Chapitre 3: Une nouvelle vie.



Daléan aida le garçon à se lever. Il regarda le résultat du pouvoir que pouvait invoquer ce gamin, c'était stupéfiant, il se sentait ridicule avec ses lames d'acier, il n'y avait plus rien d'entier, les meubles avaient tous été prit et éclatés en dizaines de morceaux qui se mêlaient. Même les murs avaient été réduit en poussière qui voletaient sous les rayons de la lune qui se levait à peine. Mais le plus impressionnant c'est que tout s'arrêtait à l'appartement, le reste de l'immeuble avait été épargné, il avait détruit ce qui été dans l'appartement et c'était tout. Le corps de ses parents gisaient au milieu de cet apocalypse. Il semblaient intact mais le démon savait qu'à l'intérieur ils étaient brisés. Décidément il était très fort.

N'ayant plus rien à faire ici il décida de le ramener avec lui. Il l'entraîna doucement vers la sortie. Sirion s'arrêta près de ce qui avait été un fauteuil, il souleva un morceaux de bois et sortit la peluche qui était dessous. Elle était intact. Il la serra contre lui et suivit le démon jusqu'à la sortie. Ils passèrent discrètement entre les badauds qui étaient trop occupés par l'appartement qui avait explosé que par deux jeunes hommes qui marchaient, même si l'un des deux était excentrique.

Ils marchèrent à travers les rues les plus fréquentées, Daléan préférant éviter une rencontre désagréable. Sirion le suivait, le visage impénétrable, le regard vide. Le démon espérait que cela ne serait que temporaire, qu'avait il bien pu voir pour être comme cela? Il garda son bras autour de la taille du garçon pendant tout le trajet jusqu'à l'imposante demeure qui était la sienne. Ils marchèrent à travers le gigantesque hall et gagnèrent un des salons où un feu crépitait joyeusement dans la cheminée. Un démon était assit dans un fauteuil immense, fixant les flammes. Il se leva en voyant les deux arrivants.

«- Qu'est ce qui s'passe? Il va bien?

- J'en sais rien, il était comme ça quand je l'ai trouvé. Je vais chercher Ofir, tu le surveille et surtout n'en parle à personne.

- Vaux mieux pas, si Sivak apprend que tu as été voir le gamin tu vas passer un sale quart d'heure.

- Si j'l'avais pas fait il serait surement dans de sales draps. Je reviens.»

Il partit en courant, laissant Sirion avec l'inconnu. Le regard du jeune garçon restait toujours vide alors qu'il fixait le sol froid comme son cœur. Ses pensées étaient chaotiques, il avait peur et se sentait seul. Qu'avait il fait pour que tout soit aussi dur dans son existence? Quel crime méritait une telle sentence? Le visage de sa mère souriant alors qu'il allait la tuer le hantait, il sentait une nausée atroce serrait son estomac et les larmes l'envahissaient sans jamais vouloir sortir. C'était un calvaire et il ne savait pas comment en sortir, il avait détruit son passé mais il restait dans sa tête comme une épée de damocles attendant de tomber sur lui pour l'emporter dans le vide de ce qu'il avait perdu en cette nuit sans lune.

Une main chaude se posa sur sa cuisse, ce fut comme un éclair qui vrilla ses ténèbres et le ramena à la réalité. Il cligna des yeux et vit le décor où il se trouvait. Comment était il arrivé là? Quand avait il pris cet ours? Un homme le regardait, ses prunelles bleues foncées semblaient percer son âme pour y chercher ce qui n'allait pas.

«- De retour parmi les vivants?»

Sa voix était douce et chaude, pleine d'assurance et de douceur mêlé à une force qui n'attendait que de sortir.

«- Je vous connais?

- On s'est déjà vu, je t'ai sauvé d'un groupe de pernicieux.

- Oh, désolé ça s'est passé vite, je n'ai pas bien vu tout le monde.

- Pas de problème. Je m'appelle Xantes, et toi tu es Sirion si les échos de couloirs sont bons.

- Oui c'est ça.

- Que s'est il passé pour que Daléan soit aussi paniqué?

- J'ai détruit mon appart'.

- C'est une bonne raison.

- J'ai tué mes parents, parce qu'ils n'étaient plus eux-mêmes.

- Je suis désolé pour toi, ça doit être difficile.

- Plus maintenant, je les avais déjà vu mourir.

- Comment ça?

- Ils ont été tués par les ch...les pernicieux il y a quelques mois. Ils sont revenus pour me dévorer.

- Comment étaient ils?

