Chapitre 6: Peu importe le reste.



Les démons restaient interdits face à la vision du chasseur blessé. Il semblait avoir été torturé durant plusieurs semaines, et seule sa force d'esprit le tenait encore en vie. Ils tentaient de se remémorer l'image du fier homme qu'ils avaient combattu dans les rues à plusieurs reprises alors qu'ils voulaient le rallier à leur cause. Il ne ressemblait plus à ce qu'il était, seul ses yeux signalaient ce qu'il était, une force de la nature alimentée par la haine. Il les fixait en silence, prêt à se battre s'il le fallait. Sirion prit la parole, coupant court à la vague de tension qui naissait.

«- J'ai l'impression que vous vous connaissez.

- C'est Dante, le chasseur.

- Qu'est ce qu'il fait là coupa Daléan.

- Je cherche aussi la sortie comme vous pouvez le constater lança Dante.

- On peux la chercher ensemble proposa Sirion.

- Et pis quoi encore répliqua Dante. Je fréquente pas les démons je pensais avoir été clair quand tu m'as proposé ça y a deux minutes.

- Sirion n'est pas un démon, et je pense pas que seul et dans ton état tu puisses t'en sortir seul.

- Oh c'est mignon tu t'inquiètes pour moi.

- Bon ça suffit, on pars ensemble et tu nous suit.

- J'ai pas envie.

- Je te propose pas tu viens.»

Sirion attrapa le bras de Dante et le passa sur son épaule en se dirigeant vers le tunnel. Il fit la sourde oreille en traînant son bruyant fardeau et dépassa Xantes qui restait bouche bée. Un sourire léger germa sur les lèvres de Daléan alors qu'il leur emboîtait le pas.

«- Tu es blessé Sirion lança le démon aux cheveux rouges.

- C'est rien!»

La petite procession avançait lentement mais sans pause, Dante avait fini par se taire, laissant son soutien l'aider malgré sa raideur. Sirion retenait du mieux qu'il pouvait les gémissements de douleurs que sa jambes lui donnait envie de pousser. Il marchait du mieux qu'il pouvait, essayant de se repérer dans le labyrinthe sans fin des galeries. Ils croisèrent des cadavres qui semblaient avoir été dévorés mais aucun pernicieux ni autre âmes qui vivent. Les chemins se suivaient les uns après les autres et il ne savait pas du tout où il allait mais il s'en fichait, il trouverait une sortie, il n'abandonnerai pas. Après trois longues heures de marches et plusieurs demi-tours, ils virent par chance une petite lumière à l'horizon. Le groupe accéléra le pas imperceptiblement jusqu'à ce qu'ils atteignent enfin l'air libre. Tout le monde s'assit en poussant un soupir de plaisir. Après avoir savouré leur liberté, les deux démons se levèrent pour aller chercher de quoi transporter les blessés. Dante ne dit rien durant tout ce temps mais ce leva dès que les autres disparurent.

«- Où vas tu demanda Sirion?

- Je rentre, je ne veux pas rester une minute de plus avec ces démons.

- Tu es blessé, tu dois te reposer, tu es faible.

- Je ne suis pas faible lâcha-t-il avec haine. Et je ne fréquente pas les démons, tu es un chasseur, toi aussi tu devrais les détester!

- Je sais juste que l'on ne vaincra pas les pernicieux seuls.

- Je m'en fiche, je ne pactise pas avec l'ennemi.»

Sirion laissa son regard errer sur le paysage qui se trouvait devant lui, ils étaient dans un petit parc, les arbres les entouraient, rideaux de vert cachant en partie le bleu du ciel. Ce brusque silence sembla laisser Dante interdit. Il resta debout, tremblant un peu sous la douleur de ses blessures. Il sentait qu'il devait écouter ce gamin.

«- Je ne suis pas simplement un chasseur avoua Sirion. Un ermite m'a fait une sorte de cadeau. J'ai un pouvoir étrange, je dois faire équipe avec des démons, j'ai tué mes parents parce qu'ils voulaient me dévorer. Je n'ai qu'eux et malgré tout les préjugés que j'ai à leur encontre Ils sont devenus une sorte de famille pour moi. Malheureusement nous devons nous battre contre quelque chose de bien trop puissant, il faut faire alliance, même si ça ne sera que pour un temps et avec des personnes que l'on n'aime pas.

J'ai l'impression d'avoir à peine commencé à vivre, je ne veux pas mourir de nouveau. Je sais que je te connais à peine, je ne sais pas ce qui te motive ni qui tu es, mais j'ai besoin de toi, parce que nous mourrons en restant séparés. Je ne peux t'obliger à rien, mais je te le demande, laisse ta colère de côté, elle t'aveugle même si elle te fait tenir.»

