponse se trouve au fond de chacun d’eux… Et dans le monde de Yochimu !

Disclamer : Les personnages sont fictifs et appartiennent à Myushi. Merci de ne pas les utiliser sans son consentement.

~ Pensée ~

 

 

Yochimu

Chapitre 05 – Danger derrière miroir

 

 

Le silence se faisait présent dans la pièce. Mugen travaillait avec sérieux devant sa table de potion. Il venait de récupérer une sorte de grimoire afin de retrouver un sortilège dont il avait besoin pour la suite de son plan. Cela faisait une demi heure qu’il était dessus. Il avait quitté, juste avant, le pilier de la protection et de la force Quand ce dernier l’avait senti, cela l’avait fortement amusé. Il trouvait intéressant, qu’à peine arrivé à Iluwinya, un des piliers ait développé autant ses capacités. Le mage noir était plus qu’intéressé. Ces informations promettaient de nombreux jeux. Il avait hâte de voir cet homme. Vincent d’après ce qu’il avait compris. Mais aussi celui qui l’accompagnait, bien entendu. Il semblait être la faille de ce dernier. Un sourire mauvais aux lèvres, il nota une formule. Celle qu’il recherchait avant de se relever et de ranger la précieuse œuvre. C’est à ce moment précis que la porte s’ouvrit, obligeant le brun à regarder son visiteur.

 

-          Je viens pour le rapport… » Fit l'homme qui venait de pénétrer dans la pièce dissimulée.

-          Bien... je t'écoute ! » Répondit Mugen d’une voix neutre.

 

Debout devant une petite bibliothèque, rangeant un livre qu’il venait de lire afin d’enrichir ses connaissances en magie, il fixa attentivement le jeune homme face à lui. Le brun sourit doucement avant de se lever, déposant l’ouvrage pour s’approcher de son visiteur. Il s’assit sur le rebord de la table qu’il usait pour ses potions tout en l’observant toujours. Il leva alors une main, caressant doucement la joue du blond avant de la glisser derrière sa nuque afin de l’attirer à lui. L’obligeant à se serrer contre son corps, il fit glisser ses lèvres dans son cou, en un doux frôlement avant de les remonter vers son oreille.

 

-          Surtout n’oublie aucun détail… Deldùwath… » Susurra-t-il tout en apposant une main sur sa taille, la caressant.

 

La main se glissa dans le creux des reins du jeune homme avant de descendre doucement sur ses fesses fermes et musclées. Il les serra de façon possessive alors que ses autres doigts se posaient sans la moindre hésitation sur son entrejambe. Il appuya doucement sur sa virilité, arrachant un léger soupir au blond. Satisfait de son effet, Mugen l’obligea à se tourner de sorte qu’il vienne coller son dos contre son torse. Cette position le satisfaisant, l’aîné ouvrit lentement le pantalon de Deldùwath avant de glisser sa main à l’intérieur, venant caresser du bout des doigts son membre.

 

-          Alors ? » Insista-t-il en lui mordillant le cou. « Je t’écoute. »

-          Le chef des Iden a changé de position. Selon mes contacts.... » Murmura le blond en fermant les yeux, tentant de ne pas se laisser envahir par les sensations qui naissaient en lui.

 

C’était toujours pareil. Dès qu’il venait lui faire son rapport ou dès qu’il pénétrait dans ce lieu, Mugen ne pouvait s’empêcher d’assouvir certaines pulsions. Le jeune homme ne pouvait pas lui résister, il n’en avait surtout pas le droit sous peine de se faire tuer, voir pire. Les tortures de Mugen pouvaient être parfois bien plus terrible que la mort elle-même. Cette dernière devenait alors une libération. Il se laissait donc faire, subissant ces attouchements ainsi que les assauts qui suivaient.

