Erilit

Auteur : Yann Mélian

Genre : Héroic Fantasy



Chapitre 1: Le commencement.



La froideur de la nuit courait sur sa peau malgré sa veste. Il marchait depuis des heures, croisant le peuple des ténèbres, ceux que la lumière du jour blessait. Il faisait parti de ce peuple à présent, comme si sa vie d'avant n'était qu'un lointain rêve que le jour suivant aurait effacé. Il n'était plus humain maintenant, il était...autre chose, quelque chose qu'il ne pouvait définir.


Il s'appelait Sirion. Il avait été un simple lycéen sans histoire, un ado avec une vie banale, une famille tout ce qu'il y avait de plus normale. Puis tout avait basculé à la suite d'une nuit comme celle-ci. Il revenait du restaurant avec sa famille. Une petite ruelle et un groupe d'étranges humains aux visages cireux. Au début il avait pensé à un braquage mais ils ne voulaient pas d'argent, juste leur chair. Ils avaient lutté mais avaient perdu. Le jeune garçon avait assisté au massacre de ses parents, dévorés par ces êtres immondes. Ils s'étaient alors retournés contre lui. Ils avaient tenté de le tuer aussi mais n'étaient parvenu qu'à le mordre avant que quelqu'un ne lui vienne en aide. Sirion n'avait pas vu le visage de son sauveur, perdu dans une fièvre qui le dévorait avec rage. Son sauveur l'avait ramené chez lui sans savoir son adresse, il l'avait veillé pendant des heures, peut être des jours. Puis il lui avait parlé, murmurant dans son oreille. Il lui avait dit que la mort lui était inévitable au vue de toutes les morsures qui couvraient son corps. Il y avait une solution mais il lui faudrait faire le sacrifice de son existence mortelle pour quelque chose d'inconnu. Sirion avait longuement réfléchi derrière le voile de la fièvre. Seul la vengeance l'habitait, la haine, mais après tout, il préférait cela à la mort. Il avait alors accepté. Son sauveur lui avait alors murmuré des paroles étranges qui avaient tué la fièvre en réveillant une force que le garçon ne soupçonnait pas. Il était tombé dans un profond sommeil. A son réveil il était seul. Il découvrit que son mystérieux sauveur s'était fait passé pour son cousin et l'avait aidé à enterrer ses parents. Il s'était occupé du testament, le laissant à la tête d'une petite fortune grâce à des investissements. Il n'avait laissé que le vide et huit mois perdus.


Il avait retrouvé ses amis qui l'avait d'abord trouvé étrange puis peu à peu l'avait fui. Sirion n'en avait pas souffert, son passé ne le touchait plus, il avait oublié ce qu'était les sentiments. Il vivait sa vengeance. Il avait retrouvé ses bourreaux, les tuants les uns après les autres. Il avait découvert qu'ils n'étaient pas humains, que leur force dépassait tout ce qu'il avait imaginé. Ils étaient des parasites, des choses ignobles qui entraient dans les corps pour s'en nourrir jusqu'à ce qu'ils ait tout pompé. Ils devenaient alors trop gros et le corps se déchirait. En sortait alors un humanoïde jaunâtre et agressif. Il tenait ainsi un certain temps avant de s'affaiblir et de recommencer sa sale besogne. Il avait eu peur de ne pas être à la hauteur face à ces êtres. Mais le destin avait bien fait les choses car son corps avait changé, il était plus fort, plus rapide, il parvenait à s'accrocher aux murs, à se contorsionner sans douleur. Il était devenu si fort qu'il s'en étonnait encore. Chaque jour lui faisait découvrir un nouveau pouvoir comme le fait qu'il pouvait entendre plus loin et voir mieux dans le noir. Il avait tué sans efforts les créatures. Mais cela ne calma pas sa colère. Il se rendit vite compte qu'il y en avait d'autres, aveuglé par la douleur et la haine il poursuivit son labeur.


