Chapitre 5: Fascination.



Une odeur de terre, une odeur de pourriture et de terre. Sirion ouvrit les yeux, luttant contre la nausée qui étreignait son estomac. Une douleur sourde martelait son crâne alors qu'il découvrait le décor de sa cellule. De la terre humide jonchée de morceaux de chairs pourrissante. Des murs de terre où aucune fenêtre ne s'ouvrait sur l'air libre. Les barreaux de sa prison étaient de racines noires aussi épaisses que ses cuisses, il s'en approcha mais n'osa pas les toucher, fixant le liquide noir qui suintait sur leur écorce. Il se pencha pour scruter le couloir. De petites sphères éclairaient à intervalle réguliere les murs de terres qui formaient des galeries à perte de vue. Un silence oppressant semblait engloutir le garçon, il resta prostré debout, se demandant que faire.

Il tendit la main pour utiliser son pouvoir mais il y renonça en voyant ses mains trembler. Il se sentait fragile, toute sa puissance était partit dans son effort pour supprimer ses ennemis. Il songea à Xantes, allait il bien? Il l'espérait fortement. Un bruit de pas traînant vint stopper ses réflexions. Une ombre vint assombrir un peu plus sa cage. Une main difforme toucha les racines qui s'écartèrent en grondant. Le pernicieux devant lui était comme en pleine décomposition, son visage tombant d'un côté, un semblant de sourire tordant ses traits ridés. Il n'ouvrit même pas la bouche et tendit la main vers Sirion. Celui-ci s'avança mais évita le contact de la chair jaunâtre qui luisait comme les racines.

Le pernicieux sembla aimer la répulsion du garçon, il ne le toucha pas et lui montra le chemin. Ils traversèrent les tunnels les uns après les autres, passant devant des cages où des ombres gémissantes se tortillaient. Dans l'une d'elles il vit un jeune homme qui tentait de sortir. Un groupe de pernicieux attendait à côté. Ils firent un signe aux arrivants et le monstre difforme toucha les racines. Sirion détourna la tête et pressa le pas alors que les hurlements du jeune homme l'imprégnaient. Il se mit à prier, lui qui ne croyait plus vraiment à rien, il pria en serrant les mains pour qu'il puisse sortir d'ici, pour qu'il trouve le moyen de survivre à ce cauchemar.

Le tunnel fût soudain plus lumineux et le garçon vit que la sortit s'ouvrait à quelques mètres. Il se mit à espérer avec force mais lorsqu'il vit le spectacle du lieu devant lui, il ne ressentit que de l'abattement. Il se trouvaient sur une passerelle, au-dessus d'un puits sans fond, en levant les yeux il ne pût voir à quelle profondeur ils se trouvaient, le plafond se trouvait lui aussi dans les ténèbres. Il faisait une chaleur infernale. Au centre de ce cratère ce trouvait une colonne, une colonne immense, creusé comme une ruche, majestueuse et effrayante. Des ombres y évoluaient, de toutes les formes et de toutes les tailles, difformes ou enveloppées d'une carcasse humaine. Ils traversèrent le pont de pierre alors que le garçon scrutait les ténèbres. Puis ils entrèrent.

Une voûte immense trônait au-dessus de leur tête. Mais le spectacle merveilleux de la pierre ne pouvait cacher l'horreur du lieu. Des dizaines de pernicieux étaient attablés à même le sol, dévorant des humains morts ou hurlants de douleur. Certains les violaient même en les mangeant. Sirion ferma son esprit, il s'avança doucement vers l'extrémité de la pièce où quelqu'un l'attendait. Il détailla la créature qui se trouvait assise sur un trône de pierre entouré de cadavres, c'était presque un homme, seul son regard reptilien et sa peau jaune trahissaient son appartenance. Il souriait cruellement,dévoilant ses dents pointus. Lorsque le garçon arriva à ses pieds, il se leva et descendit les trois marches faites de crânes.

«- Alors te voici enfin devant moi, j'ai tellement entendu parler de toi depuis ces derniers mois. Pas en bien je te l'avoue mais entre nous, les gens sont rarement sympathiques, humains ou non. En tout cas c'est un plaisir de te rencontrer Sirion le chasseur.

- Ce n'est pas réciproque.