 

Ne pouvant retenir un soupir sous les doigts experts de son amant, Deldùwath posa une main sur celle du brun afin d’accompagner son mouvement sur sa virilité. Il bascula la tête en arrière, ne résistant pas au plaisir l’envahissant. Il ne pouvait nier que malgré la brusquerie de son maître, il y trouvait un certain plaisir. Il sentait la main se serrer autour de sa virilité, aller et venir sur lui, tantôt rapidement, tantôt lentement. Ce rythme irrégulier était plus qu’enivrant. Deldùwath en oubliait presque son rapport. Cependant, une petite morsure dans le cou, lui rappela la raison de sa présence dans cette pièce.

 

-          Les rebelles sont en pleine agitation… » Continua le messager en retenant un gémissement. « Il… il y a… une organisation qui se forme… dans les bas villages… »

 

Mugen sourit un peu plus de satisfaction en voyant la réaction du jeune homme. Il remonta une main sous son haut, caressant lentement son ventre avant de continuer son ascension afin d’atteindre lentement le torse. Il sentait, sous ses doigts, la peau frissonner sous l’effet du plaisir. Elle était aussi brûlante de désir. Le brun savait que le blond réagissait facilement à de simples touchés intimes. Il était si facile de lui donner du plaisir et tellement plaisant de le voir ainsi livré. Il devait bien avouer que ce jeune homme le satisfaisait pleinement dans ce domaine.

 

Accélérant ses allés et venus sur sa virilité, le mage saisit un petit grain de chair entre ses doigts, le malaxant lentement. Ses lèvres embrassèrent la peau du cou de Deldùwath, la mordillant de temps à autre, y laissant de petites marques rouges. Il sentit alors la main de son compagnon venir appuyer un peu plus sur la sienne. Visiblement le blond cherchait à ressentir plus de plaisir. Comme il aimait le voir céder sous ses caresses. C’était jouissif d’avoir un esclave comme lui.

 

-          Continue. » Ordonna-t-il d’un ton neutre.

-          J’ai… réussi à infiltrer un groupe… » Poursuivit le jeune homme ayant du mal à assembler ses pensées. « Mais… je ne sais pas où sont les élus… Mais… j’aurai des nouvelles… Bientôt… »

-          Hm… » Répondit le mage en fermant les yeux.

 

Il enleva alors sa main de son pantalon et se redressa tout en le retournant de force. Il le fixa durement avant de le pousser sur le bureau. Deldùwath le fixa quelque peu surpris mais sachant parfaitement ce qui l’attendait maintenant. Mugen ne semblait pas satisfait de ce qu’il venait de lui annoncer. Il allait donc le punir à sa façon. Cela ne surprenait plus le blond qui commençait à s’habituer à subir cela. Il savait que même en lui apportant une bonne nouvelle, cela ne changerait rien. Il ne serait pas content. A croire qu’il prenait plaisir à le torturer de la sorte. Même s’il éprouvait du plaisir, Deldùwath voyait cela comme une torture. La douleur qui en ressortait l’équivalait.

 

Sentant son pantalon lui être enlevé sans la moindre douceur, le messager connaissait déjà la suite des évènements. Il entendit le mage ouvrir son bas avant qu’il ne se glisse entre ses cuisses. Cuisses qu’il avait écartées de force. Ce fut une vive douleur qui vrilla les reins du jeune homme. Il se mordit violemment la main pour ne pas lâcher un cri. Cependant, la douleur se lisait bien sur son visage, chose qui sembla plaire à son aîné. Celui-ci commença à aller et venir en lui avec force, ne se souciant pas de donner ou non du plaisir à son amant. Il avait envie de se détendre, toutes ces nouvelles l’ayant quelque peu rendu nerveux. Quelle meilleure méthode pour faire baisser la tension que de posséder quelqu’un de cette façon ? Il n’y avait rien de mieux pour se soulager de tout ce stress.

 

Le mage continua ses assauts, aimant sentir l’étroitesse de son amant ainsi que sa chaleur. A chaque fois qu’il le possédait, il en éprouvait un plaisir sans comparaison. Faire souffrir une personne, la torturer, ne lui procurait pas autant de plaisir. Deldùwath le satisfaisait pleinement, du moins pour le moment. Mugen se doutait bien qu’un jour il se lasserait de lui. Cependant, ce n’était pas encore d’actualité et il préférait de ne pas y penser. Concentrant toutes ses pensées sur son activité favorite avec le blond, il se fit un peu plus brutal dans ses coups de reins, signifiant qu’il approchait doucement du final. Encore quelques allés et venus, tous aussi puissants les uns que les autres, puis brusquement il se fit encore plus dur. Cette violence mit fin à la scène. Se retirant avant de s’ajuster, Mugen fixa son amant en souriant de satisfaction.