- Pardon?

- Excuse moi, je sais que ce n'est pas facile mais c'est important.

- Et bien ils étaient comme les zombis dans les films. Ils étaient à moitié décomposés, ils se souvenaient de tout et ils auraient été normaux s'ils n'avaient pas voulu me manger. Ils m'ont dit que les pernicieux avaient laissés quelque chose sur eux, un truc qui les avaient transformé en ça.

- Tu te souviens de ce qu'ils ont laissés?

- ...Je ne sais plus trop, mes souvenirs sont...ah si, c'était une aura. C'est ce que ma mère a dit.

- Une aura, une aura, mais oui! L'aura du premier! Ça explique tout!»

Il se leva d'un bond, souriant.

«- Voilà pourquoi on ne les trouvait plus! Ils ont trouvé la dépouille du tout premier, ce qui veux dire qu'ils peuvent à nouveau se reproduire! C'est une nouvelle super!»

Il attrapa Sirion et le fit tournoyer, serrant le pauvre garçon dans un étau de muscles.

«- Azérael avait raison sur toi, tu es génial, grâce à toi on ira loin! Il faut que je prévienne les autres maintenant!»

Il partit en courant, laissant le garçon seul, les joues rouges et la tête en vrac. Il n'avait pas tout comprit mais l'idée d'avoir été aussi utile lui fit plaisir. Il laissa la peluche sur le canapé et voulut suivre Xantes mais il avait déjà disparut. Le hall et le couloir sur sa gauche étaient dans la pénombre, seules quelques bougies apportaient un peu de clarté. Ne voulant pas rester seul dans le salon il sortit pour visiter un peu, après tout il n'était pas un ennemi alors il pouvait bien découvrir un peu les lieux.

Il parcourut les couloirs, regardant les tableaux montrant des démons aux visages graves, prenant des poses victorieuses. Tout était si grandiose qu'il en restait intimidé. Il se demanda depuis combien de temps ils vivaient en ce lieu, la vie qu'ils menaient au jour le jour. Il ne trouvait plus ces démons effrayants, il ne les avait jamais trouvé très effrayants d'ailleurs. Il arriva dans un couloir où le mur de droite était un gigantesque baie vitrée. Un jardin s'étendait devant les yeux ébahis du garçon. Des arbres immenses s'élevaient à un point tel qu'il ne distinguait pas les contours du jardin.

Il entra doucement par la porte-fenêtre et s'engouffra dans une allée pavé. Les parterres l'entouraient, parfois surélevés, parfois à même le sol. Les arbres comme les plantes étaient magnifiques, cependant il ne reconnaissait aucune espèce. Les branches jouaient avec les rayons de la lune, rendant le décor encore plus féerique. Les pas du garçon sur les dalles de terre cuite étaient le seul bruit hormis une respiration douce, comme si les arbres respiraient. Le garçon sourit, c'était décidé, il allait rester avec ces démons, il allait les aider du mieux qu'il pourrait, car s'ils pouvaient créer ce lieu, ils n'étaient pas mauvais. Même Raki deviendrait son amie, il suffisait de faire l'effort. Et puis il désirait comprendre le sentiment qu'il éprouvait pour Daléan, le vivre encore et encore pour pouvoir le déchiffrer et le savourer. Il sourit à cette idée.

«- Pourquoi souris tu jeune chasseur?»

La voix le prit au dépourvu, une voix grave. Il se colla contre un tronc et chercha l'ombre derrière lui, mais il n'y avait rien.

«- Je suis juste devant toi petit, le gros tronc.»

Sirion resta bouche bée, fixant le gigantesque tronc sombre qui semblait tout à fait normal.

«- Alors pourquoi souris tu? Prépare tu un mauvais coup?

- P...pas du tout, je, je suis, les autres savent que je suis ici, je m'appelle Sirion.

- Sirion, mmh, alors c'est toi le fameux garçon dont ils parlent tous. Et pourquoi souris tu petit?

- Parce que je suis heureux, j'ai décidé de rester ici pour aider les autres.

- C'est bien, tu es le premier chasseur à laisser tes préjugés pour lutter côtes à côtes avec nous.

- Vous êtes un arbre qui parle?

- Non pas vraiment, je suis un démon moi aussi. Je suis en sommeil.

- Mais vous me parlez.

- Les démons ne fonctionnent pas comme les humains, nous ne dormons pas et la mort ne vient pas nous prendre si nous ne sommes pas tués, au bout d'un certain temps de vie, nous sentons la fatigue peser sur nous alors nous changeons de forme et devenons des arbres. Nous restons un certain temps ainsi et quand viens le moment, nous redevenons comme avant. Cela fais 480 ans que je suis ainsi. Je peux parler si je le veux mais le plus souvent je suis endormi.

