Un cœur silencieux


Genre : Fantastique

Auteur : Yann Mélian

Résumé : Jim travaille dans une librairie, un emploi banal pour une vie qui l'est tout autant, jusqu'au jour où en rentrant tard il se fait attaquer dans un cimtière. Il sera sauvé par un groupe de loubards et fera par la même occasion la connaissance de Julien, un garçon bien étrange, aussi froid que son coeur est silencieux.




Je ne sais pas comment cela a pu ce passer. Je cherche dans ma mémoire mais cela reste sombre, un brouillard qui enferme ma pensée. D'un autre côté y penser est stupide, je le sais bien. Je devrais juste savourer l'instant, le savourer comme lui semble le faire. Lui qui n'a rien à voir avec moi, lui qui court partout comme un chien fou alors que je suis là, avec ma charmante laisse à l'attendre. Le pire c'est probablement qu'il revient toujours pour que je la lui remette. Il ne semble pas triste, il ne m'en veut pas. Ça m'énerve.

Je m'appelle Jim, je suis une personne tout ce qu'il y a de plus banale, employé dans une librairie (je sais c'est d'un cliché). Je n'ai que 21 ans mais je vis ma vie de manière totalement autonome, je n'ai besoin de personne, ma famille est là de temps en temps mais ils sont loin alors je vis tranquillement ma vie. Du moins c'est ce que j'ai pensé jusqu'à ce que je le rencontre. Je rentrais, très tard après une journée éprouvante où le nouveau bien que très mignon avait trouvé le moyen de tout mélanger dans les nouveaux arrivages, m'obligeant à tout remettre en place malgré les suppliques de mon patron qui me trouve trop consciencieux. Je marchais donc dans la rue sombre, marqué par endroit par ses lampadaires et des voitures qui passaient rarement.

C'est au coin de la rue, dans un endroit où la lumière n'existe plus que je les ai vus, une groupe vêtu de cuir et riant doucement. Ils auraient pu être des brutes comme il y en avait tant mais quelque chose dans leur discrétion, dans leur air serein m'intrigua. Je ne les avais pas regardé directement mais je sentis leurs yeux interrogateurs se poser sur moi, des milliers de flèches acérées ne m'auraient pas autant percées. Cela ne dura qu'un instant avant que j'arrive de nouveau près d'un mur mais je me sentis mal durant un moment. Je décidais de traverser le bon vieux cimetière (les clichés s'alignent je sais bien) afin d'arriver plus rapidement chez moi lorsqu'une ombre passa en riant près de moi.

Je sursautais sans pour autant crier et fixait la nuit avec suspicion, songeant au groupe d'hommes en cuir, me disant qu'ils ne devaient pas être aussi sympathique que cela. Une ombre que j'avais d'abord prise pour une statue sortit des ténèbres, un jeune homme androgyne au sourire moqueur qui me fixait de son regard espiègle. Vêtu comme un mendiant et le visage sale il était pourtant assez beau dans son genre. Il continua à s'approcher alors que je le fixer sans comprendre. Son sourire devint alors plus carnassier et il ouvrit la bouche, deux fois plus grande que celle d'un être humain, les dents s'agitant d'avant en arrière, pointues et se tendant vers moi.

J'aurai dû reculer mais je me sentais juste fatigué, sans envie de bouger malgré les hurlements désespérés de mon instinct de survie. L'androgyne m'attrapa doucement mais avec fermeté et posa ses dents sur ma gorge avant d'enfoncer lentement les pointes. La douleur fût vive et brève avant qu'une onde ne me traverse. Je me sentais comme emporté par une sorte de transe et je me laisser tomber dans les bras de l'être dont l'humanité me semblait à présent toute relative. Un liquide chaud coula sur mon corps, probablement mon sang mais je m'en fichait à présent. C'est alors que des voix s'élevèrent. Mon agresseur me lâcha et grogna avant que des bruits de courses et de combat ne retentissent. Je ne vis rien, couché dans l'herbe entre les tombes, fixant les étoiles avec indifférence. J'entendis les voix revenir vers moi, plus forte puis plus agressives, je vis des visages flous se pencher sur moi alors que des mains touchaient mon corps et ma blessures. Les voix graves devinrent totalement menaçante alors que l'une d'elle s'élevait plus haut sans pour autant être plus forte, juste teinté d'autorité ou de sagesse je n'aurais su le dire. Un long silence tomba alors que je sentais mon corps reprendre de sa vigueur. Une étrange douleur s'éveilla sur ma blessure et j'y portais la main en gémissant. Des voix étouffées s'élevèrent et deux bras forts me soulevèrent. Je m'évanouis à cet instant.