 

-          Retourne rejoindre ton groupe. Drague un maximum d’informations et ne reviens pas avant d’avoir eut des résultats concrets ! » Ordonna le mage noir.

-          Oui ! » Fut l’unique réponse de Deldùwath alors qu’il se redonnait une contenance.

 

Le silence étant de retour, le blond s’inclina une fois dans une tenue correcte et quitta la pièce secrète aussi discrètement qu’il l’avait rejoint. Mugen, de son côté, rangea la formule et le reste de ses documents dans une cachette connue que de lui. Il vérifia une dernière fois que tout était en ordre avant de sortir à son tour. Il devait aller surveiller le roi qui avait tendance à s’enflammer trop vite pour les bienfaits de son plan. En plus, il avait son médicament à lui donner. Son petit remède spécial dont il avait le secret de la composition. D’un pas lent, peu rassurant pour qui le rencontrait en chemin, il se rendit vers la chambre du souverain. A cette heure-ci, il devait tenter de faire mumuse avec le personnel royal, sans pour autant y arriver, empoté comme il est.

 

*****

 

Davis cherchait autour de lui. Mais rien... Il n’était pas là. Grognant alors que le vent le ballottait de droite à gauche, sans le moindre sentiment de pitié, il tentait tant bien que mal à faire demi-tour afin de revenir sur ses pas. Mais cela fut vint. Le vent avait déjà effacé ses traces. De plus, il n’y voyait rien à plus d’un mètre de lui. Ce qui l’agaçait plus encore. Revenant en arrière, il se cogna contre quelque chose, ce qui le fit perdre l’équilibre. Le bras droit de Stephen commençait à sentir sa patience le quitter de plus en plus vite. Il en avait marre de tout ça. Il n’était pas assez payé pour supporter ce genre de situation. Enfin il n’était pas du tout payé pour dire vrai. Mais ceci était un détail qui ne méritait pas son importance. Ayant atterrit sur son postérieur, il fixa la raison de sa chute avec noirceur. Pourtant Shawn, pour une fois, n’avait rien fait. A vrai dire, il ne comprenait pas grand-chose à ce qui se passait. Inclinant la tête de côté, il fit un mouvement avant de se rétracter. Il fallait dire qu’il venait d’être coupé par un autre grognement. Davis s’était redressé et se donnait une meilleure tenue, si tant est que cela serve à quelque chose vu la puissance du vent et le sable qui volait de partout.

 

-          Bon sang ! Il va m’arriver quoi encore ? » Hurla presque le châtain avant de réaliser que justement il hurlait.

 

Soupirant, il fixa son vis-à-vis avant de tout simplement se masser les tempes. Il devait se calmer. Ne pas hurler… Ne surtout pas perdre sa sérénité… Même si c’était plus facile à penser qu’à faire. Inspirant fortement, prenant sur lui-même, il se remit en marche sans rien dire. Surtout que cette fois-ci, la bêtise venait de lui. Quelle idée il avait eut de lâcher les rênes ? Non en fait, comment ne s’était-il pas rendu compte qu’il avait lâché les rênes ? Davis connaissait parfaitement la réponse à cette question. Il était tellement dans l’objectif de ne pas perdre un certain roux qu’il en avait oublié qu’il n’y avait pas que lui à surveiller. Et croyez le ou pas, mais savoir qu’on est responsable d’une erreur aussi idiote que celle-là, avait quelque chose d’irritant pour un homme comme Davis.

 

-          Il ne va pas mourir hein ? » Coupa dans sa réflexion agacée la voix de Shawn qui semblait particulièrement calme.

 

Trop calme ? C’était tout du moins la pensée première du nomade qui finalement se dit qu’il le préférait bruyant. Au moins, il savait où il était.