- 480! C'est long.

- Le temps n'est rien à force.

- Mais alors les autres arbres...»

Sirion se tourna vers les autres troncs qui l'entouraient.

«- Ils ne sont pas tous des démons, il y en a peu et ils sont trop fatigués pour parler la plupart du temps. Ce lieux est calme pour dormir et nous pouvons aider ceux qui luttent toujours si le besoin s'en fait sentir. Il y a d'autres lieux de sommeil sur la planète, de bien plus anciens que celui ci mais ils sont loin.

- Héhé, je suis bien jeune en comparaison de tout ça

- Tu as beau être jeune, tu es différent. Je comprend ce que voulait dire Sivak, tu dégages une fraîcheur étonnante, c'est comme si tu étais entouré d'un pouvoir. Ton sourire le montre bien, quelqu'un qui sourit avec autant de joie ne peux être mauvais..

- Merci beaucoup, j'ai appris il y a peu que les démons étaient loin de la réputation qu'on leur donne.

- Et je crois aussi que la vie t'as fait cadeau d'un don incroyable. Cela me fait plaisir d'avoir l'honneur de rencontrer un garçon comme toi.

- Merci, ça m'a fait plaisir de rencontrer un arbre-démon, désolé de vous avoir réveillé monsieur...

- Mon nom est Volanar-lémal, mais appelle moi Volan.

- D'accord!

- Mais au fait, que fais tu ici?

- Xantes est partit en courant et j'ai voulu le suivre mais je l'ai perdu alors je me suis mis à visiter et...oh ils doivent mes chercher, il faut que j'y retourne.

- Alors, reviens me voir un autre jour, tu me raconteras comment se passe ta vie parmis nous.

- Promis, au revoir Volan!»

Sirion partit en courant, saluant l'arbre-démon. Il ne put en jurer à cause de la pénombre mais il crut voir une branche s'agiter doucement. Il rejoignit le couloir à l'instant où Daléan passait à l'autre bout en criant son nom désespérément. Il disparut dans un autre couloir avant de revenir à reculons. Son visage était décomposé, il courut vers le garçon et l'attrapa. Il le serra avec force, le berçant.

«- Ne disparaît plus jamais, j'ai eu peur espèce de crétin, j'ai cru que tu ne reviendrais plus, que tu avais tout laissé pour en finir, j'ai pensé à tout un tas de choses horribles.»

Son inquiétude toucha le garçon qui se sentait décidément très bien dans ces bras si chaleureux.

«- J'ai voulu suivre Xantes mais il avait disparu alors j'ai visité et j'ai trouvé le jardin, j'ai rencontré Volan et nous avons discuté...

- Tu as parlé à Volan?»

Daléan se recula un peu pour plonger son regard dans celui du garçon sans pour autant le lâcher.

«- Oui pourquoi?

- Parce qu'il ne parle pas à grand monde, même son frère n'arrive pas à le faire parler. Sivak va vouloir savoir comment tu as fait.

- Sivak est le frère de Volan?

- Oui. Comment l'as tu fait parlé?

- J'ai juste souris et il m'a parlé.

- Allé viens, Ofir t'attend.

- Je voudrais voir le chef plutôt, j'ai pris ma décision.

- Ta décision?»

Le démon le scruta avec inquiétude.

«- Oui, je veux rester dit il en souriant.»

Daléan sourit aussi, comme un enfant devant ses cadeaux de noël. Il serra plus fort le garçon.

«- J'en suis heureux, passant je comprend Volan, ton sourire rendrait la joie à n'importe qui. Allons voir le chef.»

Le démon emmena le garçon vers la salle où il avait eu la proposition. Le chef était sur son trône, parlant tranquillement avec Azérael. A la vue des nouveaux arrivants, la discussion mourut et les regards devinrent anxieux. Le chef prit la parole.

«- Tu arrives plus tôt que prévu.

- Je sais répondit Sirion, mais il s'est passé quelque chose. Et après ça, j'ai pris la décision que je serai plus utile en vous aidant que si je restait seul. Alors si vous n'êtes pas contre, j'aimerai rester avec vous.

- Ce sera un vrai plaisir jeune homme, tu es le bienvenu chez nous!

- En parlant de ça intervint Daléan, son chez lui n'existe plus. Il a du se battre contres ses parents et tout est partit en fumée, enfin je t'expliquerai après donc il va vivre avec nous.