Le soleil doux du matin m'éveilla. J'étais dans mon lit, comme si rien ne s'était passé. Un doux rayon s'invitait dans la pièce alors que je m'asseyait en portant ma main à ma gorge.

‹‹- J'ai fais un pansement mais ce n'est pas super.››

Il était dans le fauteuil près de la porte, blottit dans l'ombre avec un air plein d'assurance, me fixant avec sérieux.

‹‹- Tu te sens comment Jim?››

Sa voix était grave mais non rocailleuse, son timbre masculin mais pas brute, un timbre tout a fait normal, mais en désaccord avec sa tenue de loubard.

‹‹- Euh ça va merci. Mais comment connais tu mon nom et qu'est ce qui s'est passé?

- Ton patron est passé prendre les clés de la boutique ce matin comme tu n'étais pas venu, je lui ai dis que tu étais très malade et que j'étais ton cousin venu te soigner. Il te souhaite un bon rétablissement.

- Et?

- Et quoi?

- Que c'est il passé hier soir?

- Tu sembles normal alors tu n'as pas besoin de savoir.

- J'estime pourtant que j'ai le droit de savoir.

- Non, et je dois partir, dit il avant de se lever avec décontraction.

- Non! Reste!››

Je criais alors qu'il avançait, refusant qu'il parte alors que je voulais savoir, je devais comprendre parce que c'était un rêve et un cauchemar et qu'il me fallait être sûr que ce n'était pas mon imagination. Il s'arrêta alors qu'il se trouvait devant la porte qui paraissait une bien piètre protection face à son corps d'athlète. Il fit volte face doucement et plongea ses yeux bleu nuit dans les miens, me clouant sur place face à son visage parfait et pourtant froid.

‹‹- Pourquoi?

- Et bien je...››

Rien ne me venait alors que je restais à genoux sur mon lit, près à me jeter à ses pieds pour ne pas lui permettre de fuir.

‹‹- Je...reste, je ne pauserai pas de question.››

Un léger sourire vint éclairer son visage si froid, mais cela ne l'éclaira pas, il resta renfermé dans son bloc gelé.

‹‹- Je n'ai rien de prévu pour l'instant alors je vais accepter.

- Mer...merci, euh, tu as faim?

- Un peu››

Je sortis de la chambre pour filer dans la cuisine, sentant son regard amusé peser sur mes épaules bien trop frêles pour ça. Je me rendis compte que je portais toujours mes vêtements de la veille même si on m'avait enlevé mes chaussures. Je fis comme si de rien n'était, amenant du café et quelques pancakes vite fait à mon hôte inconnu. Il me regardait toujours avec son sourire, à croire que j'étais la personne la plus drôle du monde. Il accepta le café en silence, hochant juste la tête. Je mordillais mon pancake en silence, le détaillant discrètement, ses cheveux bruns courts, ses larges épaules, son air puissant, son regard perçant, ses traits terriblement séduisants, sa bouche qui m'attirait alors que je m'étais promis de rester étranger à toute forme de désir suite à une mauvaise rupture. Mon petit jeu tourna court lorsque le jeune homme ouvrit enfin la bouche.

‹‹- Si tu veux me regarder, fais le franchement, je ne te mordrais pas, au pire je prendrai un pancake.››

Je rougis alors que son sourire devint plus grand même si la glace demeurait. Je rougis comme un enfant, me disant que je n'étais qu'un froussard. Je pris mon courage à deux mains et fit le premier pas pour faire enfin tomber cette glace.

‹‹- Je ne connais pas ton nom.

- Peu importe mon nom.

- Tu veux bien rester chez moi mais tu refuses de me dire ne serait ce que ton nom. On ne va quand même pas se regarder en chien de faïence sans rien se dire.

- Moi je trouve ça amusant.

- J'avais remarqué que tu me trouvais amusant.

- Et ça te vexe?

- Non, j'ai juste l'impression de passer à côté de quelque chose. Qu'est ce qui t'amuse autant chez moi?

- Tu paraissais si paisible quand tu dormais alors qu'à présent tu sembles pris dans un tourbillon d'expression. C'est surprenant.

- Et amusant.

- C'est ça.