Il se tut, n'ayant plus rien à ajouter. Les deux yeux bleu le fixaient sans ciller, Dante semblait le juger comme un moins que rien et Sirion se dit qu'il n'avait peut être pas tort. La colère qu'il sentait dans ce regard le rendait presque fou. Puis il prit la parole.

«- Je n'ai besoin de personne pour gagner cette guerre, je suis fort.

- Alors gagne là, moi je suis déjà fatigué de tout ça. Je n'ai pas voulu tout ça ni ce que je suis devenu.

- Tu es faible.

- Je sais, tu devrais être à ma place. Mais le destin est une saloperie que personne ne peut contrôler. Pars si tu veux, Je dirai aux autres que tu n'es pas capable de les supporter.

- Tu penses que je suis trop faible pour les supporter cracha Dante.

- C'est comme ça que je vois les choses.

- Je ne suis pas faible. Je suis capable de rester avec eux.»

Ils s'assit et croisa les bras, fixant toujours Sirion qui s'était perdu dans le vert du paysage. Le silence s'installa avant que le chasseur le brise de sa voix chaude.

«- Tu es faible mais malin, tu m'as eu à mon propre jeu, je respecte l'intelligence, mais ne crois pas m'avoir convaincu.

- Merci, je ferai bon usage de cette chance que tu m'offres. J'ai vraiment besoin de toi, ces choses sont trop fortes et nombreuses, toute main pouvant soutenir est la bienvenue.

- C'est vrai.

- Maintenant que j'ai vu leur antre je comprend mieux la menace.

- Que t'ont ils fait?

- Qui?

- Les pernicieux.

- Ils m'ont présenté à leur chef.

- C'est tout?

- Oui mentit Sirion dont le souvenir des attouchements du pernicieux restait trop dur à évoquer. Je semble être une sorte de relique que tout le monde veux posséder. Et toi?

- Je suis une menace pour eux.

- Ils t'ont torturés?

- Ouai. Mais leurs technique est nulle, j'ai eu aucun mal à m'en sortir.»

Sirion scrutait le chasseur au sourire carnassier. Il semblait si fort face à tout ça. Une pointe de jalousie monta en lui mais il la refoula. Cela ne servait à rien de songer au passé.

«- Je suis content qu'ils ne t'aient pas supprimé dit le garçon en souriant.»

Une voiture arriva quelques alors et Xantes en sortit en compagnie d'Ofir. Sirion se leva alors que Dante le fixait sans expression. Ce garçon était une énigme pour lui et malgré tout ce qu'il pensait de l'inconnu, il avait envie d'en savoir plus sur ce gamin.

«- Où est Daléan demanda Sirion?

- Il avait beaucoup de choses à faire. Il voulait venir mais on l'en a empêché. Désolé tu ne le verras pas pour l'instant.

- Pas grave répondit le garçon en tapotant l'épaule du démon, pas grave du tout.»

Ofir fixait en silence Dante qui aurait préféré être chez lui. Fréquenter ces démons étaient vraiment un supplice pour lui mais il n'était pas un lâche. Il monta dans la voiture près de Sirion qui fixait le paysage. Ils regagnèrent la demeure des démons en quelques minutes, Dante admira la demeure en silence. Ils entrèrent et se dirigèrent vers une salle équipé comme dans un hôpital. Les deux blessés furent assit sur une table de chaque côté de la pièce qui était gigantesque.

Ofir prit des instruments sur une table entre eux alors que Xantes s'éclipsait avec regret. Le démon commença par ausculter Sirion, tournant délibérément le dos au chasseur.

«- Ils ne t'ont pas mordu?

- Non.

- Pas de griffures, d'éraflure ou de coupures.

- Non.

- Comment tu t'es cassé la jambe?

- J'ai sauté d'une passerelle.»

Le regard de Dante sembla le consumé, tout comme celui d'Ofir qui semblait ne pas comprendre.

«- Tu as sauté de la passerelle?

- J'étais encerclé, alors à choisir entre sauter ou me faire bouffer j'ai pas hésité. Je suis tombé sur environ 200 mètres mais mon pouvoir a amorti la chute.

- Tu es vraiment surprenant.

- Si tu le dis. Soigne moi vite, Dante est blessé depuis plus longtemps que moi.»

Le démon s'exécuta, son humeur devenu soudain plus sombre alors que le chasseur restait interdit. Il était étonné, abasourdi, à vrai dire il ne trouvait pas de mot. Il s'était vanté d'être fort face à ce gamin qui avait survécu à une telle chute. Il l'avait porté pendant une bonne partie du trajet alors qu'il avait la jambe cassé. Il avait probablement aussi mentit sur ce qu'ils lui avaient fait subir. Que cachait encore ce garçon? Le chasseur décida qu'il resterait avec lui tant qu'il n'aurait pas découvert ce qu'il cachait encore, quitte à supporter tout les démons du monde.