 

-          Non ! Il est habitué au désert et ses surprises ! » Soupira le châtain.

-          Alors pourquoi tu as la même veine pulsante qu’avait Vincent quand Andrew ou moi faisait une grosse bêtise ? » Interrogea le pilier de la nature tête toujours en mouvement alors qu’il avait repris la marche.

-          Parce que… » Il fixa Shawn et secoua la tête. « Pour rien… » Soupira Davis marchant toujours vers les ruines qui devenaient d’ailleurs de moins en moins visible.

 

Le rebelle ne tenait pas plus que cela à partir dans de longues explications qui entraîneraient des questions qui elles aussi demanderaient des explications. Il n’avait pas que cela à faire. En plus la soif allait devenir de plus en plus tenace. Et il devait donc préserver sa salive. Mais cela, c’était sans compter sur Shawn qui avait du mal à tout suivre. Il savait que la situation n’était pas à leur avantage. Mais il ne voyait franchement pas comment du sable et du vent pouvaient être si dangereux. Après tout, Davis lui avait bien dit. Il était le pilier de la nature. Donc la nature ne devrait pas lui faire de mal. Bien entendu, le roux avait légèrement effacé de sa mémoire le fait que tant qu’il ne contrôlait pas son « pouvoir », la nature n’aurait que faire de lui. Ce fut d’ailleurs dans cette optique qu’il courut comme il put devant Davis et marcha, toujours comme il pouvait, à reculons pour parler. Que voulez-vous, Shawn restait Shawn, qu’importent les situations.

 

-          Mais dit euh ! Ca te donne plein de rides ! Et puis je ne pense pas que tu t’emportes comme ça pour rien. » Insista le visiteur, sans quitter des yeux son interlocuteur.

-          Sans importance ! » Grommela le rebelle qui n’aimait pas être devant le fait accompli.

-          Ca c’est même pas vrai d’abord ! » Bouda Shawn en remarchant correctement, droit devant lui.

 

Davis se passa une nouvelle fois la main sur le visage, se demandant bien pourquoi lui. Soupirant à cette pensée, il fixa le dos du rouquin et secoua la tête. Bon sang, il y a des jours comme ça où l’on ferait vraiment mieux de rester couché.

 

-          Je t’expliquerais quand nous serons arrivés au village ! »

 

Le nomade avait tenté de rassurer son compagnon. Bien mal lui avait prit. Car cela eut pour effet de renouveler l’énergie de Shawn qui sautilla presque à cette annonce.

 

-          Vrai ? Vrai ? Tu me diras hein ? Tu ne mens pas ? » S’agita le roux au grand damne de Davis.

-          Oui, c’est vrai ! Et non… Je ne mens pas ! » Rassura t’il en soupirant dépité sur le coup.

 

Et cela continua… continua… continua encore… Et ce, jusqu’à l’arrivée aux ruines. Enfin, la tête qui bourdonnait, il fixa Shawn qui naturellement avait été s’abriter. Voilà une bonne chose. Il espérait juste qu’il garderait le silence durant toute la tempête. Mais il en doutait plus qu’autre chose. Complètement désenchanté à cette pensée, il prit place à côté de lui, fixant l’horizon, cherchant sa monture, espérant un peu de chance, si cela n’était pas trop demandé. Et comme prévu, excité comme une puce, Shawn tenant difficilement en place débuta un long, très long, trop long monologue alors que la tempête de sable les atteignait déjà…

 

*****

 