- Et ma tête amusante ne te donne pas envie de donner ton nom?››

Il leva les yeux au ciel en une supplique fort amusante même si je préférais rester sérieux de peur de casser l'instant.

‹‹- Je m'appelle Julien. Ça te va? Pour la peine nous allons faire un jeu. Une question à tour de rôle ou une action, pas de règles. Partans?

- Ok. Tu commences.

- Où est passé celui qui vivait avec toi?

- Comment ça,

- Il y avait quelqu'un ici, ça se voit, tu as tout pour au moins deux mais tu es seul.

- Il est partis, ça n'a plus d'importance. Pourquoi, ça t'ennuie qu'un homme ai partagé ma vie.

-Non pas le moins du monde. Et pour quelle raison est il partis?

-...››

La question me laissa silencieux un instant. Mon regard devint triste et cela sembla le toucher car son sourire laissa place à de l'inquiétude.

‹‹- J'ai touché un point sensible.

- Non, enfin c'est juste que je n'en sais rien.››

La discussion continua doucement, il appris pas mal de choses sur mon existence alors que j'en apprenais très peu, évitant la question qui le ferait fuir. Je découvris tout de même qu'il avait 25 ans et qu'il vivait avec sa bande depuis très longtemps, que ses parents étaient morts et qu'aucune famille n'était venu remplacer sa bande de loubard qu'il semblait beaucoup aimé. Puis, alors que son éventail de question semblait sans fin, il me surprit.

‹‹- Embrasse moi.

- Pardon?››

Je le regardait d'un air totalement ahuri, fixant les yeux bleu profond sans comprendre ce qui venait de se passer.

‹‹- T'as bien compris, embrasse moi. Vu que tu regardes mes lèvres avec insistance je me suis dis que ça t'aiderai peut être à t'en détacher.

- Mais euh...et bien je...››

Il attrapa mon menton et se pencha par dessus la table. Ses doigts étaient doux et tièdes, ses lèvres tout autant alors qu'il les posaient simplement sur les miennes, avec une douceur presque impensable aux vues de sa carrure. Il reprit sa place, avec un sourire que je ne pouvais expliquer. Il me fixa un instant alors que mon cœur tentait de reprendre contenance. Puis Il me dit qu'il devait partir. Je le suppliait presque de revenir et il y consentit rapidement, me faisant promettre à mon tour de continuer le jeu de cette matiné. Je fermais la porte et m'y colla, essayant de reprendre contenance. Je sentais encore ses lèvres, sa chaleur, tout son être qui m'avait incendié. C'est là que je compris que m'étais fais avoir, je ne savais toujours pas ce qui s'était passé, et en plus j'avais embrassé ce garçon. J'y songeais en nettoyant la vaisselle puis en prenant ma douche, l'image des ses yeux profond me hantant comme un poison. Il ne vint pas le lendemain, je retournai au travail avec déception et décidait de rentrer tard malgré les remarques de mon patron sur ma maladie et ses heures supplémentaires inutiles.

Je sortis alors que la lune s'élevait doucement dans le ciel d'encre. La ruelle était vide, je m'y enfonçais sans trouver âme qui vive. J'entrais dans le cimetière sans rencontrer personne. C'est en approchant de la sortie qu'un voix s'éleva d'une tombe voisine.

‹‹- C'est une mauvaise idée de revenir ici.››

Il était sur une pierre tombale, souriant comme la dernière fois, le regard froid et pénétrant.

‹‹- Et alors, toi tu avais promis de revenir il me semble.

- J'ai eu un empêchement.

- Tu aurais pu me prévenir.

- Je n'ai aucune obligation envers toi.

- Je l'avais remarqué. Alors, c'était quoi cette personne qui m'a attaqué?

- Il me semble que lorsque j'ai décidé de partir c'était à moi de poser la question.

- C'est pour te faire pardonner de l'abandon que tu m'as fais vivre.

- Un point pour toi. Viens, allons chez toi ça sera plus confortable que ces tombes.››

Un café plus tard il était sur mon canapé, me fixant avec sérieux cette fois ci.

‹‹- Tu peux renoncer à savoir.

- Pas maintenant que tu es près à parler.

- Comme il te plaira mais tu ne pourra pas revenir en arrière et personne ne devra savoir.

- Marché conclu.

- Un baiser pour sceller l'accord?

- Pis quoi encore?

