Chapitre 2: Le choix.
Il marchait derrière Ofir, suivant la carrure frêle et gracieuse de l'homme qui le conduisait vers son chef. Il se demandait ce qu'il allait trouver en rencontrant celui-ci. Pour l'instant, il restait stupéfait de voir à quel point la demeure où ils vivaient était superbe. Les murs étaient peints de manière très sobre afin d'accueillir les moulures de bois sombres et les tableaux aux esquisses graves et superbes. Des meubles accueillaient des bouquets qui parfumaient les longs couloirs qu'ils traversaient. Ils arrivèrent enfin devant une porte battante qui étalait ses arabesques complexes. Ofir ouvrit une des deux portes et fit signe à Sirion de rentrer. Le voyant rester dehors, il s'inquiéta.
«- Vous ne venez pas?
Ne t'inquiète pas, tu me retrouveras après, pour le moment, le chef veut te parler seul. Tu l'intrigues vraiment!»
Sirion fit un pâle sourire en se demandant dans quel sens il l'avait intrigué. Si c'était de la même manière que la fille ( qui devait s'appeler Raki si sa mémoire était bonne), il n'allait pas profiter de son nouveau don bien longtemps.
La pièce était spacieuse, le sol de marbre était décoré de lianes couvertes de feuilles dorées qui s'étiraient en tout sens. Des colonnes montaient vers une coupole de verre aux couleurs d'un feuillage au printemps, d'où la lumière du jour passait en faisant des rayons tels des flèches. Sirion resta en admiration devant ce spectacle jusqu'à ce qu'il entendit des bruits de pas devant lui. Un homme s'était levé d'un trône au fond de la pièce et s'avançait vers lui. Il était grand, battit comme une montagne et habillé comme un roi du moyen-âge. Une armure recouvrait son torse et ses avant-bras, les reste de son corps était vêtu d'une tenue bordeaux et il portait de grandes bottes de cuir marron. Une cape ondulait doucement dans son dos et une épée ornait sa taille. Son visage quant à lui...était tout à fait avenant. Il souriait comme un enfant à la vue d'un jouet. Il devait bien avoir une quarantaine d'années et il respirait la force et l'assurance avec ses cheveux grisonnant attachés. Il arriva près de Sirion et...le souleva dans ses bras, l'étreignant comme un ours affamé! Sa voix grave brisa la quiétude de la pièce comme les os du garçon risquaient de le faire sous peu.
«- Bienvenue garçon! C'est un plaisir de te voir enfin, tu as semé la pagaille dans cette maison et je t'en suis reconnaissant!»
Il le lâcha enfin, le laissant un peu pantelant sur le coup. Sirion voulu se reculer mais déjà le chef-ours l'attrapa et l'emmena dans son sillage, parlant sans cesse.
«- Je suis Sivak, le chef de ce petit groupe que tu as rencontré. Nous formons un escadron qui lutte contre les pernicieux depuis des siècles. Au fait, quel âge me donnes tu?»
Il se tourna vers le garçon en faisant une moue ridicule. Sirion aurait bien rit mais il était trop surpris et il n'en eu pas le temps.
«- Oh mais j'oublie tous mes devoirs, je ne sais même pas comment tu t'appelles! Dis moi ton nom petit.
...Sirion.
Bonjour Sirion! Alors, quel âge me donnes tu?
Et bien...je dirais quarante.»
Le chef rit aux éclats avant de reprendre son air plus ou moins sérieux.
«- J'ai 854 ans!
Pardon?
Tu comprends donc que cela fait maintenant une paye que nous luttons! Ne fais pas cette tête, c'est comme ça chez nous les démons, nous vieillissons plus lentement!»
A l'instant où il entendit démon, le jeune garçon comprit enfin tout, la réaction de la fille, leurs pouvoirs, leurs airs étranges et leur beauté. C'étaient des démons, et ils chassaient les démons. C'était un piège, et il s'était fait avoir. La réaction de Sirion n'échappa pas à Sivak qui devint soudain plus sombre.
«- Tu ne le savais pas?
Non.
Nous ne te voulons aucun mal.
Ce n'est pas le cas de vous tous.
Raki n'aime pas les chasseurs, ils ont tué sont petit ami.
