Addiction


Auteur : Yann Melian

Genre : Angst

Résumé : Un danseur de boite s'attache à l'un de ses clients, un inconnu qui incarne le seul homme qui réussisse à le faire vibrer, mais qui est-il donc ?




La musique frappait ses tympans avec hargne, une suite de vibrations qui électrisaient son corps qui dansait depuis plus de trois heures à présent. Il n'avait pas envie d'arrêter, tout allait bien cette nuit, il était dans sa cage fétiche, personne ne venait l'ennuyer, pas de pervers ou de vieil homme. Il n'y avait que lui et la musique, les vibrations si blessantes et si agréables qui l'avaient poussé à accepter ce job de danseur professionnel dans une boîte branché. Cela faisait 8 mois et il s'y faisait bien, c'était le premier travail en cinq ans qu'il conservait, depuis qu'il avait fuit ses parents à 17 ans.

Ce fût le moment des slows, les groupes se rassemblèrent comme un seul homme. Lui resta sur son perchoir, dansant plus lancivement contre les barreaux de fer glacés sur sa peau de feu. Puis vint l'heure des dernières danses. Le son l'envahit de nouveau avec toute sa force, comme un amant trop impétueux. Il le dompta, dansant avec fougue, brûlant de désir sous le son. Un homme entra alors, l'attrapa par les hanches et se colla contre lui, dansant avec autant d'empressement. Cela ne plaisait pas au jeune garçon d'habitude mais le parfum de son compagnon de danse était enivrant, comme une de ces drogues qu'il avait testé mais en plus savoureux, une sensation de plaisir indicible qui n'était pas gâché par la perte de la réalité. Le jeune danseur attrapa l'homme par le cou, laissant le visage de l'inconnu s'enfouir dans son cou. Il sentit les lèvres chaudes le caresser avec douceur et sauvagerie, dans un mélange qui le rendit fou, il se colla au corps musclé qui ondulait en rythme.

La danse dura jusqu'à la dernière seconde puis tout devint silencieux. L'inconnu lâcha aussitôt le jeune danseur et partit sans se presser. Lorsqu'il se tourna pour voir celui qui l'avait transporté, il ne vit personne, juste les autres danseurs qui prenaient les passerelles pour redescendre. Il courut en bas puis dans la rue mais ne vit personne, même le videur fût incapable de le renseigner.

Le jeune danseur qui s'appelait Elis rentra chez lui où l'un de ses clients l'attendait. Il coucha avec lui , le visage enfoncé dans les coussins pour éviter de hurler sous les coups de barbares du client qui pressait ses reins avec rage. Encore un qui n'était pas heureux en couple. Il partit aussi vite qu'il était venu, laissant place à deux hommes en mal de jeux, puis de vieux hommes, rien de bien nouveau, Elis n'y faisait même plus attention, il les laissait faire ce qu'il voulait de son corps sans mal, pensant aux mains qui l'avaient étreintes, à la bouche assoiffée et pourtant douce qui s'était blottie au creux de son cou. Il n'en dormit pas, fixant le ciel devenir clair et le soleil étaler sa détestable lumière sur la terre ravagée par la main égoïste de l'homme. Elis attendit avec impatience la nuit et retourna travailler, espérant sentir ces mêmes mains se promener sur son corps.

Son souhait fût exaucé. Le corps vint se frotter contre lui à la fin d'une nuit de danse folle. Le jeune danseur se tourna vers son compagnon et l'enserra, se collant contre les muscles durs de son torse. Il plongea son regard dans les yeux noirs et glacés de l'homme qui irradiait d'une fureur animale. Il était superbe, une bête immense et pleine de force qui semblait immortel. L'homme-animal plaqua le danseur contre les barreaux, l'empêchant de bouger. Il continua sa danse lascive contre lui en le fixant, comme s'il perçait son âme. Il remis ses lèvres sur la gorge d'Elis qui eut du mal à rester calme, son regard de sauvage lui intimait une prudence étrange, il sentait que cet homme pouvait être dangereux. Perdu dans sa transe il ferma les yeux...et revint à la réalité lorsque l'un de ses collègues vint lui dire qu'il était temps de rentrer. Il était seul dans la cage, son compagnon ayant encore fui. Il retourna dans sa loge, déçu. L'homme l'attendait sur le canapé. Il se leva et d'un bond arriva à la porte, la verrouillant et récupérant la clé. Il plaqua le jeune danseur contre le mur puis l'assit sur la table où les produits de beauté s'entassaient. Il le déshabilla en déchirant le tissu sans effort et plaqua sa bouche exigeante sur son torse imberbe. Il lui fit alors l'amour comme un animal, avec rage, brisant les ustensiles et poussant les meubles. Quelqu'un frappa à la porte mais ils n'en tinrent pas compte, ils poursuivirent et les appels cessèrent. Elis prit pour la première fois un plaisir immense dans les bras de cet homme malgré son côté bestial. Il semblait savoir tout ce qu'il attendait. Il allèrent là où le danseur ne pensait jamais aller. Puis l'homme se leva et partit, laissant son partenaire sur le canapé ravagé, le regard trouble et la respiration haletante. Il ne savait toujours pas à qui il avait à faire. Il rangea et rentra, trouvant les mots de ses clients mécontents.