- Ok, j'aurais essayé. Cette chose n'a pas de nom, du moins nous n'en connaissons pas. Il se reproduit par sa morsure mais ce n'est pas systématique. Tu as échappé de peu à son sort d'ailleurs, les autres te disaient infectés. Ils dévorent les gens. Leur morsure injecte une drogue puis ils mordent et boivent le sang avant de dévorer les chairs. Ils sont forts et voraces. Je ne sais pas d'où ils viennent parce que je ne suis dans le groupe que depuis peu mais il me semble que les autres ont une idée.

- Et comment vous pouvez venir à bout d'une bête plus forte qu'un homme?››

Son regard devint encore plus sombre alors qu'il semblait tiraillé. Il se rapprocha doucement de moi et attrapa ma main. Ayant peur de le faire partir je ne fis aucun geste,le laissant pauser sa main sur sa poitrine. Je sentis les muscles saillants sous son t-shirt, sa douce chaleur, mais pas son cœur. Je fis glisser ma main pour cherche ailleurs mais rien ne vint. Il sourit un peu de nouveau.

‹‹- Tu ne le trouvera pas, il ne bas plus. Le sang circule sans son aide. Je suis vivant mais sans cœur, l'image est amusante. Nous sommes tous comme ça. Quand tu entres dans le groupe ton cœur se stoppe sans douleur, comme s'il s'éteignait, le reste devient alors plus fort, beaucoup plus fort. C'est une sorte de pacte, tu perds ton côté humain, tu deviens presque immortel mais tu n'as plus ces battements si familiers.››

Il souriait mais son visage semblait triste, nostalgique. Je le pris dans mes mes bras et le serrait doucement, espérant le consoler un peu. Il resta de marbre puis m'enlaça timidement. Nous ne bougions plus, nos respirations troublant à peine l'instant. Ses doigts caressaient doucement mon dos, s'agitant à peine. Mon cœur commença doucement à s'emballer quand je sentis son parfum, une douce odeur qui me laissait une sensation de sécurité. Je le lâchait, préférant rester le plus sérieux des deux. Son regard était fiévreux et il semblait près à sauter sur moi. Je préférais détourner ses soupçons avant de savoir ce que moi je désirais.

‹‹- Merci de m'avoir sauvé.››

Il prit un air déçu, je sentis mon cœur se serrer mais je préférais rester prudent.

‹‹- Et donc tu chasses ces choses?

- Oui, la nuit quand ils sortent, le jour ne les aide pas à être discret.

- Bien sûr. Et tu ne devrais pas y être?

- Tu veux que je parte?

- Oh non! C'est juste que je m'interroge.

- Tu ne t'inquiètes pas plutôt de ce que tu viens de découvrir?

- Je n'ai pas de raison, cette chose ne m'a pas tellement effrayé et je sais que tu es là. J'ai confiance en toi.››

C'est là qu'il perdit la distance qu'il affichait. Il me poussa, me couchant sur le canapé et vint sur moi, me plaquant entre le cuir froid et sa peau tiède. Il plaqua ses lèvres tendres sur les miennes ouvrant ma bouche pour sa langue entreprenante. Mon esprit s'égara et je le laissait faire. Il fit danser ses mains sur ma peau, m'ayant hôté mes vêtements sans que je m'en soit rendu compte, les siens aussi par la même occasion. Je laissai mes bras glisser sur son dos, savourant ses muscles qui ondulaient sous sa peau douce. Il devient de plus en plus exigeant et j'en demandais de plus en plus. Il se stoppa soudain alors que ma respiration devenait courte.

‹‹- Si tu veux que ça s'arrête c'est maintenant tant que je le peux, tu me rend fou et je ne veux pas te forcer.

- Non...non, je veux que ça continu. Ne t'arrête pas, ne t'arrête plus jamais.››

Il sourit, mais d'un sourire tendre avant de reprendre. En y repensant je me rend compte que je n'avais jamais autant pris de plaisir malgré mes amants assez nombreux, même celui qui avait partagé ma vie. Je sombrais dans un sommeil tranquille dans ses bras chauds alors que le soleil se levait à l'horizon. Lorsque je m'éveillait, j'étais dans mon lit,je ne vis pas son sourire ni même son corps. Sa chaleur me manqua, son sourire qui était magnifique sans cette froideur de loubard. Je me levais et trouvais un mot sur la table de nuit, griffonné rapidement d'une écriture rapide et penché.


Je devais rentrer, je reviens dans quelques heures, tu me manques.

Julien.