C'est ce que j'ai cru comprendre. Mais cela ne m'offre aucune garantie quant à ses réactions.
Tu n'as pas tort. Mais elle a un bon fond, juste des préjugés, comme toi.
J'ai de quoi.
Elle aussi.
…Alors si je suis un chasseur, pourquoi est ce que je ne ressens pas le besoin de vous tuer contrairement aux autres créatures que j'ai supprimé?
Parce que tu as compris que nous sommes différents garçon. Les créatures que tu as rencontré sont des pernicieux, des parasites qui se nourrissent d'hôtes pour survivre. Ils peuvent prendre n'importe quel être vivant mais cela les fait changer de forme physique pour s'adapter à la morphologie qu'ils parasitent. C'est pourquoi ils préfèrent les humains, de préférence adultes. Ils ne peuvent pas s'en passer et ils sont agressifs et dangereux même pour nous. Certains comme toi sont victimes de leurs méfaits , une morsure leur a été infligé et le venin des pernicieux les fait changer, les rend plus forts mais aussi plus belliqueux, et la vengeance devient leur raison d'être comme toi. J'ai raison?
Oui.
Et je pense aussi que tu as reçu l'aide d'un inconnu.
C'est exact.
-Comme je me doute que tu ne sais pas son nom ni où il est, je vais te parler un peu de lui, assis toi.»
Sivak avait quitté la pièce et prit un couloir en parlant, ils se trouvaient à présent dans un salon où de larges fauteuils étaient tournés vers le feu d'une cheminée gigantesque. Des peaux de bêtes formaient un tapis moelleux sur le sol de marbre.
«- Il fait parti d'un peuple encore plus vieux que les démons, peut être aussi vieux que le monde lui même, les Erilit. Ils vivaient en harmonie avec leur environnement, possédaient des pouvoirs incroyables, mais ils étaient trop curieux, trop insouciants. Ils ont voulu chercher des secrets qui ont signé leur perte, ils sont presque tous mort en apprenant des choses qu'il vaux mieux ignorer. L'ennui, c'est qu'en faisant cette erreur, ils ont déséquilibré le monde, et nous en sommes sortis, toi comme moi. Au début, tout s'est passé sans conflit parce que tout le monde devait prendre ses marques, puis ce fût la guerre, les hommes ont chassés les démons et les pernicieux parce qu'ils avaient des préjugés, les démons ont chassés les pernicieux, et les pernicieux voulaient manger tout le monde. En ce qui te concerne, tu as rencontré l'ermite, le dernier Erilit connu et il t'a fait don de pouvoirs spéciaux. En tant que chasseur, la morsure que tu as reçu a changé ton corps et t'as renforcé, comme un antidote. Mais ce que tu as accompli la nuit dernière est un exploit et je pense que c'est loin d'être le premier.
Et vous avez besoin de moi je me trompe?
Non, nous devons faire face à des pernicieux plus puissants et plus dangereux mais nous ne savons pas pourquoi. Nous avons tenté de rallier des chasseurs à notre groupe mais ils sont trop portés sur leur vengeance et leur haine, les solitaires sont trop imprévisibles et le groupe qu'à formé Dante ne veux pas coopérer même s'ils acceptent un accord de non-agression. Bref, tu arrives au mauvais moment si tu veux rester discret, mais tu es notre espoir petit. Je ne peux pas te forcer, je ne suis pas comme ça, mais la situation m'inquiète assez pour que je te mette une responsabilité aussi grande sur les épaules. Voilà, je t'ai exposé la situation, le reste dépend de toi.
Et bien je...je suis vraiment mal tombé. Si ce que vous dites est vrai, je suis l'un des rares chasseurs à ne pas vous sauter dessus dès que je vous vois, même si pour ma part, je ne vois pas l'intérêt de vous tuer vu que l'on a le même adversaire. Pis pour mes pouvoirs, je dois vous rappeler que je ne contrôle rien.
Ce n'est pas un problème, nous t'aiderons.
Je...je ne sais pas, j'aimerai dire oui mais c'est...je...»
Il soupira, comment avouer qu'il ne savait pas quoi répondre, qu'il été perdu face à ce qu'il venait d'apprendre, qu'il ne savait plus quoi penser sur ce qu'il vivait depuis tout ce temps. Il ne savait plus où il en était, et il n'avait tout simplement plus de réponse à donner.