- J'aime ton mordant jeune homme, dit le pernicieux en riant. C'est culotté de ta part de tenir tête au maître des pernicieux mais je n'en attendait pas moins de toi. Et puis je comprend ta réaction, tu n'es pas au courant de tout après tout. Viens avec moi, j'ai des choses à t'apprendre.»

Le pernicieux partit vers une passerelle sur la gauche, suivit par Sirion qui se demandait de quoi il parlait. Il prirent une passerelle adjacente, marchèrent au travers de plusieurs couloirs identiques à ceux que le garçon avaient déjà vu. Ils parvinrent finalement dans une pièce circulaire qui s'avéra être une chambre. Le maître des pernicieux s'assit devant une table et fit signe à son hôte de prendre place. Ils se retrouvèrent seuls dans la grande pièce, se fixant sans bruit.

«- J'imagine que le spectacle de mes sujets en plein repas te rendait nerveux. En tout cas ne t'inquiète pas, il ne t'arrivera rien. Tu es précieux mais j'imagine que tu l'as découvert. C'est pour cela que les démons ne veulent pas te laisser te promener seul dans la nature. Tu sais, je ne t'en veux pas pour ce que tu as fait aux miens. Il faut savoir être souple dans ce monde.

- Si vous pensez que je n'ai pas l'intention de continuer vous rêvez.

- Cela n'a pas d'importance, ce qui importe pour l'instant c'est que tu saches avec qui tu vis en ce moment. Tes nouveaux amis ne sont pas tout de blanc vêtus tu sais?

- Arrêtez de tourner autour du pot, de quoi vous parlez?

- Tes chers amis démons ne sont pas devenus aussi soudainement tes amis parce qu'ils sont digne de confiance. Ne trouves tu pas étrange qu'aucun d'eux ne t'ai paru antipathique? Tu sembles déjà tellement attaché à eux.

- Ils ne se servent pas des êtres humains pour survivre, ils ne se glissent pas dans leurs corps pour les pomper de l'intérieur.

- Tu marques un point. Mais nous ne les manipulons pas. Tes amis démons sont dotés d'une capacité que l'on appelle la fascination. C'est comme un serpent avec sa proie. Même s'il te crache à la figure, tu reviendras en rampant en espérant un regard de leur part. Alors je te laisse nous juger mais en ton âme et conscience, trouves tu toujours que nous soyons des monstres? Nous ne manipulons personne, nous survivons.»

Sirion restait sans voix. Il n'osait imaginer que cela puisse être vrai. Il revoyait leurs visages plein de gentillesse, leurs attention, il revoyait Daléan, lui qui était devenu comme un phare au milieu de toute cette horreur. Mais voilà, le pernicieux avait soulevé un point essentiel, il les avaient considérés comme des amis en seulement deux jours, c'était devenu sa famille alors qu'il avait passé des mois dans la colère et la haine. Et là il ne pouvait envisager sa vie sans eux. Il sentit quelque chose se briser en lui, il ferma un instant les yeux en regrettant cette révélation, en regrettant la douce illusion dans laquelle il avait plongé. En regrettant que ce qu'il avait ressentit pour ce démon n'ait été qu'un simple tour de celui-ci. Il rouvrit ses paupières lourdes pour plonger dans les prunelles noires du pernicieux.

«- Tout cela est bien triste je sais. Mais détenir l'information c'est posséder le pouvoir. Tiens bois, dit il en tendant un verre emplit d'un liquide orangé. C'est un cocktail humain, il leurs arrive de faire des choses bonnes, j'espère que tu en fera tout autant.

- Que voulez vous de moi, lança le garçon en buvant cul sec?

- Que tu me permette de gagner cette guerre et d'instaurer un équilibre.

- Rien de plus? Juste un espion à votre solde?

- Exactement.

- Et bien je...»

La tête se mit à lui tourner lentement, il se leva en se reprochant son manque de jugement. Il tomba en avant mais le pernicieux le rattrapa avant qu'il rencontre le sol.

«- Oh je suis désolé mon ange, dit le pernicieux en caressant son visage tendrement, je ne suis pas un gentil. Je n'ai pas besoin de toi pour gagner cette guerre, nous gagnerons cette guerre sans ton aide, je veux juste que tu ne soit pas dans leur camp...et que tu assouvisse mon plaisir.»