Les jours se suivirent avec fièvre. Il venait tout les soirs, avant le coucher du soleil afin de pouvoir aider ses compagnons dans leur traque. Nous poussions notre fièvre, étanchant une soif qui devenait de plus en plus forte. Nous parlions pendant des heures, buvant les mots de l'autre, enlacés avec affection, le regard plein de promesse. Il m'avoua que les autres étaient assez en colère face cette relation mais que le chef ayant donné son aval, tout allait bien. Il me parla de leurs longues chasses dont la dernière s'avérait plus difficile que les précédentes. Leur adversaire semblait se jouer d'eux et tentait de les piéger mais pour l'instant tout allait sans trop d'ennui. Je ne disais rien sur l'inquiétude que j'éprouvais, sachant pertinemment que c'était grâce à sa que je l'avais rencontré et qu'il devait vivre sa vie. Ne voulant pas perdre ce petit bout de paradis je restais silencieux, souriant à ses sourires de plus en plus tendres. Je fermais les yeux sur l'idée qu'il parte et reviennent sans cesse, je savais que notre vie ne serait que ça et je m'y tenais. Je pensais cependant qu'il devait souffrir de vivre partagé entre moi et son monde. Puis vint le jour, ce fameux jour où tout se joua.

Il m'avait promis de passer le weekend en ma compagnie, les choses ayant espacées leurs attaques. J'espérais emmener Julien se promener en ma compagnie dans un endroit amusant. Je passais mon samedi avec le sourire à l'idée de le retrouver. J'attendis, la nuit tomba mais je ne le vis pas arriver. J'attendais depuis plus de 12h en me disant qu'il ne saurait tarder. Je m'imaginais déjà le pire, une chose plus forte que les autres, son abandon de poursuivre une relation voué à l'échec depuis le début, un amour moins fort d'un côté que de l'autre. Tout cela me rendit fou, je tournais en rond en espérant qu'il viendrait quand même,qu'il m'aimait et que mon esprit divaguait comme d'habitude. Un coup léger à la porte me fit sursauter avant que je ne cours ouvrir en imaginant son sourire et ses excuses entrecoupées de baisers. C'est un sourire carnassier que je trouvais, un corps maigre mais musculeux, un regard assoiffé et des haillons. Il me poussa dans la pièce en riant doucement. Il ne dis pas un mot lorsqu'il sortit le couteau et me taillada le torse, m'envoyant en même temps contre la table.

‹‹- On va rire ensemble.››

Sa voix semblait sans vie, comme une machine qui aurait tenter de raconter la meilleure blague qui soit. Le sang coulait alors que je sentais la brûlure lancinante. Il leva de nouveau son couteau et je tentais de faire le tour de la table. Il tailla mon dos, s'enfonçant assez pour me faire crier. J'aurais tout donné pour que les voisins m'entendent mais les studios étaient neufs et bien insonorisés. Je tombais alors qu'il se mettais à califourchon sur moi. Il chantonnait en traçant des sillons brûlants sur moi, dessinant des arabesques qui semblaient le faire rire. Il me tourna et repris son jeu. Mes efforts ne servaient à rien en comparaisons de sa force.

Il finit cependant par s'énerver des mes attaques et m'attrapa à la gorge, me soulevant pour ne plus atteindre le sol. Je me sentis partir doucement, l'air n'entrant plus dans mes poumons douloureux. Il me plaqua contre le mur en riant de plus en plus fort, ses ongles s'enfonçant dans mon cou. Il me jeta contre le mur d'à côté avec rage, mon corps laissa une marque profonde alors que l'air tentait de refaire son chemin habituel en moi. Je tentais de me lever lorsque la lame du couteau se planta dans ma main. Je désirais crier avec fureur mais aucun son ne sortit de mes lèvres. Le sourire carnassier toujours aux lèvres, il me mit debout et retira la lame de ma main pour la planter dans mon ventre. Julien ouvrit à cet instant la porte et son regard devint fou. Le sourire carnassier laissa place à une rage sauvage. Ils se jetèrent l'un sur l'autre alors que je glissait sur le sol.