Stephen avançait toujours vers le Sud, à pieds. Il se demandait si ce choix était une bonne solution. La fatigue commençait à se faire ressentir. Il devait marcher depuis presque deux heures déjà. Le Soleil atteignait son paroxysme dans le ciel. Enfin c’était l’illusion que ce dernier lui donnait. Car en réalité, il ne devait pas être plus haut que de trente degré par rapport à l’horizon. Fort heureusement, à défaut d’avoir eut le temps de prendre une monture, il avait put prendre deux gourdes d’eau fraîche. Il faudrait qu’il remercie celui qui les avait laissé traîner sur une barrière, à sa portée. Enfin le sujet n’était pas là. Le chef des Iden le savait parfaitement. Il avait un objectif pour le moment. Un objectif pas vraiment simple. Car il ignorait s’il pouvait ou pas rejoindre son bras droit et ami pour le prévenir avant que ce dernier ne tombe dans le piège des soldats. Le brun était conscient que ce souhait d’arriver avant que ce soit catastrophique tirait plus d’un vœu de condamné qu’autre chose, mais il ne pouvait pas se permettre cette perte. C’était cette motivation qui lui faisait mettre un pied l’un devant l’autre. Cette motivation qui lui laissait une lueur d’espoir dans le cœur. Il était certain que Davis était sain et sauf, qu’il était sur le dos de son chameau, avançant vers leur point de rendez-vous à son rythme. Il n’était pas pressé. Oui, c’était cela. Davis n’était pas pressé…

 

Rassuré par ce fait, Stephen ne s’arrêta pas pour autant, malgré la douleur lancinante qui parcourait ses jambes, ses muscles. Il avait oublié à quel point il était dur de marcher dans le sable, les aléas que cela causait. Il se rendait compte qu’il n’avait plus ses vingt ans et que ses quarante ans étaient plus proches que ces trente ans. Pourtant il n’avait que trente-six ans. Il était encore assez jeune. Suffisamment en tout cas pour diriger le groupe des Iden d’une main de maître et de continuer son métier à côté. Bon, d’accord son métier n’était pas vraiment manuel. Noble de la ville de Sùrion, il ne pouvait pas dire que sa tâche était compliquée puisqu’il était particulièrement bien assisté. Enfin ce n’était qu’un détail qui ne devait pas le détourner de son objectif. Continuant son ascension dans l’unique but de prévenir son ami, il ne se plaignait pas. Bien au contraire. Il se motivait mentalement. Abandonner un ami, un compagnon d’arme, ne faisaient pas parti de ses habitudes.

 

Si bien que perdu dans ses pensées, l’homme ne se rendit même pas compte de la distance qu’il avait parcourue. Quelle fut sa surprise alors quand il vit devant ses yeux ambre apparaître l’oasis Lenwë Calafalas. Dérouté, il regarda autour de lui, avant se passer la main sur son front et de se masser lentement les tempes. Il y avait quelque chose qui n’allait pas. Il aurait déjà dû croiser Davis. Il ne pouvait pas être déjà au village. Non, ce n’était pas possible. Se tournant sur lui-même cherchant à voir si l’horizon ne lui offrait pas la vision d’un cavalier à dos de chameau, Stephen dut bien se résoudre au fait qu’il y avait un problème. Agacé par son manque d’informations et surtout par son incapacité à aider en cas de problèmes, il se dirigea vers la source d’eau de l’oasis. Il avait soif et en mourir n’était pas une bonne solution pour la suite des évènements.

 

-          Bon sang ! Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ! » Grommela le chef des Iden pour lui-même alors que ses pas le menaient avec lourdeur vers le coin d’eau.

 

Se mettant à genoux, il puisa avec ses mains l’eau avant de la porter à sa bouche. Il renouvela l’opération deux fois. Ce fut à la troisième qu’il se retrouva nez à nez avec quelque chose d’assez inattendu. Relevant les yeux avant de reculer presque de surprise, il se mit à cligner des yeux. Il avait devant ses yeux, la monture de Davis. Là, l’air de rien, entrain de s’abreuver tout simplement. Soupirant, il s’avança vers la bête et lentement, pour ne pas lui faire peur, il lui caressa l’encolure. Mais que faisait-elle là ? Que s’était-il passé ? Où était son propriétaire ? Que des questions qui tournaient et viraient dans la tête du brun. Il soupira lorsqu’il sut qu’il n’aurait pas de réponses avant d’avoir retrouvé le concerné, et grogna de plus bel à cette pensée avant d’être réprimandé par un certain chameau qui sur le coup, avait eut peur du bruit incongru. Le rassurant au mieux, il regarda l’horizon dans l’espoir de… En fait, dans l’espoir de rien du tout. Il avait le pressentiment que cela était vain.