Il le déposa sur le lit doucement, laissa ses doigts glisser sur ses vêtements. Sirion voulait réagir mais rien n'y faisait, son corps ne lui appartenait plus. Il ne pouvait que ressentir les choses. Le pernicieux lui ôta lentement ses vêtements, ses mains râpeuses caressaient son torse alors que le regard plein d'avidité du monstre détaillait la vue.

«- Tu es sublime. Le corps humain est si parfait mais le tien encore plus, tu es une œuvre d'art, ta peau blanche, tes muscles fins, et surtout ta chevelure admira-t-il en entremêlant les mèches autour de ses doigts. Tu es si beau et tu es à moi, rien qu'à moi.»

Il retira la tunique qu'il portait, dévoilant les excroissances qui le recouvraient. Il se mit sur le garçon et le retourna lentement, déposant des baisers sur sa nuque.

«- Tu vas avoir un peu mal mais tu t'habitueras vite, tu aimeras ça comme tout les autres avant. Mais toi tu ne me lasseras pas, je le sais, non jamais.»

Sirion sentit les larmes brûler ses yeux. Il voulut bouger mais son corps ne voulait rien entendre, il sentait le poison dans son corps qui se promenait dans ses veines. Puis le pernicieux le pénétra avec force. La douleur sonna à ses oreilles avec rage, il sentit un vertige l'étreindre alors que le monstre entamait une série de va et vient agressifs. Il le secouait comme une poupée, savourant son propre plaisir, allant de plus en plus loin en lui. Sirion avait l'impression que même son âme lui était arraché à chaque coup de boutoir. Il voulait hurler mais rien n'y faisait. La frustration l'envahit, amenant avec elle la colère. Il accueillit cette haine en lui comme une bénédiction, il s'en entoura et la fit s'accroitre lentement, puis de plus en plus vite, il la rendit plus dure, presque palpable, s'aidant des coups de reins du monstre qui le possédait. Il sentit alors le pouvoir, cette même force que dans le tunnel lorsqu'il se battait avec Xantes. Il laissa le pouvoir s'attaquer au poison, détruire lentement ces chaînes qui l'emprisonnaient. Le phallus de son violeur devint plus exigeant encore, renforçant la haine qui noyait à présent l'être entier de Sirion. Il ferma les yeux, content de retrouver l'usage de ses membres, il les ferma si fort qu'il vit des lumières, alors il déchaîna sa colère. Une onde se matérialisa entre lui et le chef des pernicieux avant de le repousser fortement. Sirion se releva avec peine, attrapa ses vêtements et les enfila en fixant son bourreau affalé contre le mur, inconscient. Une douleur sourde l'enserrait, de petits points dansaient devant ses yeux mais il ne s'arrêta pas. Il rebroussa chemin mais entendit vite des bruits de pas dans presque tout les tunnels qu'il croisaient. Les ombres suivirent puis enfin les pernicieux, recouvert de sang et de morceaux de chairs, hurlant contre lui des choses ignobles. Il courut en priant pour trouver une issue. Mais il n'eut pas de chance, se retrouvant sur une passerelle, face à la colonne où des dizaines de pernicieux l'attendait en grognant. Sirion ne réfléchit qu'une seconde, il serra les poings, se tourna et sauta dans le vide, espérant que ce qu'il trouverait en bas soit autre chose que la mort.


*



Daléan courait, prenant les tunnels les uns après les autres. Il avait apprit la nouvelle deux heures après la disparition, en revenant d'une ronde mouvementée, il avait comprit trop tard que l'attaque des pernicieux cachait quelque chose, il ne se montraient pas aussi suicidaires d'habitude. Il avait trouvé les membres tous rassemblés dans la salle du conseil, Xantes près du chef, regardant le sol, désespéré. Daléan n'avait pas attendu que le démon s'explique, il avait courut vers leur lieu de garde, il savait qu'il devait aller là-bas. Il courut sans s'arrêter, n'écoutant pas les ordres de son chef, les appels des autres, il se fichait de tout ce qu'ils pouvaient dire. Il voulait Sirion, maintenant, il voulait son visage, sa voix, sa peau douce et ses sourires, il le voulait pour toujours, il l'aimait, il le désirait de tout son être comme une drogue. Il courait toujours à travers les galeries, dans les ténèbres que ses yeux perçaient sans peine, espérant qu'à chaque intersection le visage du garçon apparaisse.