Ofir utilisa un sort de guérison sur la jambe de Sirion, ne pouvant pas laisser la nature prendre le temps de faire le travail. Il avait blanchit un peu lorsqu'il releva la tête.

«- Allé, sors d'ici je t'appellerai quand ton...ami sera près, j'en aurai pour un moment, je ne connais pas l'étendu de ses blessures.

- Non ça ira, je voudrais juste voir votre chef.

- Sivak est en conseil, il ne peut pas vous recevoir. Il va falloir attendre alors autant que j'en profite pour soigner vos blessures.

- J'ai pas besoin de soin et je n'ai pas envie d'attendre. J'aurai dû m'en douter que je perdais mon temps. Dites à votre chef que je reviendrai un autre jour, quand j'aurais du temps.»

Le chasseur se leva et se dirigea vers la porte et s'arrêta près du garçon.

«- ...J'apprécie la confiance que tu me portes...merci..gamin.»

Il lui ébouriffa les cheveux avant de sortir.

«- Vous dérangez pas je connais le chemin.»

Ofir poussa un soupir en posant ses instruments sur son plateau.

«- Tu nous a trouvé un sacré phénomène.

- Probablement, répondit le garçon en scrutant le couloir où le chasseur avait disparut. Mais il peu nous être très utile. Et vu la situation je pense qu'il vaut mieux être avec un phénomène qui sait se battre que seuls.

- Sage décision. Allé file te laver.»

Sirion ne se le fit pas dire deux fois et sortit. Il chercha un peu son chemin mais finit par retrouver son couloir. Il ouvrit la porte et retrouva l'ambiance douillette qui lui sembla être une bouffée d'air frais par rapport aux tunnels sombres des pernicieux. Il tira les rideaux blanc pour calmer la lueur du soleil et entra dans la salle de bain. Il ôta ses vêtements et entra dans la douche. L'eau chaude lui brûla la peau avant de l'apaiser. Il pût enfin faire tomber son masque écœurant de joie et pleurer.


*



«- Vous n'avez écouté aucun de mes ordres! Vous me prenez pour qui?»

Sivak hurlait dans la salle du trône en faisant les cents pas. Xantes fixait la coupole pendant que Daléan était perdu dans ses pensées. Le chef des démons s'arrêta et les fixa, incrédule.

«- Vous vous en fichez?»

Xantes ouvrit la bouche pour nier mais Daléan parla en premier.

«- Oui je m'en fou. J'en ai marre de parler, je vaux agir, la situation est critique, il se passe quelque chose de grave et on peu pas se permettre de gaspiller notre temps en se regardant dans les yeux. Je respecte le groupe mais j'ai pas envie de continuer comme ça. Alors faite ce que vous voulez moi je vais tenter de faire lutter tant que je peux encore.»

Il quitta la salle en plantant les deux démons qui n'en revenaient pas. Puis sa tête reparut par l'encadrement de la porte pour lancer:

«- Et si c'était à refaire je ferais pareil.»


*



Sirion pleura longtemps avant de sortir de la douche, vidé de toute énergie. Il rejoignit sa chambre, emmitouflé dans un peignoir en tremblant. Il s'assit sur le lit et regarda au travers des rideaux la vue sur le jardin paisible et ensoleillé. Il se sentait glacé, de marbre, alors qu'autrefois il serait aussitôt sortit pour profiter du paysage. La tristesse l'emplit doucement.

Daléan entra alors. Il eut un air inquiet face au regard du garçon. Sirion se leva doucement, réduisit l'écart entre eux jusqu'à se que leurs corps se frôlent et tendit la main pour fermer le verrou. Il mit ses bras autour du cou du démon et rapprocha ses lèvres des siennes pour murmurer.

«- Je t'en supplie, rend moi la vie, je ne veux plus être mort.»

Puis il l'embrassa doucement, goûtant les lèvres chaude qui restaient de marbre. Il crut un instant qu'il n'obtiendrai rien mais les bras du démon attrapèrent doucement sa taille et sa bouche lui rendit son baiser lentement. Il se blottit un peu plus contre le corps chaud en pleurant doucement.

Il se retrouva soulevé de terre, il entoura le démon de ses cuisses en agrippa ses cheveux, la respiration de plus en plus difficile. Leur baiser s'intensifia lentement alors qu'ils se retrouvaient allongés, Sirion sous le corps massif du démon. Celui-ci ouvrit la bouche et lança sa langue à l'assaut de celle de Sirion. Une douce chaleur embrasa les reins du garçon qui serra un peu plus son étreinte, espérant se fondre en lui.