«- Je n'sais pas quoi répondre pour l'instant désolé. Je suis un peu perdu.
Je comprend très bien. J'aurais aimé une réponse mais bon, tu peux bénéficier d'un peu de temps. Je te laisse trois jours jeune homme, ensuite tu reviendras et là nous en parlerons.
Merci beaucoup.»
Sivak reconduisit le jeune garçon jusqu'à la sortie et lui indiqua comment rentrer, les démons préférant rester discrets le plus possible. Tout cela était vraiment fou, tiré par les cheveux, il se sentait perdu. Les choses qu'il combattait avaient un nom, il y avait une autre race qui luttait de son côté malgré son côté démoniaque, il faisait parti d'un groupe animé par la haine, bref, il était dans la merde.
Le temps était doux et ensoleillé, le vent soufflait dans les arbres dont les feuilles étaient denses et bien vertes. Depuis combien de temps n'était il pas sorti en plein jour? Il avait passé tellement de temps à chasser les démons qu'il ne faisait même plus attention au fait qu'il était un être humain dans le fond. Il poursuivit son chemin, savourant ce moment de calme qui lui vidait la tête. Il prit une grande inspiration et se dit qu'il était temps de rentrer. Il entra dans l'appartement vide aux rideaux tirés, il alla droit dans la salle de bain, remplit la baignoire et laissa la chaleur l'envahir tout en contemplant ses orteils s'agiter. Allait il dire oui? Pouvait il leur faire confiance? Que cherchaient ses démons? Il ne savait plus quoi penser, il n'avait plus la haine comme moteur pour tenir, il ne ressentait que de la fatigue face à tout ces évènements. Il en était où?
«- Nul part...Et en plus j'ai faim...saloperie d'vie.»
La sonnette de la porte retentit alors. Sirion bondit de stupeur, lui qui ne recevait plus personne depuis longtemps. Il sortit en trombe de l'eau, mit un peignoir et vint ouvrir. Un homme à la chevelure rouge attendait, un grand sourire aux lèvres.
«- Salut!
Vous êtes qui?»
Si son visage ne lui disait rien, sa carrure et ses cheveux lui rappelaient vaguement quelque chose. Mais oui? C'était l'un de ses sauveurs, un démon.
«- Moi c'est Daléan! C'est moi qui t'es sauvé la nuit dernière.
Tu peux sortir le jour?
Bien sur,je suis pas un vampire!
Et qu'est ce que tu fais là?
Je viens faire connaissance, dit il en entrant presque de force. Pas mal chez toi, simple mais mignon, t'habites seul?
Je n'ai plus de famille.
Ah, désolé. Et t'as des potes chasseurs?
Non.
T'as bien raison c'est des psychopathes! Bon on fait quoi?
Hein?
On sort où on reste ici? Y a la fête foraine dehors ça serait bête de pas en profiter!
Et bien je...tu as le droit d'être ici?
Non j'ai tué trois démons et une quinzaine de pauvres humains pour venir ici. Me regarde pas comme ça je plaisante, je suis grand bonhomme, je fais ce qu'il me plaît.
Désolé, je suis un peu étonné c'est tout.
T'as l'air aussi triste comme un cercueil! Bon, allons faire la fête le déterré, faut que tu bouges. Vas t'mettre quelque chose de plus confortable et on s'tire, je t'attends.»
Sirion obéit en se disant que ses démons étaient cinglés. Il mit un jean, un t-shirt et un blouson puis attacha ses longs cheveux blonds. En revenant dans le salon, il trouva Daléan en train de contempler un tableau représentant un paysage. Il se tourna et un sourire étrange se posa sur ses lèvres.
«- Super, on y va?
Oui.
T'es mignon tout plein habillé comme ça!»