Il entendit des pas de courses derrière lui, Xantes arriva à son côté et le suivit, ne le regardant pas, il n'y avait pas besoin de mots, ils savaient tout deux ce que signifiait cette perte. Il coururent en silence pendant près d'une heure avant d'atteindre la sortie. Ils débouchèrent sur une passerelle en contrebas de la salle principale.

Daléan cherchait un moyen de savoir où se trouver celui qui faisait battre son cœur. Il n'eut pas à attendre. Il vit une chevelure auburn qui tombait vers les ténèbres, un petit corps fragile malmené par l'air, puis un regard déchiré se planter dans le sien. Il ne vit pas de soulagement dans les yeux de Sirion, juste un sentiment de trahison...et des larmes. Alors il sauta aussi. Peu importait où, il le suivrait, même au bout de ce monde ou d'un autre.

Xantes vit son compagnon bondir dans le vide. Il aurait dû le retenir ou rentrer chercher de l'aide. Mais il ne réfléchit pas, il avait perdu un compagnon et un ami cher, il ne perdrait pas le garçon et Daléan. Il sauta, ignorant son instinct de survit.

Ils tombèrent tout les trois pendant quelques secondes avant de voir le sol se profiler sous eux. Sirion tenta de se concentrer malgré les larmes et la présence des démons en face. Il concentra les derniers soubresauts de son pouvoir pour ralentir sa chute et y parvint à grand peine. Une douleur sourde naquit dans sa jambe droite lorsqu'il atteignit le sol mais il ne l'écouta pas, le temps pressait, il prit le premier tunnel que ses yeux lui montrait en boitant. Des bruits de pas lui firent comprendre que les démons le rattrapaient, il pressa l'allure en songeant à ce qu'il allait dire, malgré la blessure que le pernicieux avait fait naître dans son cœur il n'arrivait pas à les haïr tout à fait. Seulement la trahison était trop forte. Sa colère réveilla de nouveau son pouvoir, le forçant à s'appuyer contre un mur. Les démons arrivèrent enfin et Daléan voulut le prendre dans ses bras mais il fût repoussé contre l'autre mur.

«- Ne m'approche pas, cracha Sirion.

- Qu'est ce qui t'arrive? C'est moi Sirion.

- Justement. Tu t'es bien amusé, maintenant ça suffit.

- Je comprend rien explique moi.

- On n'a pas le temps coupa Xantes, je les entend arriver, il vaut mieux y aller tout de suite, on parlera plus tard.»

Sirion se remit en marche, s'éloignant des démons pour ne pas croiser leurs regards. Pourquoi avait il si mal face à cette trahison? La fascination était elle aussi forte? Il anesthésia son cerveau et accéléra le pas au son des pernicieux qui se rapprochaient. La douleur dans sa jambe remontait par vagues jusqu'à son torse rendant ses mouvements plus difficiles, il poussait mais son rythme ralentissait dangereusement, il sentait presque le souffle des démons sur sa nuque. Il tentait de reprendre le dessus lorsque le bras de Daléan l'attrapèrent, il se retrouva porté par le démon qui accéléra alors le pas.

«- Repose moi maintenant.

- Non. Tu as mal, tu ne tiendras pas la distance et je tiens à ce que tu vives pour savoir ce que tu me reproches. Alors maintenant silence.»

Sirion garda la réplique acerbe qui pointait sur ses lèvres. Il croisa les bras sur son torse et refoula sa frustration d'être porté.

«- Accroche toi à mon cou ça sera plus simple.»

Le garçon obtempéra en silence, cachant ses joues rougissantes en tendant sa tête pour voir ses ennemis. Il voyait au loin des ombres dans les tunnels mal éclairés mais elles étaient de moins en moins distinctes, les démons courant vite, beaucoup plus vite que lorsqu'ils suivaient le garçon. Ils coururent ainsi durant une vingtaine de minutes puis s'arrêtèrent, leurs souffles étaient calmes, comme si ils n'avaient fait que marcher. Daléan reposa doucement son fardeau sur un rocher et le garçon fût coupable de ne pas vouloir s'éloignait de lui. Mais la colère revint trop vite pour qu'il y songe longtemps. Le démon s'assit à ses pieds pendant que Xantes partait en éclaireur.

«- Il t'ont fait du mal.

- Ils m'ont apprit des choses.

- La fascination?»

Le visage du démon devint triste et sombre.

«- Oui, répondit froidement Sirion.