Daléan ne pensait plus, il ne vivait que pour ce garçon qui l'avait rendu presque fou. Il voulait le posséder tout entier depuis le début et il allait enfin assouvir ce désir. Il laissa la bouche avide de Sirion malgré son désir d'y rester et ouvrit le peignoir. Il embrassa la peau douce et fragile avec passion, savourant son odeur sucré et sa texture. Il agaça les tétons alors que le garçon se cambrait, ses doigts agrippant ses cheveux. Il remonta jusqu'aux lèvres tendres pour les embrasser un peu plus fort. Il sentit les mains de Sirion retirer lentement ses vêtements, ne l'obligeant à s'arrêter que pour ôter son t-shirt. Le regard admiratif qu'il surprit renforça les flammes de son désir et il s'attaqua à sa gorge et le lobe de son oreille, laissant un sillon brûlant. Il laissa avec délectation sa main dans la chevelure si douce tout en reprenant sa longue descente.

Mais Sirion n'en pouvait plus. Il le fit remonter jusqu'à ses yeux qui ne voyait que lui.

«- Prend moi, je veux être à toi. Je t'appartiens.»

Le démon s'arrêta un instant avant d'obtempérer. Il pénétra la garçon lentement, évitant de le faire souffrir mais il fut surprit de le sentir entamer aussitôt un va et viens. Il ressentit un plaisir violent qui le fit gémir. Un sourire apparut sur les lèvres du garçon qui s'agita un peu plus. Daléan le fit stopper en le plaquant sur le lit. Il prit alors l'initiative et se mit à donner de petits coups de reins. Il eut l'impression de rendre fou son compagnon qui se cambra un peu plus en gémissant son nom. En entendant son patronyme ainsi prononcé il eut l'impression d'être libéré de tout ses doutes et il devint plus passionné, à chaque coup il allait plus loin, plus vite, plus fort. Il souleva le corps si léger et le serra contre lui reprenant les lèvres gonflées de désir.

Sirion s'accrochait comme un noyé au cou du démon, il avait l'impression d'éclater en millier de particules à chaque coup, il se sentait enfin complet, il se sentait vivant, il oubliait la peur et la colère, les pernicieux et le monde. Il serra un peu plus son étreinte et accentua les mouvements. Le rythme s'accéléra jusqu'à devenir infernale, leurs corps en sueurs étaient plaqués l'un contre l'autre, leurs respirations saccadées, leurs regards pleins de fièvre. Il se serrèrent un peu plus alors qu'enfin ils explosaient en millions d'étoiles. Sirion laissa sa tête partir en arrière alors que Daléan se plaquait contre sa gorge, haletant. Il reprirent leur souffles sans se lâcher, se serrant même un peu plus pour ne pas briser le charme. Le garçon laissa sa tête reposer sur le chevelure de feu et sourit.

Sirion brisa l'étreinte et s'étendit. Le démon s'allongea derrière lui et le prit dans ses bras. Il restèrent là, ne voyant rien, écoutant la respiration de l'autre. Puis Daléan brisa la quiétude de cet instant.

«- Que t'ont ils fait? Ils ne t'ont pas parler simplement de la fascination. Raconte moi.»

Il déposa un baiser sur son épaule alors que Sirion regardait toujours dans le vide, à vrai dire, il se sentait froid face à tout cela à présent.

«- Le chef des pernicieux m'as parlé seul à seul. Je pensais qu'il voulait me faire parler ou me supprimer mais il m'a parlé, il a voulu semer le doute dans mon esprit pour me rallier à sa cause. Et il m'a drogué pour me violer. Et le pire c'est qu'il l'a fait presque avec douceur cet enfoiré.»

Les bras de Daléan s'étaient tendus lorsqu'il avait fait son discours. Le silence s'abattit sur eux alors que chacun pesait les mots qui venaient d'être dit. L'un se demandait pourquoi cela n'avait plus d'importance tandis que le second cherchait un moyen d'effacer se souvenir de la mémoire de celui qu'il aimait un peu plus à chaque instant.

«- Ce n'est pas important commença Sirion...»

Daléan le tourna et se plaça sur lui et plongea son regard noir dans le sien.

«- Je t'interdit de dire ça. Ne te rabaisse pas. Je me fous des responsabilités qu'ils t'ont mis sur le dos, tu es un être humain avant tout, alors si tu souffres tu as le droit de le dire, ça A une importance.

- Tu es si gentil, répondit le garçon en caressant sa joue. Mais pour moi ça n'en a plus. Je t'ai maintenant, je ne sais pas pourquoi ni comment mais peu m'importe le monde du moment que je t'ai avec moi. Oui, peu importe le reste.»

Il se souleva juste assez pour embrasser les lèvres de Daléan.