 

-          Chut ! Du calme ! C’est rien ! » Murmurait-il à l’animal sans vraiment le regarder. « Si tu pouvais parler, tu me dirais où est ton maître. » Soupira t’il avant de fixer au sol et réaliser qu’en suivant les traces de la monture, il pourrait revenir sur la piste de son ami. 

 

Il se frappa mentalement avant de prendre les rênes de la monture. Une chance qu’il n’ait rien perdu. Enfin une chance… Stephen n’irait pas jusque là. Car pour lui, si le chameau était là avec tout son attirail sur le dos, c’était qu’il était arrivé quelque chose de grave. Estimant que ce n’était pas le moment de perdre plus de temps, il s’apprêta à se hisser sur la bête lorsqu’il vit la gourde en peau. Se disant que remplie elle serait plus utile, il lâcha le temps d’un instant les rênes de l’animal et prit la gourde pour la remplir de l’eau de l’oasis. Une fois cela fait, remettant cette dernière en place, il chercha un turban qu’il trouva assez facilement dans les affaires de Davis, avant de le mettre. Une fois mieux paré pour le désert, il enfourcha le chameau avec rapidité, et se mit en route, suivant la piste qui menaçait de disparaître avec le vent qui lentement se levait…

 

-          Une tempête de sable… » Constata t’il en faisant accélérer la monture qui rechignait à prendre cette piste.

 

Stephen savait qu’il devait se dépêcher. Il avait l’intuition que Davis était coincé quelque part. En mauvais posture. Il n’aimait pas cette sensation. Poussant l’animal toujours plus, il s’aventurait sans la moindre crainte vers le sud, priant un dieu perdu depuis des siècles que le malheur ne soit pas au bout de son chemin.

 

*****

 

Ryu avançait fièrement et semblait tout content de voir d’autres personnes comme Andrew. Il voulait dire bonjour. Il était très loin de se rendre compte du danger de la situation. En fait, comment aurait-il pu ? Il n’était qu’un dragon. Et un bébé en prime… Mais cela vola loin de l’esprit de Gabriel quand il vit ce qui se passait. Grognant intérieurement, histoire de ne pas faire trop de bruit, il essayait de faire revenir ce fichu animal vers eux. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Comme si c’était le moment de jouer. Agacé, ce qui se comprenait, le blond dut se mettre en mouvement le plus silencieusement possible pour attraper cet idiot et le ramener à Andrew. Idée qui ne l’enchantait absolument pas. Car il ne savait absolument pas se battre. Alors face à des soldats armés, il doutait de faire long feu. Ce fait lui fit lâcher un soupir. Soupir qui attira l’intention du bébé dragon qui se mit à piailler comme jamais content que l’ami de son ami vienne aussi dire bonjour.

 

Dépité, Gabriel lui fit signe pour qu’il vienne vers lui, message qui ne semblait pas vraiment compris. De son côté, sagement, une fois n’est pas coutume pour son ami, Andrew observait la scène. Il savait la situation dangereuse. C’était plus qu’évident, sachant que ces hommes les cherchaient. Même s’il se demandait qui pouvait bien être cette fameuse personne qui les voulait… Un roi, il lui semblait… Ce qui était intriguant sachant que dans son rêve étrange la voix lui disait que ce monde n’avait pas de roi. Ou alors il avait mal compris ? Non… Il était sûr de cela. Ce doute était réellement déroutant. Andrew essayait de comprendre. Il était d’ailleurs dans cette analyse, se rappelant l’exactitude des mots de la voix, quand un piaillement plus fort le fit regarder à nouveau la scène devant lui. Surpris, il dut cligner des yeux pour être certain de bien voir ce qu’il voyait…

 

Il y avait Ryu, tenue par ses sortes d’ailes à bout de bras, par un des soldats alors que les autres chassaient un chat humain qui leur passait entre les jambes, sautait par-dessus eux… En clair les menait complètement par le bout du nez. Andrew dut se bâillonner de la main pour ne pas éclater de rire, et sur le coup, se faire repérer. Ce qui était assez compliqué quand on était le genre de personne qui riait assez facilement. Fort heureusement, il put se calmer. Alors que Gabriel continuait ses acrobaties, Andrew se mit à réfléchir activement. Il devait les aider. Restait à savoir comment…

 

-          Attrapez-le bande de vauriens ! Il nous le faut ! » Ordonna le chef militaire, tout en agitant le bébé dragon du bout des doigts.