Il mit un bras sur ses épaules et l'entraîna dehors. Sirion rougit violemment, une drôle de sensation l'envahissait, il était...bien, très bien, trop bien à vrai dire. Il voulut se débarrasser du bras possessif mais rien n'y fit, il abandonna la lutte et se dit que cela étant agréable, tout allait plutôt bien. Il leva les yeux vers le visage de Daléan, il souriait toujours, son regard passant sur tout et tout le monde. Une larme noire était dessinée près de son œil droit, ses cheveux formaient des mèches plus ou moins longues dont une qui descendait jusqu'à son menton. Il était musclé, son t-shirt blanc moulait chacun de ses muscle de manière presque indécente. Il respirait la joie de vivre et l'assurance, il était comme un humain, il aurait pu mener une vie normale, il aurait juste été vu comme un excentrique. Sirion se dit qu'au fond il était plus humain que lui. Cette pensée le fit tourner la tête et sourire, c'était ironique. Daléan sentit ce changement et le fixa.
«- Sourire te vas bien, mais ça n'a pas l'air d'être une habitude.
Pourquoi?
Parce que tu rougis tout le temps. Tiens, du tire aux pigeons! Viens j'vais t'gagner une peluche!»
Il le lâcha et partit devant, Sirion se sentit alors seul. Ce garçon entraînait une dépendance chez lui? C'était stupide, il le connaissait à peine, et puis depuis qu'il l'avait rencontré il ne gérait plus rien dans ses sentiments. Il devait se reprendre, il ne savait pas s'il reverrait ce garçon, il n'avait pas pris de décision, il se devait d'être prudent, c'était mieux pour lui comme pour eux. Et puis les chasseurs se méfiaient des démons alors il allait en faire autant pour sa survie...ou du moins il allait essayer.
Daléan était un bon tireur, en fait il était tellement doué que Sirion n'essaya qu'une fois avant de se sentir ridicule. Ils firent le tour des manèges ce qui fatiguait le jeune garçon mais pas son compagnon qui semblait trouver des sources intarissables d'émerveillement et de " on l'a pas fait celui là"! La fin de journée arriva plus vite que prévu et il fallu rentrer, du moins Sirion força son copain-gamin qui voulait remonter dans le bateau qui secoue. Il finit par le ramener chez lui et s'arrêta devant sa porte, le jeune garçon se sentait mal à l'aise, c'était comme la fin d'un rendez-vous, c'était tout simplement gênant. Pour la première fois de la journée il n'était pas le seul gêné par la situation. Voyant le regard du garçon à la larme passer d'un mur au sol il décida qu'il pouvait bien prendre les devants.
«- Merci beaucoup pour cette sortie, tu n'étais pas obligé mais tu es quand même venu.
Oh c'est..., répondit il en se passant la main dans les cheveux, c'est normal de mettre à l'aise le nouveau.
Je n'ai pas encore accepté.
Tu penses dire non?»
Son visage était inquiet et...peut être déçu, oui peut être mais il n'en était pas sur, pourtant rien que cette idée fit battre son cœur plus vite, comme si cela réveillait quelque chose qui depuis plusieurs heures s'éteignait pour se renflammer de plus belle.
«- Je n'ai pas dis ça, j'ai encore deux jours, je dois réfléchir, si je fais un choix il faudra que j'agisse en conséquence et...je dois d'abord savoir où j'en suis. Tu comprends?
Oui, j'espère juste que l'on se reverra si tu dis non, le groupe est en mauvais état en ce moment et tu apportes une bouffée d'air frais.»
Son regard était triste, sa voix était basse, Sirion compris alors que c'était lui qui parlait avec Ofir derrière la porte. Il sentit une vague de compassion pour lui et posa une main sur son épaule.
«- Ne t'inquiète pas, un non n'est pas un adieu. Et puis rien n'est joué. Je crois qu'il faut que je rentre, merci pour tout.»
Il posa un simple baiser sur la joue de Daléan, elle était douce et chaude, il le sentit frémir puis il rentra dans son appartement sombre et referma. Il attendit que les pas s'éloignent doucement avant de s'assoir sur le sol, poussant contre la porte en se demandant se qu'il faisait. Il serra plus fort la peluche qu'il avait reçu du démon, ces gens le chamboulaient trop. Il sourit en se disant que dans un sens c'était agréable. Il se leva, posa la peluche sur le fauteuil et alla vers la lampe près du canapé. Il l'actionna au moment où une main l'attrapait. Un visage difforme, suintant, une coupe de cheveux qu'il ne pouvait oublier, sa mère le fixait, son regard plein d'avidité.
«- Pourquoi m'as tu laissé dans cette tombe froide mon chéri?
Maman, tu...tu...es morte.