Les autres membres du groupe arrivèrent mais je ne vie que des tâches de couleurs. Le couteau me faisait mal mais je savais qu'il ne faillait pas le retirer. Les bruits de luttent durèrent un moment mais mon esprit ne pouvait plus compter le temps qui défilait. Je su que c'était terminé lorsque les bras de Julien m'enlacèrent. J'étais heureux qu'il ne soit pas mort (peux on dire que quelqu'un meurs alors que son cœur ne bas déjà plus?). Il me parlais mais cela n'avais pas d'importance, seul sa présence comptait, je le tenais doucement,utilisant mes dernières forces pour lui montrer que je l'aimais, que je n'avais jamais autant aimé, que le reste me semblait fade sans lui, que le soleil brillait moins lorsqu'il partait , que c'était ma vie et que si pour ça mon cœur devait s'arrêter je m'en fichait. Mais je ne dis rien, je restais là, à le serrer mollement alors qu'il parlait sans que je comprenne un traitre mot. Il finit par tourner la tête et je compris qu'il s'adressait à leur chef car son timbre était devenu triste, il semblait demander quelque chose de grave car le silence régnait dans la pièce. Puis tout devint noir et je mourus.







*







Lorsque je m'éveillais, j'étais couché dans mon lit, seul. Je courus dans toutes les pièces mais mon appartement était intact, tout semblait normal, mon cœur battait et j'allais bien. Aucune marque ne serpentait sur mon corps et tout semblait n'avoir été qu'un rêve. Je décidais d'aller chercher Julien lorsque mon patron m'appela, me demandant si je comptais sécher encore le travail aujourd'hui. Je me rendis là bas à contrecœur et attendis impatiemment la fermeture. Je partis dans le cimetière et attendit. Plusieurs heures s'écoulèrent mais rien ne se passa. Pas une ombre, pas un mouvement. Je rentrais en espérant qu'il soit passé et m'ait attendu mais rien là non plus.

Plusieurs jours passèrent, puis plusieurs semaines mais rien, pas de Julien , même pas un mot. Je finis par le prendre pour un rêve et je repris le cour triste de ma vie à présent que mon soleil en était partis. Un jour ou je rangeait une pile de livres sur la géographie, ma collègue vient me voir et me demanda d'aider un client trop calé pour elle. Je me rendis dans le rayon indiqué et me stoppait net.

Il était là, de dos, feuilletant un livre comme si de rien n'était. Me refusant à me jeter dans ses bras après cet abandon je m'approchait tranquillement.

‹‹- Bonjour monsieur.››

Il se tourna mais je me forçais à rester de marbre. Son regard s'éclaira lorsqu'il me vit mais il ne s'approcha pas. A vrai dire il se montra comme un simple passionné de littérature et je lui donnais ce qu'il cherchait, un peu déçu de le voir partir sans un regard. En rentrant chez moi je le vis contre ma porte. Il me fixait comme autrefois, souriant. Je ne lui accordais qu'à peine un regard et ouvrit la porte. Il la retint alors que je la refermais et entra de force. Il me prit dans ses bras et m'emprisonna. Même si je lui en voulais de cet abandon je le serrais aussi, poussé par mon amour encore trop vivace à mon goût. Il me relâcha et je vis ses larmes. Il m'amena sur le canapé et m'avoua tout. Il me dit que j'étais mort, que malgré ses efforts mes blessures avaient été trop profondes pour que quiconque puisse m'aider. Il avait donc sacrifié sa place dans le groupe et sa force en me rendant la vie. Il était redevenu normal, perdant sa famille et son ancienne vie pour moi.

Il me dit en pleurant qu'il avait lutté pour ne pas venir me voir aussitôt mais qu'il avait fallu me laisser me remettre et que de son côté il avait été forcé de reprendre une vie. Il me parla durant tout ce temps en serrant mes mains dans les siennes et en souriant malgré ses pleurs. Je ne dis rien, le regard dur, perdu face à tout ça, le soulagement de le voir et la douleur de l'avoir attendu en croyant ne plus jamais le revoir. Il me fixait en silence quand je pris la parole.

‹‹- Tu ne comptes donc pas partir?

- Non je suis là pour toujours!

- Tu m'aimes vraiment?

- Bien sûr je t'aimes de tout mon être. Tu en doutes?

- Non, je sais que tu t'es sacrifié pour moi mais je reste perdu, je me demande si c'est un rêve et que je vais me réveiller seul. Tu vas vivre dans ton propre appartement?

- J'ai pensé te demander mais j'ai peur que tu dises non alors je viens, peu importe ton choix.››

Sa remarque me fit sourire et la glace qui s'était formé autour de moi tomba. Je le sentis se détendre alors qu'il souriait franchement. Je le pris dans mes bras et posa ma tête au creux de sa gorge avec plaisir. Il m'était revenu, mon homme à moi, et pour toujours. Je souris, sentant son cœur battre près du mien.



YM