-          Si vous croyez que c’est facile… » Murmura un soldat qui venait de se retrouver douloureusement à terre. « Il rebondit sans mal et se faufile n’importe où. Pire qu’un elfe ! »

 

Heureusement pour le soldat, son supérieur était trop occupé par son prisonnier pour entendre sa petite remarque. Remarque qui n’était pas fausse. Même Gabriel s’étonnait de pouvoir bouger aussi agilement. Il n’y avait pas à dire, ce monde lui donnait des capacités étonnantes. Mais est-ce que cela serait suffisant ? De cela, le blond en doutait beaucoup. Il savait pertinemment qu’à un moment ou à un autre, il faudrait fuir. Mais comment ? Là était toute la question. Car évidemment, il ne pouvait pas laisser ce maudit dragon à ces hommes. Déjà car ce n’était pas humain. Bien que, là, pour lui donner une bonne leçon, il le laisserait bien à son destin. Mais en plus parce que Andrew ne le laisserait pas faire. Cet idiot serait capable de se livrer pour sauver cet animal. Sincèrement, ils ne n’aidaient pas. Maugréant intérieurement à cette pensée, il sentit sa queue se faire saisir. Cela eut un effet… Comment dire… Pas vraiment agréable. Des frissons le parcoururent et sans trop savoir comment, il se retrouva à griffer le soldat coupable avec une colère qui ne lui ressemblait pas. Mais hélas, le fait de cesser ces mouvements le rendit plus facile à attraper. Si bien qu’en deux temps, trois mouvements, il se retrouva maîtrisé et sérieusement ligoté.

 

Andrew qui avait assisté à tout cela avait d’abord été surpris de la réaction de son ami avant de se sentir légèrement affolé. Il voyait la situation. Il voyait sa force. Il voyait le nombre de soldats. Il voyait également ses amis attachés. Tout cela l’inquiétait… Que devait-il faire ? Comment se débrouiller pour sortir de ce piège sans pour autant être blessé ou blesser quelqu’un ? Que de bonnes questions… Le problème était que les réponses se faisaient désirer. Regardant autour de lui, aussi silencieusement que possible, il chercha une arme, quelque chose, quand ses oreilles furent attirées par la conversation de soldats, chargé de vérifier les broussailles non loin de lui.

 

-          Tu crois qu’il s’agit d’un des cinq élus ? »

-          Cinq élus ? ~ Répéta intérieurement Andrew.

-          Je ne sais pas. Il était tout seul. Mais il est vrai que son langage n’est pas vraiment commun. »

-          Je ne te le fais pas dire ! Mais le dragon est plus intéressant. L’autre doit juste être un de ces habitants de tribus reculées de cette maudite forêt. »

-          Hm… Je ne sais pas… » Répondit l’homme en faisant glisser son épée à trois centimètres de l’épaule d’Andrew qui eut chaud sur le coup. « Mais il est certain que la présence de ce dragon n’est pas bon signe pour notre roi ! »

-          Tu veux dire pour Mugen ! Il va fulminer quand on va lui ramener ! »

-          Oui ! » Fit le soldat en riant un peu. « Il va en faire une jaunisse. J’imagine déjà sa tête ! »

-          Moi aus… »

-          Mugen ? Encore ce nom. Il semble être supérieur au roi. Mais qui est-ce roi ? Je croyais qu’il n’y avait plus de roi ! ~ Songea Andrew qui n’entendait plus les deux soldats parler. ~ Et pourquoi l’existence de Ryu est si étrange ? Je ne comprends pas… Qu’est-ce tout cela signifie ? ~