Chaque nuit était placé sous le signe de la lubricité, son compagnon le poussant toujours plus loin dans la luxure. Le danseur devint accroc, comme si ces entretiens étaient devenus sa drogue et il ne pouvait plus s'en passer. Il ne parlait pas à son partenaire de sexe, préférant le voir plutôt que de le perdre pour quelques renseignements. Cela dura trois mois. Puis un jour qu'il faisait des courses, Elis vit un titre étrange sur le journal.


«- Le tueur sauvage de Seattle rôde toujours.»


Un portrait robot était publié juste en dessous, un visage qu'il n'aurait pas pu ne pas reconnaître peu importe l'endroit; Ses yeux sombres semblaient le foudroyer alors qu'il n'était qu'un dessin. Prenant le journal il rentra chez lui et lut l'article, découvrant l'histoire de cet homme qui tuait depuis plusieurs mois des dizaines de personnes sans que la police ne puisse mettre la main sur lui. Elis ne put s'empêcher de frissonner. Un homme qui se prostituait avec d'autres hommes était une proie facile, cet étranger pouvait très bien jouer avec lui.

Le soir même il le retrouva mais ne répondit pas à ses baisers passionnés lorsqu'ils furent dans la loge. L'homme le lâcha et se tourna vers la porte avec un air furieux et vaguement déçu. Le danseur s'interposa entre la porte et son amant.

«- Non, je veux savoir avec qui je couche.

- Tu ne demandes pas le nom de tous tes clients.»

La voix était dure, sans aucune vie, une voix de tueur. C'était lui, il en était sûr à présent.

«- Et alors, je fais ce que je veux.

- Pas avec moi petit pédé.»

Il le poussa pour passer mais il tint bon malgré la force du coup, il grimpa sur le torse de l'homme et le caressa le regardant aussi froidement que possible.

«- Je sais que c'est toi qui tue, je sais tout et je m'en fous du moment que tu me baises bien.»

Le tueur sourit et Elis sût qu'il ne pourrait plus se défaire de lui.

«- Je veux continuer à me frotter contre ton corps sur la musique, même sans je m'en fous, je veux être avec toi, sentir ton regard me dévorer, je veux que tu me baises encore et encore...

- Comme ça?»

Il le pénétra avec force, le faisant gémir.

«- Oui, oui comme ça, ne t'arrête jamais, emmène moi avec toi, tuons ensemble, je me fou de te motivations, prends moi, je suis ta chose.

- Alors je peux te mordre?

- AAAh, oui, oui tu peux?

- Je peux être plus agressif quand je te pénètre?

- Aah, oui, je...aah, oui!»

L'homme souriait, savourant sa victoire et sa puissance, il se donna comme jamais, se promettant de faire d'Elis son esclave pour qu'il reste pour toujours près de lui.






Épilogue.



Le tueur sauvage devint l'affaire préférée des journalistes de Seattle, Il tua 57 personnes avant d'avoir un complice. On dénombra 174 victimes officielles et 254 non officielles plus tard. La violence des meurtres avaient augmenté en conséquence et l'affaire devint une chasse à l'homme. Il fallut un an pour trouver le couple semeur de cadavres. Il furent encerclés dans leur demeure, un vieil entrepôt mais lorsque les groupes d'interventions entrèrent, ils les trouvèrent mort en plein ébat, s'étant poignardés l'un l'autre. Personne ne sût quelles étaient leurs motivations. A ce jour, c'est l'affaire de crime en série la plus meurtrière jamais connue.