*



Il n'y avait pas de lune mais il s'en fichait, se guidant par les souvenirs qu'il avait de ces rues qu'il arpentait chaque nuit. Il sentait que l'une de ses choses rôdait, quelle avait sentit sa présence et qu'elle tentait de le fuir. Cependant il savait qu'il parviendrait à l'attraper comme toutes les autres auparavant, il pouvait le faire. Une ruelle sombre termina sa course. Il n'y avait rien jusqu'à la rue d'en face, il n'y avait rien en haut, comment avait il pu perdre sa trace aussi facilement, comment avait il pu être aussi naïf et ce laisser emporter par ses pensées? Il s'avança dans la rue avant de se retourner, la chose avait dû prendre un autre chemin sans qu'il fasse attention. Il fit quelques pas avant qu'une ombre n'apparaisse à la sortie. La créature était là, souriant d'avoir coincé celui qui la poursuivait. Des bruits sourds firent comprendre à Sirion que derrière lui aussi les choses l'avaient bloquées. Il compta cinq créatures, non, huit. Il aurait eu une petite chance si la rue avait été plus étroite mais il était dans une ruelle large, assez pour qu'ils forment un cercle autour de lui, ce qu'ils faisaient déjà.


Tout cela était assez drôle au final, il avait fini par se faire avoir par ceux qui avaient été ses proies et à présent il allait subir les conséquences de ses actes. Il se mit en position, prêt à riposter, refusant de s'avouer vaincu pour autant. Il entendit ceux de derrière courir vers lui, il se tourna et reçu en pleine face un coup de poing qui l'envoya à terre. Les lambeaux de chair du corps que la chose dévorait de l'intérieur resta fixé sur sa joue, il les ôta et se leva, il frappa, repoussant ses assaillants qui bondissaient autour de lui comme des satires, il recevaient les coups et les rendaient, peu à peu sa colère laissa place au chagrin, le chagrin de l'orphelin qui savait que sous peu il reverrait ses parents mais qu'avant ça il allait beaucoup souffrir. Il finit par être mis à terre par un coup plus violent que les autres et il sentit qu'il allait s'évanouir, il lutta pour rester éveillé et fixa avec haine les visages tordus par le plaisir de ce qui allait venir.


Les créatures stoppèrent une seconde avant que l'une d'elle ne puisse plus résister et le traîne jusqu'à elle. Elle ouvrit sa bouche démesuré, ce qui fit céder la mâchoire humaine et la planta dans la cuisse du jeune garçon qui se tordit de douleur sans crier pour autant, refusant de leur donner ce plaisir. Les autres se penchaient déjà pour en faire autant lorsqu'une flèche noire ce planta dans une tête. L'instant d'après, une ombre passait par dessus le groupe et des lames de métal tranchaient deux corps. Une créature tout près du visage de Sirion fût tiré en arrière et frappé si violemment que le bruit des os brisés résonna dans le silence de la nuit. Un bruit de clochettes signala la présence de quelqu'un de plus. Apparu alors un homme portant une peau de bête qui souleva la créature attaché à la jambe du garçon et le déchira en deux. L'homme aux clochettes apparut, bondissant sur une créature qui s'était relevé et serra sa gorge alors que deux petites créatures entraient dans son corps en tout sens, libérant des flots de sang.


Sirion se leva, fixant ce spectacle sans comprendre vraiment ce qui se passait. La dernière des créature poussa un cri déchirant qui fit sortir de l'ombre une quinzaine de ses semblables. Les sauveurs du jeune garçon se mirent autour de lui et se battirent comme si c'était la fin des temps. Le garçon ne savait plus quoi faire, il était tellement surprit de voir d'autres personnes se battre contre ses horreurs et dotés de pouvoirs aussi étonnant qu'il ne parvenait plus à bouger. Le combat avait beau être inégal, tout portait à croire que ses anges gardiens s'en sortiraient. Sa blessure se rappela à son bon souvenir et il tomba à genoux. Il vit alors l'une des créatures passer derrière l'homme aux clochettes. Il voulu le prévenir mais sa voix était paralysé, il voulut se lever mais la douleur était insupportable. Ses compagnons n'avaient pas vu ce qui allait arriver, il était bloqué au sol, mais il devait l'aider, il le devait. Après tout ils l'avaient bien sauvé. La colère monta en lui, si forte qu'il en vit trouble, cette chose allait encore lui enlever le peu d'espoir qui venait vers lui depuis tout ce temps de solitude. Non, ce n'était pas possible.