 

Andrew était plongé dans ses pensées quand quelque chose vint le gêner. Il tapa sur sa jambe machinalement avant de réaliser qu’il devait rester discret. Il regarda alors derrière lui pour voir un insecte. Soupirant, ruminant que ce n’était vraiment pas le moment, il revint au groupe de soldat pour voir ce qui se passait. Imaginez sa surprise quand devant ses yeux se dessinaient une paire de jambes, fièrement dressées, mettant encore plus en hauteur un homme qui déjà de loin ne lui plaisait pas du tout. Sachant parfaitement qu’il n’était plus vraiment caché là, il se redressa et fit face à ce soldat. Et là, comme si rien n’était, il fit un grand sourire à ce dernier et tapa sur l’épaule du dit soldat, jouant comme toujours le garçon agaçant qui ne prenait jamais rien au sérieux. Ce qui dépita Gabriel qui voyait la scène d’où il était et qui se disait qu’ils étaient vraiment dans de beaux draps.

 

-          Bonjour ! » Commença Andrew avec le sourire. « Vous tombez bien monsieur le soldat ! Car voyez-vous, je suivais un autochtone qui semblait parfait pour la collection de mon père, quand ce dernier m’est tombé dessus et a tenté de m’entraîner vers son village. »

 

Bon d’accord, l’histoire était un peu tirée par les cheveux, mais c’était la seule qu’il avait trouvée. Ce qui était déjà pas mal vu le peu de temps qu’il avait eut pour réagir. Il était écrivain, il ne faisait pas de miracle non plus. Il espérait simplement que son histoire marcherait.

 

-          Vous êtes du coin ? Vos vêtements me paraissent étranges ! » Signala le lieutenant en charge du groupe de soldats.

-          Mes vêtements ? » Il fixa ses dits vêtements. « Oh ça ? Invention de ma sœur ! Elle adore créer. Elle dit que ce sera à la cour royale très vite ! »

-          Vraiment ? Et où est-ce que votre père réside ? »

-          Mon père ? Mais avec moi bien entendu ! » Répondit Andrew qui espérait que cette astuce, sans trop y croire, fonctionnerait.

-          Je parlais de la ville ! » Contra l’homme pas vraiment content.

-          Ah ! Euh… Au nord ! A Sùrion ! » Fit Andrew plus que surpris d’avoir sorti un nom de ville.

-          Sùrion ? Hm… La ville de la famille… »

-          Addington ! » Coupa à sa plus grande surprise Andrew qui se bâillonna pour ne plus sortir de noms qu’il ne connaissait pas.

-          Exact ! Bien… Suivez nous monseigneur… » Termina froidement le soldat qui ne pouvait pas prouver ses doutes pour le moment.

 

Andrew cligna des yeux devant cette réponse, quelque peu perplexe. Il avait manqué quelque chose. Depuis quand un mensonge aussi grossier marchait ? Il se le demandait bien. Cependant, il ne tenait pas plus à chercher. Cette situation l’arrangeait. Ainsi, il pourrait aider Gabriel et Ryu. Même s’il ne voyait pas comment le faire pour le moment. Il fixa alors Gabriel puis revint au soldat qui le menait à un cheval, à son plus grand damne.

 

-          Que comptez-vous faire de l’autochtone ? » Demanda t’il assez hésitant quand même.

-          Hm… Le livrer à notre roi ! »

-          Ah ? D’accord ! » Répondit en souriant le brun. ~ Zut, manqué ! ~

-          Bien… Dépêchez-vous de monter ! Nous allons vous raccompagner avant de retourner au château ! » Pressa le lieutenant.

-          Oui… » Soupira Andrew qui grimpa il ne sut comment sur l’animal.

 

Il fixa Gabriel, puis Ryu, avant de soupirer à nouveau. C’était arrangeant d’être libre. Mais il ne voyait vraiment pas comment aider ses amis avec tous ces soldats. Il regarda l’horizon et espéra sincèrement que quelqu’un leur vienne en aide. Car tout seul, il ne voyait vraiment pas quoi faire…

 

 

A suivre…