- Mais je peux aller à l'hôtel.

- Non je veux pas te voir loin il t'arrive plein d'ennui quand je suis pas là.

- C'est tout vu de toute manière lança Sivak, tu es ici chez toi! Nous allons te donner uns chambre.

- Je le mes près du jardin, je t'expliquerai aussi tout à l'heure. Je l'emmène maintenant.

- D'accord, à plus tard Sirion, et encore bienvenue.

- Merci.»

Daléan tira le garçon vers la sortie, il eut juste le temps de voir Azérael lui faire un clin d'œil de bienvenue. Il repartirent vers le jardin et s'arrêtèrent devant une petite porte sculpté. Le garçon se retrouva à l'intérieur d'une chambre où un lit à baldaquin prenait une partie de l'espace, le bureau et la gigantesque armoire d'un bois aussi noir que le lit complétaient l'ensemble, me reste étant décoré de tentures épaisses qui donnaient à ce lieu une ambiance chaude et tranquille. Sirion marcha un peu, touchant les murs drapés de tentures et le bois si chaud malgré sa noirceur. Il se tourna vers son ami démon en souriant.

«- C'est magnifique.

- Je me doutais que tu aimerais. Et ta porte-fenêtre donne droit dans le jardin.

- Merci Daléan, merci pour tout, on se connais à peine et tu prend déjà soin de moi. Je ne pense pas que je mérite autant d'attentions mais merci, ça me touche.»

Daléan s'approcha et posa sa main sur la tête du garçon, jouant avec les mèches entre ses doigts, le regard intense.

«- Tu le mérites, je sais quand quelqu'un vaux le coup, et tu en fais parti. Ne laisse personne te persuader du contraire, tu es un petit ange et le démon que je suis à bien l'intention de faire tout pour qu'il ne t'arrive rien.»

Il déposa un baisé sur son front avant de se reculer, comme si le simple contact de leurs corps pouvait maudire l'ange.

«- Il faut que j'y aille, repose toi, je reviendrai demain. Bonne nuit petit chasseur.

- A demain.»

Le silence retomba sur la petite chambre. Il s'assit sur le lit en contemplant sa vue sur le jardin. Son aventure commençait maintenant, il était devenu l'un des démons. Peut être pas dans le cœur de tous mais dans leur groupe du moins. Il sourit, le destin était amusant tout compte fait. Restait à découvrir les limites de son pouvoir. Il regarda ses mains, il était devenu un Erilit, restait à savoir quelle puissance cela lui conférait exactement. Pour l'instant du moins il allait dormir, et qui sait, peut être rêverait il d'un démon aux cheveux rouges qui veillait sur lui...


*



Il rampait de nouveau devant lui, c'était insupportable, il en avait assez, mais il savait qu'il n'avait pas le pouvoir de lutter, il n'était pas le plus fort au jeux de la guerre, juste à celui de la fuite. Mais cette nuit il n'avait pas d'échappatoire alors il se soumettait, prenant son mal en patience et supportant tant bien que mal la puanteur de SON antre.

«- J'ai attendu ta venu hier.

- Je sais maître, mais tout ne s'est pas passé comme prévu.

- Je l'avais remarqué, je t'avais demandé une tête, où est elle?

- Il nous a échappé, mais cela ne se reproduira pas, nous savons comment l'avoir, il ne pourra pas toujours courir.

- Non, il ne courra pas indéfiniment. Toi non plus d'ailleurs.»

Il sentit la main s'enfoncer dans sa nuque et tout broyer. Il sentit la fin venir, et sa dernière pensée fut pour sa stupidité d'avoir cru s'en sortir. L'autre essuya sa main sur le t-shirt d'un des corps empalés près de lui. Il y en avais des dizaines bien alignés. Il fit signe à une ombre qui s'approcha sans se mettre dans la clarté.

«- Tu sais ce que j'attends de toi, nous avons assez attendus, il faut agir plus vote qu'eux sinon nous devrons payer le prix de notre lenteur. J'ai la faiblesse de te faire confiance alors que tu m'as déçu auparavant, j'espère que tu feras l'effort d'être à la hauteur de cet honneur.

- Bien sur, je vous ramènerai leurs cadavres.»

Il sourit, peut être que pour une fois tout ce passerai comme prévu, il avait patienté des siècles, il était grandement temps de sortir mettre un peu d'horreur dans ce monde pathétique. Il arracha la main d'un cadavre et en dévora un bout en souriant.