C'est moi mon chéri, je suis là, je suis revenue pour toi, viens dans mes bras. Embrasse ta maman.
Non lâche moi tu n'es pas ma mère.
Ne soit pas insolent, viens dans mes bras.
-Lâche moi, LACHE MOI!»
Sirion retira sa main avec force, sa mère tomba sur le parquet et se mit à ramper, déposant de la terre partout, elle bavait en tentant de lui attraper les chevilles.
«- Mon petit, mon tout petit, viens à moi.
Tu es quoi au juste?»
Sa mère s'arrêta puis se leva, souriant méchamment.
«- Tu n'es pas drôle mon fils. C'est vraiment moi, sauf que j'ai changé, ces êtres qui nous ont attaqués, il nous ont dévorés, il nous ont tués c'est vrai. Je pensais que c'était fini. Mais ils ont laissé quelque chose d'eux sur nos corps, une aura qui nous a reconstruit, et regarde, nous sommes vivants! C'est fantastique n'est ce pas?
Tu es difforme!
Ça ce n'est rien, il nous suffit d'une simple petite chose pour que ça se remette. Donne juste un peu de ta chair mon chéri. Ta maman sera comme avant mais en mieux!»
Elle sourit, elle sourit comme il y a longtemps, quand il allait mal, quand il pleurait et qu'elle le consolait, qu'elle était fière de lui. Elle sourit, mais il n'y avait plus que de l'horreur dans ses yeux, sa mère avait été dévoré. Il voulut reculer encore mais deux bras le serrèrent comme un étaux.
«- Viens dans mes bras mon fils, tu as beaucoup manqué à papa.»
Il sentit l'haleine de mort qui caressait sa joue, il sentit les dents se poser sur sa gorge avant d'appuyer doucement pour percer la chair, il vit sa mère attraper son poignet et y plaquer sa langue avec délectation. Il sentit les larmes perler au coin de ses yeux, puis il dit adieu à ses parents.
*
Daléan marchait lentement dans la rue, il n'avait pas voulu partir mais il se sentait trop perdu pour pousser plus avant son désir de rester auprès de ce garçon. Pourquoi ressentait il cela? Ce n'était qu'un humain, un gamin comparé à lui qui était si vieux. Il était un démon, il n'avait pas de raison de se sentir attiré, il ne devait pas se laisser encore une fois porté par ses sentiments, il devait faire attention, ne pas laisser ce gamin voir plus loin que le mur qu'il avait érigé. Il arrivait au coin de la rue quand un bruit sourd retint son attention. Il se tourna vers l'immeuble où le gosse vivait. Son appartement était sombre, il se dit qu'il devenait fou quand la baie vitré explosa, il vit les morceaux de verre et des meubles brisés soufflé vers l'extérieur puis s'arrêter brusquement au-dessus du vide. Il se mit aussitôt à courir en espérant arriver à temps.
*
Il laissa de nouveau le pouvoir sortir de son corps, il laissa sa force détruire tout autour de lui. Ses parents furent rudement repoussés contre les murs alors que tout se disloquait, il pleurait en voyant les corps de ceux qu'il avait aimé s'agiter en hurlant, il les avaient perdu et les destin s'amusait à les ramener sous cette forme vampirique. Il leur demanda pardon pour ce qu'il allait faire, il leur dit qu'il les aimerait toujours. Il les vit s'arrêter un instant puis sa mère sourit, comme autrefois, comme lorsqu'il était encore un garçon normal.
«- Je serais toujours fière de toi mon chéri.»
Son père souriait aussi lorsqu'il laissa le pouvoir détruire leurs corps, le salon, la maison, son passé. Il tomba à genoux alors que les morceaux de ce qui avait constitué son monde tombaient autour de lui. Il pleura en silence et n'entendit pas la porte s'ouvrir, il n'entendit pas non plus les pas qui passaient sur les débris, il ne sentit que les bras qui serraient son corps tremblant, les lèvres qui se posaient près de son oreille.
«- Je suis là, tout ira bien.»
Oui, il n'était pas seul, il n'était plus seul, il se blottit contre le torse de son sauveur. Il avait prit sa décision, il laisserait ce qu'il avait été et deviendrait ce qu'on attendait de lui, c'était son destin.