- Ce n'est pas un don que l'on contrôle. C'est une aura, une arme, un poison, on ne peux pas laisser les gens se faire une idée de nous, ils nous aiment systématiquement. Avant toi je n'avais pas fréquenté d'humain depuis 2 siècles.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit.

- Parce que ça fait mal. J'ai...j'ai perdu quelqu'un à cause de ça. Je ne voulais pas te perdre aussi.

- On se connait à peine répondit Sirion en croisant les bras dans un geste frileux. Ce n'est pas très important.»

Les prunelles noires du démons semblèrent le transpercer, percer ses ténèbres, le brûler lui et son âme sous une lumière infernale.

«- Si, pour moi ça l'est. La fascination a ses limites. Je vais voir Xantes, reposes toi.»

Sans un regard en arrière il s'éloigna vers les ténèbres. La surprise avait paralysé Sirion. Il avait mal jugé, ce pouvoir n'était peu être pas si fort que ça. Il examina sa jambe en se reprochant d'avoir été aussi stupide, il n'avait aucune raison de le haïr aussi fort, au contraire. Sa jambe n'avait pas l'air cassé mais elle lui faisait mal, très mal. Il faudrait faire avec. Il se leva et marcha en direction des démons qui ne devaient pas être loin. Il allait tenter de rattraper les choses, il n'y avait que ça qui lui permettrait de récupérer ses amis et peut être de percer le mystère de ses sentiments pour Daléan. En pensant à lui, il ressentit de nouveau la caresse du pernicieux, son membre en lui, sa violence. Un goût de bile remonta dans sa gorge et il alla vomir dans un coin. Il sourit face à l'ironie de la situation, il avait eut sa première expérience avec son pire ennemi.

En se relevant il vit deux yeux briller dans les ténèbres, deux yeux bleux. Mais ce n'était pas un des démons. Et il n'avait plus de force.


*



Il se sentait mal, son sang bouillonnait, la jalousie le rongeait. Mais pourquoi, il le connaissait à peine, il ne l'avait même pas prit dans ses bras ni toucher ses lèvres. Rien qu'à l'idée de le faire il se sentait pantelant, il le désirait, il ne manquait plus que ça. Daléan avait de la chance, le garçon avait des sentiments pour lui, cela se voyait derrière la colère qu'il avait laisser sortir. Xantes aurait aimé que cette colère soit dirigé contre lui, il aurait eu une raison pour passer du temps avec celui qui hantait sa mémoire. Il sourit dans le couloir sans lumière, il réagissait comme les victimes de la fascination, c'était une drogue.

Le couloir était vide, ils étaient parvenus à fuir les pernicieux et à trouver un endroit relativement calme mais il ne savait pas où ils devaient aller. Il rebroussa chemin pour prévenir ses compagnons et rencontra Daléan à un tournant, le visage fermé et le regard triste.

«- Où est Sirion demanda Xantes.

- Je l'ai laissé là-bas, je voulais voir comment était le coin.

- Y a personne mais je sais pas du tout où on est. Ça s'est mal passé?

- Tu penses que la fascination a des limites?

- Tout pouvoir a ses limites.

- Surement mais comment peut on les découvrir? Comment savoir si l'attachement que nous porte un humain est amical ou simplement le fruit d'une manipulation?

- Ça il n'y a que l'humain qui peut le sentir. Tu ne devrais pas t'en faire, il est intelligent, il fera la part des choses.

- Tu as raison, mais c'est dur.

- Je suis persuadé qu'il agira autrement que qui tu sais.

- ...»

Xantes regretta ses mots, il se sentait hypocrite, il aurait aimé que le garçon le repousse pour venir dans ses bras. Il secoua la tête pour remettre de l'ordre dans ses idées.

Ils rebroussèrent chemin en silence, chacun perdu dans ses pensées mais tout les deux portant sur la même personne. Ils revinrent à leur point de départ et trouvèrent Sirion debout près d'un inconnu. Ils se préparèrent aussitôt au pire mais l'inconnu n'avait pas l'air très dangereux. Son corps maigre en haillon semblait à peine le porter. Il semblait pourtant vouloir lutter pour tenir, comme si une force incroyable l'empêchait de lâcher prise. Sirion se tourna vers eux, le visage grave.

«- Je ne crois pas avoir besoin de vous présenter Dante?»