Il ferma les yeux si fort qu'il en vit des lumières, il ne savait pas ce qu'il faisait mais il savait que quelque chose se produisait en lui, sa colère montait comme un torrent, comme un océan de rage qui déferlerait en cherchant à sortir par tout les pores de sa peau. Il fixa la chose des yeux et lâcha la fureur dans sa direction. Le résultat le laissa bouche bée.


La créature se cambra comme si elle venait de recevoir un coup de poing dans le dos, elle poussa un cri de surprise avant d'être soulevé et projeté sur le sol avec rage. Ses os se brisèrent comme de simples brindilles et son crâne éclata sous l'impact. Le silence tomba sur la ruelle, pesant tel un bloc de plomb. Sirion regardait son œuvre sans comprendre, ses sauveurs quant à eux avaient tués les autres et le fixaient aussi ahuris que lui. C'est alors que la seule fille du groupe, celle qui lançait ces étranges flèches noires se mit à parler, sa jolie voix marqué par la fureur.


«- Merde c'est un chasseur, ce gamin est un foutu chasseur!»


Elle dit cela en s'approchant de Sirion, pointant sa main dont les flèches sortaient. L'homme au grelot attrapa son poignet et abaissa sa main vers le sol.


«- C'est à moi de choisir si jamais il doit vivre ou mourir, j'ai une dette envers lui, il m'a sauvé après tout, n'est ce pas Raki?


L'homme aux grelots s'approcha doucement du garçon qui n'écoutait même pas, il regardait le cadavre sans comprendre comment il avait été capable de faire ça.


«- Bonsoir, je m'appelle Azérael et toi?


En reprenant conscience de la situation, le jeune garçon ressentit l'effort qu'il venait de produire, il se sentit nauséeux, sa tête se mit à tourner et il ne vit plus rien.


*



Il se leva d'un coup, glacé d'effroi à l'idée de s'être évanoui. Il sentait encore les picotements de ce qu'il avait réveillé en lui, comme si de minuscules fourmis lui rappelaient que sous sa peau se trouvait un pouvoir qu'il n'avait jamais encore utilisé mais qui était prêt à s'échapper n'importe quand. Il tenta de se calmer, laissant les battements de son cœur reprendre un rythme régulier. Il sentit que les picotements se calmaient ne laissant que cette sensation de force constante. Lorsque tout eut reprit sa place il se concentra sur le lieu. Cela n'avait rien à voir avec la ruelle où il avait rencontré ses compagnons. Il était dans une chambre au mobilier raffiné, de l'ébène où des tentures de tissus bordeaux orné d'or tombaient un peu partout. Le lit était proprement gigantesque, recouvert de plusieurs matelas moelleux et d'édredons soyeux. Il était là, sous ses couvertures dignes d'un roman de cape et d'épée. Il voulut se lever mais quelque chose le retint, il était enchaîné par les poignets, deux chaînes imposantes qui étaient reliées au mur. Il allait tenter de s'en débarrasser quand des voix s'élevèrent derrière la porte. Il se rassit et attendit, préférant la patience à la précipitation.


«- Est ce que tu penses sérieusement qu'il peut rester ici, dit une voix masculine grave et anxieuse.


La porte s'ouvrit sur un homme pâle et mince aux longs cheveux gris sombres. Il sourit en voyant le garçon éveillé.


«- Bien dormi?»


Il s'assit à côté de lui, déposa un plateau pleins de nourriture sur ses genoux et le fixa en silence.


«- Excuse moi pour les chaînes, s'étaient plus prudent vu ce que tu as fait, apparemment tu étais autant étonné que les autres donc j'en ai conclu que c'était le première fois et j'ai préféré prendre des précautions plutôt que de te voir courir partout en cassant la maison. Moi c'est Ofir et toi?




Il libéra le jeune garçon et attendit sa réponse. Sirion massa un instant ses poignets en songeant au fait qu'il pouvait s'enfuir mais il n'en fit rien, après tout ils l'avaient sauvé alors il n'avait pas de raison de douter d'eux.


«- Je m'appelle Sirion.


- …


Ofir tendit la main à Sirion pour l'aider à sortir du lit, sa main était douce et chaude, presque fragile entre les doigts du jeune garçon. Étrangement il trouva ce contact agréable mais il l'ignora, ce qui l'attendait l'intriguait plus, qu'allait lui dire le chef sur ce qu'il était?